16 avril 2008

Bon Pe-sah! Bonne sortie d'Egypte à tous!

Ma petite cousine - Virginie pour la nommer - qui prépare fébrilement sa Aliyah, me demandait récemment: Et toi, c'est quoi ton Pessah cette année?


Pour elle, c'est clair, puisqu'elle revit on ne peut plus concrètement la Sortie d'Egypte. Car monter en Israël, ce n'est pas du tourisme! C'est tout d'abord prendre une distance avec le pays d'origine, la culture et la langue qui vous ont formé, et parfois avec la famille qui vous a vu et fait grandir. "Monter" en Israël, et non "émigrer". Emigrer, ce n'est pas voulu et c'est une malédiction, un exil. Là c'est le contraire: sortir d'Exil, volontairement choisir un autre pays, une autre culture, un autre langue, et entre les deux, par la distance ouverte, entre pays d'origine et pays choisi, s'autodéterminer. Volontairement, librement, mais à la fois comme une nécessité profonde, une réponse à un appel extérieur, sinon ce pourrait n'être qu'un caprice. Et laisser derrière les conditionnements collectifs et, ainsi, "rentrer chez soi". Et savoir que c'est une route qui n'a pas de fin...


Donc elle me demande: Toi, qui est depuis des années en Israël, comment vis-tu une libération telle que la sortie d'Egypte, comment fêtes-tu la Liberté cette année?


Je lui ai répondu que j'ai enfin créé un blog, et que cette possibilité extraordinaire de m'exprimer urbi et orbi, c'est ma petite Sortie d'Egypte cette année. Et puis ce blog est aussi l'occasion de mettre de l'ordre (seder en hébreu) dans mes écrits.


Cela me rappelle un jeu de mots talmudique: "pessah" peut être décomposé en deux mots: peh/sah - "la bouche raconte". Parler, raconter, dire, avoir son mot à dire, c'est d'abord ça la liberté! Encore faut-il avoir quelque chose à dire, une parole véritable, quelque chose qui a vraiment besoin d'être dit.


Sinon, il faut commencer par crier. Simplement crier, crier son esclavage, crier d'un cri inarticulé sa vie de zombie! C'est comme cela qu'ont commencé les esclaves hébreux: ils ont crié vers le ciel leur souffrance. Le 417px_Haggadah_14th_centshofar de la liberté à sonné. A partir de là la Parole peut commencer.


C'est pourquoi la Haggadah - le récit - est au centre de la soirée de Pessah. On parle, on parle, qu'est-ce qu'on parle! Et tout cela avant de manger. On a faim! Mais parler passe avant le manger. C'est bien plus vital. Mais pour cela il faut un enfant qui sache poser des questions. Sans cet enfant, pas de Pessah!


A chacun de trouver en soi l'enfant impertinent.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Commentaires bienvenus!


Jérusalem est duelle. L'unité est au-delà, à construire ensemble

Creative Commons License