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16 octobre 2009

Adam, de Nature à Culture

Voilà l'année commence, et avec elle le cycle de lecture de la Torah qui s'ouvre sur la Genèse et la création de l'homme .
Que dit le discours scientifique des origines de l'homme?
Je reprend ici le fil de ma "Façon de voir" - une ébauche de philosophie de la création - déclinée dans deux posts précédents : Un Créateur non-existant et Emergence créatrice.

Nous avons commencé par affirmer le fait d'une création du monde, et d'une "non-existence" du créateur, au sens où il ne fait pas partie du monde créé. "Il est le lieu du monde, mais le monde n'est pas son lieu" (Mishna, Pirke Avot).
Puis nous avons interprété le processus de création comme processus d'émergence: de façon réitérée, une
petite partie des éléments d'un système s'unissent pour former des éléments spécialisés au sein d'un système d'ordre de complexité supérieure qui s'en constitue. Du radicalement nouveau apparaît; "le tout est le plus que la somme des parties".
Guidant cette émergence, nous avons repéré un principe d'élection novatrice, à la fois unifiant et différentiateur. Ou en termes traditionnels: Le Créateur (émergence), Dieu personnel (élection), Dieu d'amour (unification) et de justice (différenciation) et principe d'Alliance.
Suivant les diverses étapes de l'émergence créatrice, nous sommes arrivés à la conclusion qu'elle pointe irrésistiblement vers la création de l'humanité fédérée, à la fois unifiée et riche de la diversité de ses peuples et cultures. Maintenant nous allons examiner de plus près comment se produit cette émergence de l'humanité.




Vers sapiens
La paléoanthropologie décrit l'apparition en Afrique tropicale de plusieurs espèces d'hominidés, tels que lesPrimate_skull_series australopithèques, à partir d'un ancêtre commun avec les primates, il y a environ dix millions d'années. Puis il y a deux millions et demi d'années apparaissent les premiers Homo: Homo habilis, puis Homo erectus. Le premier fossile d'Homo sapiens, trouvé en Ethiopie, est daté de deux cent mille ans.

Il n'est pas difficile de repérer dans cette série une évolution temporelle nettement orientée: chaque étape se caractérise par l'augmentation progressive de la taille du cerveau, la marche plus nettement bipède et l'utilisation d'outils de plus en plus sophistiqués.
Cette orientation claire dans le sens d'une encéphalisation croissante avait amené un Teilhard de Chardin à des conclusions dont je me sens proche (simplement je lis "messianique" là où il écrit "christique"...)


 A lire pour approfondir!



Nous aurions tort de ne voir dans l'augmentation de la capacité de la boîte crânienne qu'une donnée quantitative. Il ne faut pas perdre de vue que le tissu cérébral se caractérise plus que tout autre par une structure systémique "en gigogne" productrice de propriétés émergentes. Un réseau de neurones acquiert des capacités de calcul ou de reconnaissance de formes qui ne sont pas présentes au niveau des simples neurones individuels. Des réseaux se regroupent en réseaux d'ordre supérieur; ils sont structurés en noyaux intereliés et en couches superposées qui intègrent l'activité des couches inférieures et modifient leur activité en boucles auto-régulées complexes. Finalement c'est tout l'encéphale qui intègre l'ensemble de ses sous-systèmes en une seule unité.
EvolutionOfManLe cerveau est par sa structure propre la meilleure illustration de la systémique.


Le risque d'une involution ne peut toutefois être écarté...

L'augmentation du volume cérébral ne fait que traduire une complexification croissante accompagnée de propriétés émergentes inédites: production d'outils, art, langage, conscience...

Là encore nous voyons à l'oeuvre les mêmes grands principes que nous avions repéré dans toute la création: apparition de niveaux de complexité croissante dans le sens de la flèche du temps, réduction du nombre des élus, jusqu'à une seule espèce sapiens; augmentation des degrés de liberté par rapport à l'environnement; et un autre principe que nous n'avons pas mentionné précédemment, mais tout aussi général: "l'accélération de l'histoire" si l'on peut dire, chaque buisson_humainétape de complexification étant plus courte que la précédente de façon exponentielle.











La Nature ou l'outil ?
Mais comment s'est faite cette évolution africaine des hominidés vers le genre Homo, puis sa sortie d'Afrique qui a permis sa conquête de toute la planète?

Selon l' "East side story" d'Yves Coppens, l'ouverture de la vallée du Rift il y a
dix millions d'années sépare les préhominidés en deux populations qui évoluent en primates à l'ouest et hominidés dans la savane à l'est, en isolat génétique. Par adaptation à un réchauffement climatique, Homo mange plus de viande, son cerveau devient plus gros, la savane favorise la posture verticale et la spécialisation de la main.


 A lire!

Mais cette thèse qui fait part belle au déterminisme environnemental a été infirmée depuis la découverte de fossiles à l’ouest du Rif, dans la forêt tropicale. C'est là qu'ont été trouvés les plus anciens fossiles d'hominidés, vieux de 6-7 millions années.
La suprématie incontestée d’Homo habilis dans le nouvel environnement qu’il s’est donné explique que la plupart des fossiles ait été trouvée dans l’Est africain. Ceux de l’Ouest seront nécessairement moins nombreux, témoignant des débuts discrets, au sein de la forêt primitive, de l’évolution d’un petit groupe d’hominidés.

Si ce n’est pas le passage de la forêt à la savane qui est la cause évolutive, Comment l'expliquer?

Il faut envisager une autre explication. Or, sur les ruines de la théorie d'Yves Coppens rien n'a vraiment poussé depuis.
Je pense que l’outil lui-même peut être cette cause : Les grands singes utilisent à l’occasion des pierres ou brindilles comme outils. Nous pouvons imaginer qu’un groupe d’hominidés particulièrement doués outilsSilexdans l’utilisation d’outils et relativement isolés ait joui d’un avantage évolutif décisif qui a poussé leur évolution dans le sens d’une spécialisation de plus en plus poussée. L’utilisation d’outils de plus en plus fréquente par les membres antérieurs aurait conduit progressivement à la locomotion bipède, les mains étant occupées, et l’habitat dans les arbres serait alors devenu difficile. Les outils, alors, auraient aussi fourni la protection nécessaire pour remplacer celle des arbres, désormais perdue dans la vie au sol : ils se sont révélés des armes efficaces contre les fauves et la protection des arbres s’est faite inutile et même nuisible, puisqu’il faut abandonner l’outil pour pouvoir retourner dans les arbres.
L'outil de pierre est également un substitut de dents carnassières. Il permet à un être à la frêle constitution de frugivore de tuer et dépecer de gros animaux. L'outil peut donc aussi expliquer le passage à un régime omnivore à dominance carnée chez les préhumains. 
La fabrication d’un abri ou d’un enclos de branches et de feuilles est une autre forme d’outil, un substitut d’arbre, projection de la peau de l’homme plutôt que de sa main, qui traduit physiquement la création par l’homme d’un nouvel environnement.
La descente de l’arbre permise par l’outil, déjà au cœur de la forêt, s'avère irréversible : la spécialisation du corps provoquée par la production et l’utilisation d’outils est incompatible avec la vie dans les arbres. C’est ce qui donne au personnage de Tarzan sa valeur mythique. Mais lorsque
Tarzan, l’homme civilisé qui retourne à la forêt, réintègre la forêt des origines, il retourne dans les arbres, comme les chimpanzés, comme si il n’y avait pas d’autre solution. C’est la possibilité de la vie sur le sol de la forêt, illustrée par la civilisation pygmée, qu’avaient éliminé d’un même élan Tarzan et le mythe scientifique du passage à la Savane.tarzan2 


