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15 octobre 2009

Sorties d'Afrique, Sortie d'Egypte

Il y a encore quelques années, deux théories se disputaient l'explication des origines de l'homme moderne : la théorie de la sortie d’Afrique disant que sapiens est apparu en Afrique et en est sorti il y a environ cent mille ans pour se disperser dans le monde entier, la théorie multirégionale affirmant qu'il s’est développé dans différentes régions du globe de façon séparée, mais en parallèle, à partir d’Homo erectus, lui-même sorti d’Afrique deux millions d'années plus tôt. Entre-temps il aurait pu s'hybrider avec l'homme de Néanderthal.

Origines régionales ou Out of Africa ?
Face à l'accumulation des données fossiles et génétiques, l'hypothèse multirégionale de l'apparition de l'homme s'est retirée devant celle nommée "
Out of Africa". La plupart des anthropologues sont maintenant d'accord pour dire que notre espèce, Homo sapiens, tout comme son aînée erectus, sont sortis d'Afrique. Cela signifie que nous appartenons tous à une seule et unique espèce, partageons les mêmes ancêtres. Voilà qui rend plus difficile de fonder scientifiquement le racisme. Surtout quand ils s'avèrent africains, et probablement noirs de surcroit!
L'analyse récente d'ADN fossile a montré que Néanderthal est par contre une espèce distincte de l'homme moderne et confirme la théorie de sa sortie d'Afrique.
sortieErectusAfrique

Mais par où est-il passé?


Pour ce qui est de la sortie la plus ancienne, celle d'habilis, tout le monde est d'accord pour dire qu'elle est passée par le Sinaï.
En effet, c'est en Israël, la première terre que l'homme découvre après la traversée du pont Sinaï-Neguev,Out_of_Africa que nous trouvons les plus anciens fossiles hors d'Afrique: une des dernières découvertes est celle du prof. Tshernov, paléontologue de l'université hébraïque, qui a trouvé des outils d'Homo habilis datant de deux millions d'années dans la vallée de Jourdain, près du kibbutz Gesher. C'est le premier signe de sortie d'Afrique, un demi-million d'années avant celle de l'homme du site de Tel Obeida, trouvé à quelques kilomètres, un million d'années avant son arrivée en Europe.

Mais qu'elle route sapiens a-t-il suivi? Là encore deux hypothèses ont été proposées, celles de deux routes possibles: du littoral ou du Nord. La route du Sud suppose de traverser la Mer Rouge et ses récifs au détroit du Bab El Mandeb entre Djibouti et Yémen; la route du Nord suppose d'affronter le désert du Sinaï, mais à sec en contournant la mer. Dans les deux cas il faut traverser une barrière naturelle difficilement franchissable.
La découverte d'un campement d'Homo sapiens archaïques vieux de 125000 ans sur les côtes de l'Erythrée, au bord de la Mer Rouge, avait suggéré la route littorale.
Mais voilà, tout comme son prédécesseur, l'Homo sapiens moderne le plus ancien trouvé hors d'Afrique, - 100 000 ans, a lui aussi été exhumé en Israël, à Qafzeh entres autres, près de Nazareth.


qafzeh9rsideFinalement les fossiles ont tranché: ceux de la côte arabe se sont révélés plus récents que ceux de la vallée du Jourdain, de Galilée et du Carmel. On pense qu'ils seraient les témoins d'une troisième sortie d'Afrique que des marqueurs génétiques relieraient aux populations de l'Asie du Sud-Est et d'Australie.
Sapiens a donc bien suivi les mêmes voies qu'habilis lors de sa sortie d'Afrique. Les plus anciens crânes sapiens retrouvés en Ethiopie (130.000 av. J.-C.) ont encore des traits archaïques, puis sapiens moderne est découvert en Israël (100.000 av. J.-C.), Australie (40.000 av. J.-C.), et finalement Europe de l'Ouest (35.000 av. J.-C.).

L'homme moderne, un "Israélien"?

