Lors de la création du premier homme, le Saint béni soit-il le pris, le fit passer devant tout les arbres du Jardin d'Eden, et lui dit : Regarde mes œuvres, comme elles sont belles et excellentes ! Tout ce que j'ai créé, c'est pour toi que je l'ai créé. Réfléchis bien, de peur que tu n'abîmes mon monde et le détruises. Car si tu l'abîmes, il n'y aura personne pour réparer après toi. Midrash Ecclésiaste Rabbah 7:13
Israël ne se contente pas d'abriter une population d'origines si diverses qu'elle peut être comprise comme un résumé de l'humanité. La terre d'Israël est aussi un concentré de climats et de paysages d'une exceptionnelle diversité. Sa faune, marine et terrestre, et sa flore sont parmi les plus riches du monde. Mais depuis sa création, le petit Etat fait face à la plupart des problèmes écologiques qui sont devenus récemment le lot de toute la planète : manque d'eau, désertification, grandes densités de peuplement, pollution industrielle et domestique croissante, circulation automobile intense, dépendance énergétique, etc.
Alors, où en est l'écologie israélienne ? Elle est dans le paradoxe de réalisations admirables côtoyant des zones écologiquement sinistrées : plus haut taux d'équipement en chauffe-eau solaires au monde, et Bassin du Yarkon empoisonné par les métaux lourds, où les pêcheurs meurent de cancer; désert fleuri, premier pays pour le recyclage agricole des eaux usées, et oueds transformés en égouts à ciel ouvert; recherche scientifique écologique d'avant-garde, et décharges sauvages…
Les deux tiers du territoire d'Israël sont un désert habité par seulement deux ou trois pourcent de la population. Sous ce désert se cachent d'immenses aquifères d'eau fossile saumâtre, à laquelle les agronomes israéliens ont su adapter nombre d'espèces végétales. Le Néguev, pour l’appeler par son nom, représente la « nouvelle frontière » du développement d’Israël.
Mais déjà cette possibilité est bloquée par les défenseurs de l’environnement. Les verts israéliens sont encore des écologistes classiques : ils défendent l’environnement, la nature, s'opposent au développement agricole et industriel, car ils n’ont pas assimilé le nouveau concept de « développement durable ».
En quoi consiste précisément le développement durable ?
Les Nations Unies l'ont défini ainsi : « Un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. » Autrement dit, il faut utiliser les ressources naturelles au rythme de leur renouvellement, et ne pas produire plus de pollution et de déchets que ce que l'environnement peut digérer.
Quelle est la différence entre ces deux approches ?
Brièvement : d'un côté les néo-adorateurs "New Age" de la terre-mère, qui prônent la croissance zéro; de l'autre les "jardiniers" héritiers de l'Adam biblique, qui fécondent la terre-femme du jardin avec la plus grande conscience de leur responsabilité. Les uns voient toute intervention humaine comme un viol de la Nature, les autres comme le devoir de créer une nature seconde, une culture où pourra régner l'abondance.
Le Midrash que nous avons cité en exergue n'était probablement pas connu des décideurs. Ce texte antique exprime sous forme d'une historiette la dramatique solitude de l'espèce humaine à qui est confiée la responsabilité entière de l'avenir de la planète. La conscience de cette responsabilité commence seulement à pénétrer les sphères politiques. Mais de plus en plus de scientifiques pensent que la catastrophe écologique planétaire devient inévitable. Le réchauffement global dû aux gaz à effet de serre, entre autres problèmes, menace les zones côtières d'un lent, mais inexorable, tsunami. Il ne pourra être limité que si les grands pays industriels adoptent dès maintenant une politique de développement durable conséquente.
Nous savons aujourd'hui qu'un tel développement demande de résoudre de nombreuses difficultés techniques, mais diverses expériences montrent qu'il est possible. C'est le grand défi du 21ème siècle. A l'échelle d'Israël, c'est la porte du Néguev. Sans lui, impossible de développer le désert sans polluer ce dernier espace vierge qu'il nous reste. Il faudrait y construire un écovillage modèle qui mette en œuvre les différentes techniques disponibles. Il démontrera la faisabilité d'un tel projet et amorcera la nécessaire révolution des esprits.
Wadi Besor
J'imagine une oasis sortie des sables brûlants de Haloutza la nabatéenne. Tirée du forage profond, l'eau chaude saumâtre alimente les piscines du centre thermal, puis se déverse dans les grands bassins de pisciculture biologique ombragés de palmiers. La même eau ressort des bassins, chargée des nitrates naturels généreusement offerts par les poissons, pour arroser serres et vergers également biologiques. Une petite zone industrielle regroupe un réseau d'entreprises qui fonctionnent selon les principes de l'écologie industrielle : les déchets des uns sont les matières premières des autres. Dans la palmeraie, les maisons solaires sont construites avec des matériaux naturels locaux : pierre, pisé, bottes de paille. Pas d'égouts : toilettes sèches à compost, eaux usées recyclées.
Maison de pisé, Midreshet Ben Gurion
Toutes les sources d'énergie renouvelable sont exploitées : solaire, éolienne, biogaz, biodiesel, énergie thermique du compost. On aperçoit les habitants qui se déplacent en voiturettes électriques, à vélo ou à cheval. C’est à peine si leur plus grande activité les distingue des écotouristes venus se détendre.
Un rêve? Après tout, la Terre d'Israël est précisément située au milieu du Jardin d'Eden, entre Nil et Euphrate!
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