L’outil ouvre un accès définitif et permanent à un tout autre environnement, une autre niche évolutive, et ce en un même lieu géographique : le sol de la forêt.
Cette niche est plus culturelle déjà qu'écologique au sens habituel. Elle permet cependant de produire l'isolat nécessaire à l'apparition d'une espèce biologique nouvelle comme l'exige la génétique des populations.


Le réchauffement climatique peut avoir ensuite révélé et renforcé une "exaptation" (adaptation préalable, qui s'avère utile dans un nouveau contexte), l'utilisation d'outils, selon un processus maintes fois illustré dans la version moderne de la théorie de l'évolution.
Le passage à la savane, vers l’espace ouvert et ses nouveaux horizons, ne serait pas la cause, mais bien la conséquence de l’évolution biologico-technique entamée dans la forêt.


S'il ne l'a pas fait évoluer, par contre il est très plausible que le climat extrêmement sec ait poussé l'homme moderne hors d'Afrique.

Ce ne serait donc pas la Nature, selon le schéma environnemental, qui serait la Mère de l’Homme, mais l’Outil, la Technique et la Civilisation. Il s'agit d’une réelle révolution de nos conceptions, qui voyait l’homme semblables aux autres animaux en ce que son espèce serait apparue par la sélection et l’évolution produites par adaptation à un milieu nouveau. La théorie classique de l’évolution provoquée par le réchauffement du climat et l’isolement par la fracture syro-africaine répond au besoin de respecter un déterminisme scientifique darwinien simpliste : climatologie et géologie orientent l’évolution biologique. Il nous faut admettre que le cas de l’homme est différent, et que sa capacité à transformer son environnement, à échapper au dictat de la nature, est la cause même de son évolution biologique : la station debout, la main au pouce opposable, le développement du cortex sont le produit de l’outil, comme l’outil est leur produit, en une boucle rétroactive co-évolutive qui voit le corps de l’homme et son comportement culturel, technico-social, progresser conjointement.
Mais les moutures les plus récentes de la théorie de l'évolution reconnaissent que tout organisme modifie le milieu qui l'entoure et qui lui est de toute façon relatif; une boucle rétroactive s'installe entre organisme et environnement, il n'y a plus de place dans la théorie pour un simple déterminisme, une forme de liberté dynamique apparaît, qui croît un peu plus à chaque palier.
L'homme se fait lui-même. En un difficile combat contre et pour lui-même. Là est sa liberté.




Le cas du langage s'inscrit dans ce nouveau paradigme: son développement  est probablement lié a celui des outils. Dans les deux cas il s'agit de “se servir de”; une distance s'installe entre le sujet et la nature, produite par un intermédiaire : l'outil, le symbole.
Le langage permet la formation de groupes sociaux plus importants et mieux structurés, lesquels poussent l'évolution du langage vers plus de complexité. Là encore nous voyons apparaître une boucle de rétroaction positive entre langage et social. La science moderne ne fonctionne pas autrement: une nouvelle découverte permet d'élaborer de nouveaux outils expérimentaux, lesquels conduisent à de nouvelles découvertes, et ainsi de suite...

Les fouilles menées en Israël ont mis à jour un phénomène remarquable: les deux Homos sapiens et neandertalensis y ont produit les mêmes outils. Cela veut dire que tout en étant différents morphologiquement, ils ont partagé la même culture.
Quel beau premier signe de l'indépendance de l'esprit vis-à-vis de son support matériel!



Dans le cas des êtres humains, il nous faut considérer qu'ils forment un nouveau niveau de complexité, le niveau culturel, qui soustrait le niveau biologique sous-jascent à la pression de sélection.
C'est un phénomène général: les cellules d'un organisme ne sont pas en compétition entre elles. Au contraire, elles coopèrent et sont protégées de l'environnement par l'homéostasie du milieu intérieur. L'igloo des Esquimaux et les fourrures dont ils se revêtent les soustraient largement à la sélection environnementale, même dans les conditions extrêmes dans lesquelles ils vivent. C'est par contre la qualité de la construction de leurs igloos et de la confection de leurs habits qui est sélectionnée.


Avec l'homme la création est passée au niveau culturel, l'invention du nouveau et sa sélection selon la Loi de Vie sont désormais culturels et sociaux. La compétition est désormais entre sociétés, économique et militaire. C'est ce qu'on appelle l'Histoire.
De ce point de vue, l'erreur de l'East side story n'est pas une simple inexactitude, mais une véritable faute épistémologique.


Des travaux assez récents d'évolutionnistes qui s'intéressent à l'organisation sociale ont montré que l'avantage procuré par la cohésion sociale favorise l'émergence de comportements altruistes et la protection des faibles. En effet, un groupe d'individus bien coordonnés seront plus efficaces qu'une horde de brutes beaucoup plus puissantes individuellement, mais aux efforts dispersés.
Une évolution éthique apparaît ainsi, indissociable de l'évolution culturelle et sociale.


C'est un de ces groupes d'hommes modernes, solidaire et bien organisé, plus audacieux que d'autres, qui a franchi en premier le Rubicon de la sortie d'Afrique.
La Terre d'Israël l'a accueilli à sa sortie, lui ouvrant le monde. Le voyage de cet oleh préhistorique vers la liberté ne faisait que commencer...

27 septembre 2009

Pardon pour le CO2

9 tishri 5770


Yom Kippour est un phénomène israélien incroyable. TOUT s'arrête pendant 25 heures. Même à Tel-Aviv l'impie!