Et oui, la question se pose. Selon des équipes de chercheurs franco-israéliennes, il n'est pas impossible que l'homme vraiment moderne soit en fait né au Proche-Orient, c'est-à-dire en Israël (voir cette étude du CNRS de Jérusalem), et non en Afrique. 
Le crâne de Qafzeh - photo par David Brill
Une même structure se répète lors de ces sorties : un groupe humain s'aventure hors de la matrice africaineRedSea protectrice, arrosée par les Grands Lacs et le Nil, passe courageusement le goulot étroit et périlleux du désert (alors peut-être plus humide) ou de la Mer Rouge, avant de voir s'ouvrir devant lui de nouvelles étendues fertiles. C'est bien la structure d'un accouchement.

C'est ainsi que je voudrais inscrire la dernière Sortie d'Egypte, celle des Hébreux menés par Moïse et son ouverture des eaux, dans la longue série préhistorique qui lui donne tout son poids: celle de la création d'une nouvelle humanité. Qu'a-t-elle de nouveau cette humanité; en quoi les Enfants d'Israël seraient-ils un nouvel Homo hebraicus, aboutissement de l'évolution du sapiens sorti de l'africaine Egypte ? C'est à cette question difficile et périlleuse que j'espère répondre dans les prochains posts de cette série...

16 avril 2008

Bon Pe-sah! Bonne sortie d'Egypte à tous!

Ma petite cousine - Virginie pour la nommer - qui prépare fébrilement sa Aliyah, me demandait récemment: Et toi, c'est quoi ton Pessah cette année?


Pour elle, c'est clair, puisqu'elle revit on ne peut plus concrètement la Sortie d'Egypte. Car monter en Israël, ce n'est pas du tourisme! C'est tout d'abord prendre une distance avec le pays d'origine, la culture et la langue qui vous ont formé, et parfois avec la famille qui vous a vu et fait grandir. "Monter" en Israël, et non "émigrer". Emigrer, ce n'est pas voulu et c'est une malédiction, un exil. Là c'est le contraire: sortir d'Exil, volontairement choisir un autre pays, une autre culture, un autre langue, et entre les deux, par la distance ouverte, entre pays d'origine et pays choisi, s'autodéterminer. Volontairement, librement, mais à la fois comme une nécessité profonde, une réponse à un appel extérieur, sinon ce pourrait n'être qu'un caprice. Et laisser derrière les conditionnements collectifs et, ainsi, "rentrer chez soi". Et savoir que c'est une route qui n'a pas de fin...


Donc elle me demande: Toi, qui est depuis des années en Israël, comment vis-tu une libération telle que la sortie d'Egypte, comment fêtes-tu la Liberté cette année?


Je lui ai répondu que j'ai enfin créé un blog, et que cette possibilité extraordinaire de m'exprimer urbi et orbi, c'est ma petite Sortie d'Egypte cette année. Et puis ce blog est aussi l'occasion de mettre de l'ordre (seder en hébreu) dans mes écrits.


Cela me rappelle un jeu de mots talmudique: "pessah" peut être décomposé en deux mots: peh/sah - "la bouche raconte". Parler, raconter, dire, avoir son mot à dire, c'est d'abord ça la liberté! Encore faut-il avoir quelque chose à dire, une parole véritable, quelque chose qui a vraiment besoin d'être dit.


Sinon, il faut commencer par crier. Simplement crier, crier son esclavage, crier d'un cri inarticulé sa vie de zombie! C'est comme cela qu'ont commencé les esclaves hébreux: ils ont crié vers le ciel leur souffrance. Le 417px_Haggadah_14th_centshofar de la liberté à sonné. A partir de là la Parole peut commencer.


C'est pourquoi la Haggadah - le récit - est au centre de la soirée de Pessah. On parle, on parle, qu'est-ce qu'on parle! Et tout cela avant de manger. On a faim! Mais parler passe avant le manger. C'est bien plus vital. Mais pour cela il faut un enfant qui sache poser des questions. Sans cet enfant, pas de Pessah!


A chacun de trouver en soi l'enfant impertinent.



Jérusalem est duelle. L'unité est au-delà, à construire ensemble

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