Pourquoi respecter si strictement ce jour quand on est un laïque "athée" qui ne respecte pas le shabbath et va manger des fruits de mer le lendemain? Tout le monde ne jeûne pas vraiment, mais personne ne monterait dans sa voiture profiter d'une journée sans embouteillage. Où est la logique?



Au début, pendant mes premières années en Israël, cela m'agaçait plutôt, et j'attribuais ce comportement à une espèce de superstition: on fait kippour et on est automatiquement pardonné pour l'irréligieuse année passée, tant pis si on recommence joyeusement l'année prochaine!
Gottlieb_Jews_Praying_in_the_Synagogue_on_Yom_KippurAujourd'hui je vois les choses différemment, avec plus de tendresse: demander pardon à Dieu malgré tout, un jour par an, c'est tout de même lui dire: on ne T'a pas oublié, malgré les apparences on ne s'est pas détourné de Toi tout à fait, c'est la vie moderne, ces pratiques que nous ne comprenons plus très bien, mais Toi, tu ne nous en voudras pas...


Yom Kippour à la synagogue


Pour les fautes de l'homme envers son prochain, chacun a essayé de réparer les torts causés à ses proches et amis et leur demande pardon; pour les fautes envers Dieu, rituel gardé contre rituels délaissés: je jeûne pour toutes les nourritures non-casher englouties, je laisse la voiture au garage pour tous les shabbats au volant...



Même si c'est un non-sens du point de vue strictement halakhique - transgresser kippour n'est pas plus grave que transgresser un shabbath -  les israéliens les plus laïques révèlent en ce jour qu'ils ne sont pas prêts à tout lâcher, que bien peu parmi eux sont de vrais athées.


Il y a bien une petite minorité d'athées purs et durs, alors pourquoi elle-même ne se manifeste-t-elle pas? L'explication est simple, il y a effet de masse: dès l'approche du coucher du soleil ce soir, les  chaussées vides seront tombées aux mains d'un nouvel occupant et seront désormais un territoire imprenable pour tous les bolides assourdissants qui en font habituellement un champ de mines pour bipèdes: 
piétons en familles élargies reconstituées pour la fête qui jouissent vraiment de leur conquête d'un nouvel YEkippurespace, et surtout hordes d'enfants montés sur toutes sortes de roues et roulettes...









Le Jour du Pardon, est devenu "Jour du vélo" pour les enfants d'Israël.
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Bicyclettes, patins et skateboards sont les rois d'un jour...



VelosKippur
C'est vraiment un phénomène! Mais cette année je vois un sens nouveau dans ce kippour à l'israélienne: un seul pays au monde fait grève de pollution due aux moyens de transport pendant toute une journée, et crie:


Pardon pour le dioxyde de carbone que nous rejetons chaque jour involontairement!

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Pour le pétrole brûlé inconsidérément!
Pour l'ozone détruit imprudemment!
Pour les hydrocarbures émis sauvagement!


Pour les oxydes d'azote produits sciemment ou inconsciemment!
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Pour le monoxyde de carbone rejetés par dureté de coeur!



















Pour les composés organiques volatiles mal ou insuffisamment brûlés!pollution_ta9



Pour les particules projetées en suspension stupidement!

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Pour le dioxyde de soufre qui attaque les poumons des enfants si cruellement!





Pour tous ces kilomètres parcourus en vain.







Pour tout cela, Dieu de pardon, rachète-nous,
autobusPollution
pardonne-nous!

27 juin 2008

Chambre à gaz - Version globale

La chambre à gaz est la meilleure métaphore pour exprimer la réalité du monde dans lequel nous vivons:

Extérieurement, une chambre à gaz ne se distingue en rien d'une salle de douche. La seule différence: un MaidanekBadundDesinfektiondispositif caché permet, par simple pression d'une manette, de transformer instantanément la proprette salle de douche en salle d'exécution.


Maydanek. "Bain-douche et désinfection"


Depuis que des missiles balistiques à têtes nucléaires ont été installés au coeur de caches souterraines aux quatre coins du monde et qu'ils sillonnent furtivement le fond des mers dans les sous-marins, c'est la planète entière qui possède désormais ce double visage: une planète normale, jolie, regorgeant de destinations touristiques, qui en même temps, par une simple pression sur un bouton peut instantanément se transformer en enfer mortel. Une chambre à gaz globale, c'est ce qu'est devenue notre planète.

Dans les deux cas le même dispositif psychologique est à l'oeuvre: apparence tout à fait normale du lieu; présence dissimulée du moyen d'extermination qui permet de vivre normalement au lieu même de l'extermination sans s'en soucier; possibilité qu'a un individu de "lever le rideau" du décor d'une simple pression et exterminer en masse.

Il y a un lien historique direct entre ces deux types de chambre à gaz:

Les USA se sont lancés dans une course à la bombe A pendant la deuxième guerre mondiale pour ne pas être devancés par l'Allemagne hitlérienne.
Les Nazis étaient beaucoup plus avancés dans la création d'une
bombe atomique qu'ont voulu nous le faire croire les physiciens allemands; selon l'historien allemand Rainer Karlsch il semblerait même qu'Hitler ait devancé les alliés! Son livre: La bombe d'Hitler.


NagasakibombLe champignon nucléaire au-dessus de Nagasaki


Quoiqu'il en soit, en 1939 trois physiciens nucléaires, Leo Szilard, Edward Teller et Eugene Wigner, des réfugiés juifs hongrois, sont persuadés que les Nazis pourront construire une bombe atomique. Ils convainquent un autre réfugié plus connu qu'eux, Albert Einstein de signer une lettre au président Roosevelt pour lui faire prendre conscience de l'importance de créer une bombe atomique avant les Allemands. De là va naître le Projet Manhattan qui conduisit à la première bombe. En 1945 Einstein écrit au président pour l'en dissuader. Mais les américains s'en sont finalement servis pour faire tomber le Japon et mettre ainsi fin à la guerre. Einstein regretta publiquement d’avoir mobilisé les États-Unis au sujet de la bombe et milita pour un monde sans arme nucléaire.


L'annihilation de Hiroshima et Nagasaki avait pour but de terroriser en tuant des civils. C'est le premier attentat terroriste, et demeure le plus terrible commis jusqu'à aujourd'hui; en tant que tel il est injustifiable. Depuis nous vivons dans "l'équilibre de la terreur" et le terrorisme actif.

C'est la Corée du Nord qui est une des principales sources des capacités balistiques et nucléaires de l'Iran qui font du Moyen Orient une "chambre atomique" locale particulièrement "chaude". Les Nord-coréens ont expérimenté les armes chimiques dans des chambres à gaz sur des détenus politiques et leurs familles (voir: Les chambres à gaz de Kim Jong Il). Leurs missiles ont repris la technique des V2 nazis.  Ils ont développé un système concentrationnaire effroyable (voir cette excellente étude: Un goulag si discret... ).

Les Nord-coréens collaborent avec les Syriens dans le développement de leur arsenal d'armes chimiques. Israël est directement visé. Pas une de ses villes qui ne soit à portée des missiles de Damas.
Nous avons l'habitude, ici, de cette menace. Par deux fois déjà - lors des guerres du Golfe - nous avons dû
Hiroshima_aftermath isoler une chambre dans notre appartement et nous y enfermer, le visage dûment revêtu de masques à gaz. Ainsi chaque famille en Israël a construit dans sa maison une "chambre anti-gaz", à l'aide de feuilles de plastique et de scotch.



Hiroshima après


J'ai une tante qui est décédée d'une attaque cardiaque soudaine à la fin de la première Guerre du Golf. Son père a été gazé à Auschwitz. Nous ne saurons jamais si cette femme, profondément croyante et sioniste, n'est pas morte d'avoir vu sa famille de nouveau confrontée aux gaz mortels, en un court-circuit historique insoutenable.

La continuité historique et idéologique entre hitlérisme et khomeynisme via le communisme nord-coréen, est un fait. Le Juif, individuel ou sous forme d'Etat, demeure la victime de choix.
Il n'y a pas de solution de continuité entre les chambres à gaz nazies d'hier et la grande chambre à gaz globale d'aujourd'hui.

Quelles différences toutefois entre ces deux situations?

- La première différence est différence d'échelle évidente: la "chambre nucléaire" est globale - la mondialisation est passée par là aussi - et le dispositif exterminateur est éloigné géographiquement. Mais sa puissance ayant augmenté en proportion, la densité du danger reste comparable. Et comme la vitesse et la technique réduisent les distances, la planète est bien comparable à une chambre: un missile balistique passe d'un coté à l'autre de la planète en une demi-heure; un pays peut être partout grâce à l'ubiquité de sa flotte sous-marine et de ses bombardiers stratégiques.

La métaphore du "village global" m'apparaît bien dépassée: un village ne se réchauffe pas si quelques pollutioncheminées fument un peu trop; une maison, une chambre, si. Le réchauffement planétaire est donc le symptôme le plus clair de ce que la planète terre est devenue un réduit étouffant, une chambre à gaz globale.
A gaz vraiment?
Mais on ne parle que d'eux, les gaz à effet de serre! Vous n'aviez pas compris cela? B
ienvenue dans la chambre à gaz à effet de serre!

Vous trouvez que j'exagère? Je l'espère sincèrement.
Le réchauffement climatique pourrait s'accélérer en cercle vicieux et tourner en véritable scénario-catastrophe: le réchauffement provoque la libération du CO2 et du méthane emprisonné dans le permafrost arctique, ce dernier est un gaz à effet de serre 23 fois plus puissant que le CO2; la teneur de l'atmosphère en vapeur d'eau - autre gaz à effet de serre redoutable - augmente suite à l'évaporation accrue des mers; plus d'incendies de forêt, donc plus de CO2...  Puis vient le coup de grâce: les clathrates du fond des mers se mettent à libérer les gigatonnes de méthane fossile qu'ils ont accumulé au cours des ères géologiques.

Nul scientifique ne peut infirmer ce scénario ni le valider avec certitude. Selon le climatologue Hervé le Treut, "les hydrates de méthane ne sont pas pour l'instant intégrés dans les modèles climatiques" qui nous fournissent des prévisions sur l’ampleur du réchauffement climatique. Les modèles les plus alarmistes actuellement sous-évaluent probablement les dangers. La question la plus cruciale: Comment et à partir de quel stade du réchauffement celui-ci risque-t-il de s'emballer, n'a pas de réponse actuellement. Certains scientifiques pensent même que l'irréversible cercle vicieux est déjà amorcé... 

- La deuxième différence porte sur l'agent utilisé. L'ancien agent était chimique, relativement primitif: le fameux Zyklon B, du cyanure en fait. Aujourd'hui, nous avons toujours des agents chimiques, mais beaucoup plus puissants et pouvant être dispersés par obus ou missiles à longue portée: gaz VX, Sarin, Soman, ricin; des agents nucléaires, produit de fission ou fusion, extrêmement efficaces et bien adaptés au théâtre global; les gaz à effets de serre et la pollution chimique globale (mercure, etc.), qui sont produits involontairement et entraînent une mort lente et insidieuse.

- La troisième différence est la réciprocité des rôles bourreaux/victimes. Pendant la deuxième guerre mondiale, le monde était séparé en deux camps: d'un côté le troisième Reich, de l'autre le reste du monde, ses victimes potentielles. Aujourd'hui les camps sont autant de nations ou blocs nationaux figés en un "équilibre de la terreur". La "chambre à gaz globale" est compartimentée en sous-chambres nationales ou régionales cloisonnées. Chacun est en même temps bourreau et victime en puissance. L'idée que les forces opposées s'annulent en un "équilibre" donne une impression trompeuse de stabilité. Elle est un facteur supplémentaire de quiétude indifférente. On va jusqu'à parler de "paix nucléaire"!

Cela est vrai dans le monde entier, pour l'Inde et le Pakistan par exemple, mais pour Israël, face à l'Iran et ses bras terroristes, l'équation de la dissuasion réciproque apparaît faussée: l'idéologie suicidaire des bassijis; l'utilisation d'armes atomiques par des organisations terroristes qui utilisent des civils innocents comme bouclier vivant; la dissymétrie de taille entre Israël et l'Iran, dissipent l'illusion de la paix par la dissuasion. Il n'y a plus d'équilibre de la terreur, elle est d'un seul côté. Reste la possibilité impossible pour Israël d'utiliser sa puissance nucléaire à la Samson.
L'inefficacité des sanctions et l'absence de toute action militaire font que chaque jour rapproche la menace nucléaire iranienne envers Israël de sa concrétisation. Israël risque d'être contraint à agir contre l'Iran comme il l'a fait en 1981 en Irak (Osirak) et, récemment, en Syrie. Israël jusqu'à maintenant a réussi à empêcher la chambre à gaz atomique locale de se refermer sur lui.
Se faisant il contribue à contenir la prolifération nucléaire au Proche-Orient.

- La quatrième et dernière différence entre les deux formes de chambre à gaz, celles des camps d'extermination et la globale, porte sur la connaissance du danger par les victimes. Contrairement aux déportés qui pour la plupart ignoraient le sort qui les attendaient, nous sommes au courant, nous pouvons dénoncer le piège. Mais ce n'est pas si simple: le mécanisme exterminateur lui-même est dissimulé et se fait oublier facilement.
Nous sommes nés dans la "chambre à gaz globale", nous n'y avons pas été transporté. Nous n'avons jamais rien connu d'autre, sauf pour ceux nés avant les années 50. Les plus jeunes sont déjà les deuxième et troisième générations nées dans la chambre. L'habitude devient nature, donc cette situation est pour nous doublement normale: normalité spatiale des apparences plus normalité temporelle.
Celui qui la dénonce passe pour un paranoïaque, pour un fou, un anormal! Mais c'est le monde que nous avons produit qui est fou, mad comme on dit en anglais: MAD, pour Mutual Assured Destruction. La réciprocité et la confiance évoquées dans cette expression étaient jadis associées au commandement d'amour du prochain; les voilà remplacés par l'assurance de la mutualité dans la mort.
La marque de la folie de ce monde, c'est sa duplicité, son visage au masque souriant, qui d'un seul coup levé, révèle le rire hideux de la tête de mort.
Regarder en face ce double visage risque effectivement de rendre fou. Alors le commun des mortels, nous tous le plus souvent, fuyons, nous voilons la face.


Un biologiste américain prévoyant, Robert Shapiro, propose une fuite radicale: il a fait le projet d'une sorte d'arche de Noé sur la Lune ou Mars qui permettrait de sauver le patrimoine biologique terrestre et les acquis de la civilisation en cas de shoa globale. Comme un disque externe permet de faire le back-up du disque dur de votre ordinateur, le refuge extra-terrestre permettra de sauvegarder l'information biologique et culturelle de la planète.
Ce n'est pas demain  que cette solution sera mise en œuvre. Et puis nous risquons fort que soit copié aussi le virus destructeur sur le nouveau disque. Chacun voudra se garantir une part du refuge de survie; quoi de mieux que se la "sanctuariser" comme sur la bonne vieille terre?


Un cauchemar

Est-il possible de sortir de cette chambre à gaz, ou mieux, de la détruire? Comment faire munch_TheScream_bigpour retrouver l'air frais  et léger d'antan, quand aucune menace n'assombrissait le ciel?


Le cri, Edvard Munch - 1893



On a pu croire dans les années 70, avec les accords de limitation de leurs armements stratégiques SALT I puis II entre russes et américains, que nous étions sur la bonne voie. Mais en fait il n'était pas question d'aller au-delà d'une réduction d'armement, de faire des économies. De combien de bombes de 50 mégatonnes - 3000 Hiroshimas - avons-nous besoin? Pourquoi accumuler de quoi détruire la planète plusieurs milliers de fois? Quel gaspillage, alors qu'on peut se contenter - pour en être bien certains quand même - de la détruire une seule dizaine de fois!

Un cauchemar vraiment. L'équilibre de la terreur, une fois installé, s'avère indestructible. Même dans le cas totalement improbable où les deux camps se désarmeraient totalement et entraîneraient dans le mouvement toutes les plus petites puissances, subsisterait le risque qu'un Etat ou une organisation terroriste ait caché quelque part une bombinette. Il pourrait alors dominer le monde. Et même si toutes les bombes étaient vraiment détruites – c'est une expérience de pensée, nous ne rêvons pas - toujours restera la possibilité terrifiante que quelqu'un puisse reconstituer en secret son arsenal nucléaire, ce qui imposerait immédiatement de rétablir la fameuse MAD, la "Mutuelle Assurance de Destruction", pour franciser le sigle.

Quand on a mis les doigts dans l'engrenage de l'équilibre de la terreur, on en sort plus. Nous sommes coincés, nous sommes cuits. Car évidemment, on ne restera pas éternellement dans cet équilibre, surtout que le club des équilibristes n'est plus le cercle privé très sélect du début; maintenant n'importe qui s'y invite, même les pauvres.
Ça va sauter un jour ou l'autre. Ça DOIT sauter.

Il y aurait bien une solution en fait pour s'en sortir. Une seule. Mais elle semble encore très utopique aujourd'hui.
Pour la comprendre il faut bien voir d'où sortent l'arme de destruction totale d'une part, et la MADness de cet équilibre de la terreur, d'autre part. 


Le moyen de la destruction – le feu nucléaire - a en quelque sorte pour origine le désir d'Einstein, selon seseinstein460x276 propres termes, de "lire les pensées du Créateur". C'est en cherchant à découvrir les secrets de la création de l'univers et ses lois immuables qu'il a découvert la théorie de la relativité, et avec elle la fameuse équation E = MC2.

Albert Einstein, 1953

Mais le physicien ne prend-il pas symboliquement la place de Dieu? Contrairement à ce que pensait Einstein, nous ne pouvons connaître le monde tel qu'il est par lui-même, le réel objectif en soit. Nous ne pourrons jamais qu'aborder le monde révélé à notre perception. Il nous faut alors avec humilité réintégrer l'observateur humain subjectif, le pauvre mortel,  dans le système du monde.
La physique quantique a pris en compte une partie du problème en comprenant qu'en tant qu'êtres macroscopiques, nous ne pourrons jamais contempler de phénomène quantique pur. Nous sommes à jamais condamnés à n'observer que ses interactions avec la matière macroscopique.
L'observateur implicite aux théories physiques classiques contemple le monde depuis un point de vue éternel; il regarde les processus de la création cosmique vieux de milliards d'années alors que des hommes capables d'avoir un tel regard scientifique n'existent que depuis quelques milliers d'années. L'observateur scientifique est comme hors du temps, être divin transcendant au système.


En fin de compte, j'ai l'air d'insinuer que les élans prométhéens de la physique moderne devaient nécessairement être punis de destruction nucléaire.
"Tu as voulu connaître mes pensées à travers la création, Albert, que n'es-tu resté dans le Beth midrash à les découvrir dans ma Torah? Tu vas voir de quel feu je me chauffe!" aurait dit en d'autres temps le biblique Créateur du Ciel et de la Terre.
Non je ne vois pas là la punition d'un dieu vengeur jaloux de ses prérogatives. Loin de moi ces interprétations apparemment bigotes... Pourtant tout se passe comme si c'était le cas. Seulement il n'y a pas "punition" par un être transcendant, mais conséquence logique, directe et immanente.


Je vais donner un exemple plus récent de ce phénomène, tiré du dernier numéro de La Recherche (No 420, juin 2008). L'histoire semble anecdotique et même un peu loufoque, mais elle est très significative: un biologiste et un écrivain scientifique viennent de porter plainte contre le CERN. Ils l'accusentCMS_Higgs_event de risquer de détruire cet été la planète, et même l'univers entier peut-être!
Cet été va être mis en service le
LHC, un accélérateur de particules géant, destiné à étudier la matière à proximité du Big Bang. Autrement dit le but est de voir l'origine même de la création. Tentative incestueuse d'assister à la "scène primitive" dirait un psychanalyste.



Simulation de la désintégration d'un boson de Higgs

Et voilà la sanction immédiate: selon le biologiste et physicien Walter L. Wagner qui a porté plainte, la collision des protons envisagée risque de produire un micro trou noir artificiel qui pourrait engloutir toute la planète et même plus! Quoiqu'il en soit du sérieux de cette plainte, on ne peut écarter le risque qu'en augmentant toujours plus la puissance des accélérateurs de particules on finisse par produire une catastrophe. C'est apparemment ce qu'a pensé le tribunal de Haïti qui a jugé la plainte recevable.
Un autre risque serait la production de strangelets  dans le LHC qui pourraient faire entrer toute la planète en fusion...
La réponse du porte-parole du CERN qui se veut rassurant sur la fiabilité du LHC: selon les experts, la probabilité d'un tel événement est infime, donc négligeable.
La destruction du monde, négligeable!? Magnifique démonstration de responsabilité scientifique! Science sans conscience…


La surchauffe de la planète a au fond la même cause: la domination de la nature par l'homme-dieu aux appétits qui ne connaissent aucune limite, aucun shabbat pour s'y retrouver créature.

Souvent, dans le passé, des inventions scientifiques ont provoqué la panique du public non scientifique. Mais jamais la recherche n'avait fait craindre une disparition brusque et totale du globe terrestre dans sa totalité!
Cette histoire de procès en fin de monde, avec toute son  apparence anecdotique, est révélatrice d'une mutation  réelle de l'échelle des risques. En effet, peu doutent de ce que de futurs accélérateurs de particules encore plus puissants risquent de créer des trous noirs plus sérieux.


N'y a-t-il pas un stade auquel nous dirons: stop, cela suffit, ici il faut s'arrêter, cela devient trop dangereux?
Faut-il absolument expérimenter tout ce qui est possible? Peut-on ignorer toute limite?
Dans toute l'activité scientifique se trahit le désir des hommes de devenir des dieux, de détruire et créer des mondes, et surtout de se créer eux-mêmes et vaincre la mort. Ce but inconscient est patent en physique, en biologie ou en cybernétique.


Mais ce qui est le plus significatif est le lien de cause à effet entre connaissance de l'origine et destruction totale. Plus nous approfondissons notre étude des briques fondamentales de la matière, plus la quantité d'énergie en jeu se fait prodigieuse. La puissance nouvelle conférée à l'homme n'est à priori ni bénéfique ni maléfique par elle-même. Tout dépend de l'utilisation qui en sera faite, dit-on. Alors la science serait neutre?

Désolé pour les "progressistes" croyants du scientisme, mais il s'avère toujours plus facile de détruire que de construire. C'est une loi universelle; en physique elle s'appelle "second principe de la thermodynamique". Les énergies titanesques libérées sont tout d'abord mises au service des forces de destruction.

Un exemple: la découverte de la fusion nucléaire a tout de suite trouvé application dans la bombe H; par contre, nous n'arrivons toujours pas à maîtriser la fusion contrôlée qui pourrait régler tous nos problèmes énergétiques et de réchauffement climatique...

Les physiciens juifs
C'est bien malgré son auteur que la fameuse équation d'Einstein, équivalant masse et énergie, a conduit à la mise au point de la première bombe atomique à Los Alamos. Après les travaux pionniers de
Lise Meitner  et de son neveu Otto Frisch sur la fission, ce sont d'autres physiciens, Robert Oppenheimer, Leó Szilárd  l'ami d'Einstein et Enrico Fermi qui ont mené à bien, si on peut dire, cette tâche.


Le fait que la plupart des physiciens impliqués dans la création de la première arme nucléaire aient été juifs mérite réflexion. Question certes sulfureuse - étant donné l'usage qu'en font certains antisémites - mais que je ne veux pas éluder.
La bombe aurait été produite tôt ou tard sans l'aide des physiciens juifs, et même sans Einstein. De fait, le programme français mené par les
Joliot-Curie était le plus avancé avant-guerre. Leur cyclotron continua à fonctionner pendant l'occupation et sera utilisé par les Allemands. Quant aux physiciens en Allemagne même, ils touchaient au but. Mais si les physiciens juifs - eux mêmes formés à la même école allemande - n'avaient pas appartenu à la "race inférieure", s'ils étaient de "la race des seigneurs", ils n'auraient pas eu à fuir le nazisme. L'Allemagne aurait construit l'arme nucléaire en premier, vraisemblablement bien avant la fin de la guerre. Hitler n'aurait pas hésité alors à faire exploser ses premières bombes sur Londres, Moscou et New York. Il aurait vaincu le monde libre.


413px_Lise_MeitnerLa haine antisémite d'Hitler est donc ce qui l'a perdu. Grâce à elle les physiciens juifs européens ont émigré aux États-Unis, ce qui a ralenti le programme nucléaire du Reich. Il n'y a pas de doute que leur rage de battre Hitler et leur sentiment de l'urgence ont beaucoup contribué à ce que les USA gagnent la course à l'atome et donc à ce que les démocraties soient sauvées.


Lise Meitner, 1928. Une femme physicien? Son collaborateur Otto Hahn reçu le prix Nobel de physique qui lui revenait.


Mais c'est Hitler qu'ils visaient. Roosevelt s'est servi d'eux, avec méfiance en plus, car ils étaient communistes pour la plupart. Hiroshima et Nagasaki en firent les premiers opposants au nucléaire. Dans ce but Einstein et Szilárd fondent en 1946 le Comité d'urgence des scientifiques atomistes.


Nous avons étudié des moyens de produire l'annihilation, la Vernichtung, nucléaire totale; voyons maintenant sa cause profonde et comment l'éviter.


Le mal et son remède

Les États semblent se menacer mutuellement de destruction de façon essentielle, de par leur nature même. Tout Etat qui resterait sans armée baisserait la garde et serait aussitôt attaqué par son voisin.
Ce n'est pourtant plus vraiment le cas des États européens entre eux; ce n'est assurément pas le cas des États d'une fédération, tels les États du Brésil ou des USA, qui n'ont pas besoin de dissuasion ou d'équilibre de la terreur pour se côtoyer paisiblement et collaborer ensemble à la richesse de l'Etat fédéral.


Dès lors, nous avons identifié le mal et son remède: la souveraineté étatique est le grand responsable. Elle doit être annulée dans la souveraineté d'un cadre englobant plus grand.
En effet, la souveraineté d'un Etat signifie qu'aucune loi extérieure à lui ne peut venir le limiter. M10120Potentiellement tout Etat se doit de dominer le monde entier pour assurer sa pérennité. La souveraineté est universelle, totale et exclusive par nature.



C'est l'idole-roi Moloch, toujours assoiffée de chair fraîche humaine. Seule une autre idole, une autre souveraineté étatique peut la limiter en menaçant son existence même. D'où l'équilibre de menace de destruction réciproque qui règne entre les Léviathans. L'équilibre annihilateur nucléaire n'est qu'une expression de ce dernier. Il permet - c'est le terme consacré - de "sanctuariser" le territoire national. Chaque pays "qui a la bombe" est la Terre Sainte du dieu Atome, le Feu de Moloch, que servent les grands prêtres de l'Etat.
Pour la vraie Terre Sainte cette sanctuarisation ne fonctionne pas - bien sûr. Les deux peuples juif et palestinien, dont les souverainetés se nient mutuellement, sont bien trop imbriqués géographiquement pour qu'une bombe atomique soit d'une utilité quelconque... Ce sont eux, j'en suis convaincu, qui apporteront la solution. Nous en parlerons à une prochaine occasion.

La transformation de la chambre à gaz planétaire en résidence de rêve – si elle se fera - ne se fera que par l'établissement d'une Fédération Mondiale.
Ce n'est pas par hasard si Einstein préconisait la création d'un État mondial. Il a suscité la maladie et aussitôt concocté son remède.

Nous n'avons plus le choix. Il faudra que chaque peuple renonce mutuellement et de façon concertée à sa souveraineté étatique au profit d'un souverain du monde. Toute menace nucléaire sera éliminée comme par enchantement. Et seul un tel cadre fédéral donnera les moyens de juguler le réchauffement global.
L'existence de chaque Etat au sein de la fédération sera garantie par la constitution mondiale. La synergie des différentes cultures et économies, ainsi que les avantages incommensurables qui résulteront de la paix universelle, rendront inutile la répression de toute sécession et interdiront un retour en arrière.


Le Souverain du  Monde, Ribono shel olam, Rabb el alamin, n'est autre que le Créateur du Monde comme nous l'avons montré précédemment, et cette fédération mondiale sera sa création ultime. C.Q.F.D. Hallelouyah!

Connaître Ses pensées, les secrets de la création, oui. Mais il faut au préalable Le reconnaître, renoncer à prendre sa place pour devenir – à son image – des créateurs de mondes nouveaux. Ainsi prendra fin l'Histoire des peuples et de leurs guerres.

Faire reconnaître Le Souverain du Monde par toutes les nations est tout d'abord le rôle du peuple sorti d'Egypte. C'est à la nation des prêtres d'établir le trône du Roi des rois. Quand ils se font membres d'autres peuples, oubliant leur mission, ils s'autodétruisent.  Quand ils s'occupent d'autres choses que de leur sacerdoce, l'humanité chancelle. Malheureusement la catastrophe devra être frôlée pour que soit révélé le salut.

La suite? Cela, même les prophètes ne l'ont pas vu!

15 mai 2008

Une catastrophe climatique, c'est naturel?

Je suis las de lire partout cette expression "catastrophe naturelle".


Est-ce le séisme qui tue, ou la décision administrative de construire sur un terrain sismique? Les soubresauts de la terre du Sichuan sont-ils les assassins des enfants enterrés vifs sous leur école, ou les entrepreneurs qui n'ont pas respecté les normes antisismiques ? Est-ce le typhon qui tue, ou la corruption des autorités locales qui a donné l'autorisation de construire dans une zone inondable? Les eaux du fleuve Irrawaddy sont-elles coupables, ou la junte militaire birmane (avec l'aide de la France et Total) qui préfère consacrer la moitié de son budget à l'armée, plutôt que construire des digues ou investir dans un système d'alerte précoce?


Lors d'un séisme de la même puissance au Japon il n'y aurait pratiquement pas eu de victime.  Le gouvernement chinois dispose du plus grand excédant budgétaire au monde; il envoie des hommes dans l'espace et se prépare à conquérir la Lune. La vraie question est combien vaut pour lui la vie d'un paysan chinois?
050830_katrina_hlrg_10ahlargeLe cyclone "Katrina" a fait environ 100 fois moins de victimes





que "Nargis", malgré l'inadaptation coupable des digues et une ville construite jusqu'à 6 mètres sous le niveau de la mer. Cela parce que les autorités de Louisiane, contrairement à celles de Birmanie, ont évacué leur population.


Pourtant nos journaux continuent de façon automatique à parler de catastrophes "naturelles". Ils personnalisent le séisme, le typhon baptisé "Nargis", en écrivant qu'ils ont "dévasté des régions entières"; même des ouvrages artificiels sont dotés de personnalité et d'intentions: le barrage de Zipingpu "menace d'engloutir" la ville de Dujiangyan, nous dit Le Monde aujourd'hui. Ailleurs, c'est le typhon qui est le sujet de toutes les actions: "il touche" telle localité, "il transforme" telle autre en véritable zone de guerre.


Bien sûr, ainsi est faite notre langue qu'elle personnifie tout ce qu'elle touche. Nous le savons, pourtant cela n'est pas anodin. Il est si facile alors de rendre les éléments naturels coupables, ou encore de les voir comme l'instrument d'une punition divine.


C'est clair, nous les êtres humains, nous sommes la cause des catastrophes. La croissance démographique a poussé les populations hors des zones de peuplement traditionnelles. Vieilles de millénaires, elles avaient fait leur preuves. Les modifications des écosystèmes, par déboisement de côtes maritimes et montagnes, ou endiguement des fleuves, accroissent les effets dévastateurs des intempéries. Le réchauffement climatique, d'origine humaine lui-aussi, multiplie la force et la fréquence des cyclones et inondations.


Ce n'est donc pas le moment de fuir nos responsabilités.


Ici aussi en Israël les spécialistes mettent en garde: le pays est parcouru par une des principales failles sismiques de la planète, la faille syro-africaine. Des dizaines de milliers de bâtiments anciens s'écrouleront. Le nombre de victimes potentielles est évalué à 10,000-15,000. Nous le savons depuis longtemps: la question n'est pas de savoir si un tremblement majeur va secouer la Terre Sainte, mais quand. Ce n'est qu'une question de temps et les autorités ont fait trop peu. Quant à nous, nous ne réagissons pas vraiment. N'est-ce pas parce que, malgré tout, l'idée de fatalité naturelle paralyse les esprits du petit peuple, alors que les décideurs et les riches influents sont à l'abri?


L'homme contrôle totalement l'écosystème planétaire. Plus une goutte d'eau, plus un grain de sable, plus un flocon de neige en Antarctique, plus un brin d'herbe sur cette terre n'échappe à l'influence des activités humaines. IL N'Y A PLUS DE NATURE. Alors, de grâce, cessons d'appeler les catastrophes climatiques des "catastrophes naturelles".


28 avril 2008

Le développement durable – Futur d'Israël


Je reprend ici un petit article que j'ai publié dans: Panorama No 21 - mars-avril 2005, p. 33.



Lors de la création du premier homme, le Saint béni soit-il le pris, le fit passer devant tout les arbres du Jardin d'Eden, et lui dit : Regarde mes œuvres, comme elles sont belles et excellentes ! Tout ce que j'ai créé, c'est pour toi que je l'ai créé. Réfléchis bien, de peur que tu n'abîmes mon monde et le détruises. Car si tu l'abîmes, il n'y aura personne pour réparer après toi.  Midrash Ecclésiaste Rabbah 7:13

Israël ne se contente pas d'abriter une population d'origines si diverses qu'elle peut être comprise comme un résumé de l'humanité. La terre d'Israël est aussi un concentré de climats et de paysages d'une exceptionnelle diversité. Sa faune, marine et terrestre, et sa flore sont parmi les plus riches du monde. Mais depuis sa Oasiscréation, le petit Etat fait face à la plupart des problèmes écologiques qui sont devenus récemment le lot de toute la planète : manque d'eau, désertification, grandes densités de peuplement, pollution industrielle et domestique croissante, circulation automobile intense, dépendance énergétique, etc.




Alors, où en est l'écologie israélienne ? Elle est dans le paradoxe de réalisations admirables côtoyant des zones écologiquement sinistrées : plus haut taux d'équipement en chauffe-eau solaires au monde, et Bassin du Yarkon empoisonné par les métaux lourds, où les pêcheurs meurent de cancer; désert fleuri, premier pays pour le recyclage agricole des eaux usées, et oueds transformés en égouts à ciel ouvert; recherche scientifique écologique d'avant-garde, et décharges sauvages…


Les deux tiers du territoire d'Israël sont un désert habité par seulement deux ou trois pourcent de la population. Sous ce désert se cachent d'immenses aquifères d'eau fossile saumâtre, à laquelle les agronomes israéliens ont su adapter nombre d'espèces végétales. Le Néguev, pour l’appeler par son nom, représente la « nouvelle frontière » du développement d’Israël.


Mais déjà cette possibilité est bloquée par les défenseurs de l’environnement. Les verts israéliens sont encore des écologistes classiques : ils défendent l’environnement, la nature, s'opposent au développement agricole et industriel, car ils n’ont pas assimilé le nouveau concept de « développement durable ».


En quoi consiste précisément le développement durable ?


Les Nations Unies l'ont défini ainsi : « Un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. » Autrement dit, il faut utiliser les ressources naturelles au rythme de leur renouvellement, et ne pas produire plus de pollution et de déchets que ce que l'environnement peut digérer.


Quelle est la différence entre ces deux approches ?


Brièvement : d'un côté les néo-adorateurs "New Age" de la terre-mère, qui prônent la croissance zéro; de ibex4bigl'autre les "jardiniers" héritiers de l'Adam biblique, qui fécondent la terre-femme du jardin avec la plus grande conscience de leur responsabilité. Les uns voient toute intervention humaine comme un viol de la Nature, les autres comme le devoir de créer une nature seconde, une culture où pourra régner l'abondance.


Le Midrash que nous avons cité en exergue n'était probablement pas connu des décideurs. Ce texte antique exprime sous forme d'une historiette la dramatique solitude de l'espèce humaine à qui est confiée la responsabilité entière de l'avenir de la planète. La conscience de cette responsabilité commence seulement à pénétrer les sphères politiques. Mais de plus en plus de scientifiques pensent que la catastrophe écologique planétaire devient inévitable. Le réchauffement global dû aux gaz à effet de serre, entre autres problèmes, menace les zones côtières d'un lent, mais inexorable, tsunami. Il ne pourra être limité que si les grands pays industriels adoptent dès maintenant une politique de développement durable conséquente.


Nous savons aujourd'hui qu'un tel développement demande de résoudre de nombreuses difficultés techniques, mais diverses expériences montrent qu'il est possible. C'est le grand défi du 21ème siècle. A l'échelle d'Israël, c'est la porte du Néguev. Sans lui, impossible de développer le désert sans polluer ce dernier espace viergePontcordes qu'il nous reste. Il faudrait y construire un écovillage modèle qui mette en œuvre les différentes techniques disponibles. Il démontrera la faisabilité d'un tel projet et amorcera la nécessaire révolution des esprits.


Wadi Besor

J'imagine une oasis sortie des sables brûlants de Haloutza la nabatéenne. Tirée du forage profond, l'eau chaude saumâtre alimente les piscines du centre thermal, puis se déverse dans les grands bassins de pisciculture biologique ombragés de palmiers. La même eau ressort des bassins, chargée des nitrates naturels généreusement offerts par les poissons, pour arroser serres et vergers également biologiques. Une petite zone industrielle regroupe un réseau d'entreprises qui fonctionnent selon les principes de l'écologie industrielle : les déchets des uns sont les matières premières des autres. Dans la palmeraie, building1bigles maisons solaires sont construites avec des matériaux naturels locaux : pierre, pisé, bottes de paille. Pas d'égouts : toilettes sèches à compost, eaux usées recyclées.



Maison de pisé, Midreshet Ben Gurion


Toutes les sources d'énergie renouvelable sont exploitées : solaire, éolienne, biogaz, biodiesel, énergie thermique du compost. On aperçoit les habitants qui se déplacent en voiturettes électriques, à vélo ou à cheval. C’est à peine si leur plus grande activité les distingue des écotouristes venus se détendre.


Un rêve? Après tout, la Terre d'Israël est précisément située au milieu du Jardin d'Eden, entre Nil et Euphrate!


Jérusalem est duelle. L'unité est au-delà, à construire ensemble

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