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28 avril 2008

Le développement durable – Futur d'Israël


Je reprend ici un petit article que j'ai publié dans: Panorama No 21 - mars-avril 2005, p. 33.



Lors de la création du premier homme, le Saint béni soit-il le pris, le fit passer devant tout les arbres du Jardin d'Eden, et lui dit : Regarde mes œuvres, comme elles sont belles et excellentes ! Tout ce que j'ai créé, c'est pour toi que je l'ai créé. Réfléchis bien, de peur que tu n'abîmes mon monde et le détruises. Car si tu l'abîmes, il n'y aura personne pour réparer après toi.  Midrash Ecclésiaste Rabbah 7:13

Israël ne se contente pas d'abriter une population d'origines si diverses qu'elle peut être comprise comme un résumé de l'humanité. La terre d'Israël est aussi un concentré de climats et de paysages d'une exceptionnelle diversité. Sa faune, marine et terrestre, et sa flore sont parmi les plus riches du monde. Mais depuis sa Oasiscréation, le petit Etat fait face à la plupart des problèmes écologiques qui sont devenus récemment le lot de toute la planète : manque d'eau, désertification, grandes densités de peuplement, pollution industrielle et domestique croissante, circulation automobile intense, dépendance énergétique, etc.




Alors, où en est l'écologie israélienne ? Elle est dans le paradoxe de réalisations admirables côtoyant des zones écologiquement sinistrées : plus haut taux d'équipement en chauffe-eau solaires au monde, et Bassin du Yarkon empoisonné par les métaux lourds, où les pêcheurs meurent de cancer; désert fleuri, premier pays pour le recyclage agricole des eaux usées, et oueds transformés en égouts à ciel ouvert; recherche scientifique écologique d'avant-garde, et décharges sauvages…


Les deux tiers du territoire d'Israël sont un désert habité par seulement deux ou trois pourcent de la population. Sous ce désert se cachent d'immenses aquifères d'eau fossile saumâtre, à laquelle les agronomes israéliens ont su adapter nombre d'espèces végétales. Le Néguev, pour l’appeler par son nom, représente la « nouvelle frontière » du développement d’Israël.


Mais déjà cette possibilité est bloquée par les défenseurs de l’environnement. Les verts israéliens sont encore des écologistes classiques : ils défendent l’environnement, la nature, s'opposent au développement agricole et industriel, car ils n’ont pas assimilé le nouveau concept de « développement durable ».


En quoi consiste précisément le développement durable ?


Les Nations Unies l'ont défini ainsi : « Un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. » Autrement dit, il faut utiliser les ressources naturelles au rythme de leur renouvellement, et ne pas produire plus de pollution et de déchets que ce que l'environnement peut digérer.


Quelle est la différence entre ces deux approches ?


Brièvement : d'un côté les néo-adorateurs "New Age" de la terre-mère, qui prônent la croissance zéro; de ibex4bigl'autre les "jardiniers" héritiers de l'Adam biblique, qui fécondent la terre-femme du jardin avec la plus grande conscience de leur responsabilité. Les uns voient toute intervention humaine comme un viol de la Nature, les autres comme le devoir de créer une nature seconde, une culture où pourra régner l'abondance.


Le Midrash que nous avons cité en exergue n'était probablement pas connu des décideurs. Ce texte antique exprime sous forme d'une historiette la dramatique solitude de l'espèce humaine à qui est confiée la responsabilité entière de l'avenir de la planète. La conscience de cette responsabilité commence seulement à pénétrer les sphères politiques. Mais de plus en plus de scientifiques pensent que la catastrophe écologique planétaire devient inévitable. Le réchauffement global dû aux gaz à effet de serre, entre autres problèmes, menace les zones côtières d'un lent, mais inexorable, tsunami. Il ne pourra être limité que si les grands pays industriels adoptent dès maintenant une politique de développement durable conséquente.


Nous savons aujourd'hui qu'un tel développement demande de résoudre de nombreuses difficultés techniques, mais diverses expériences montrent qu'il est possible. C'est le grand défi du 21ème siècle. A l'échelle d'Israël, c'est la porte du Néguev. Sans lui, impossible de développer le désert sans polluer ce dernier espace viergePontcordes qu'il nous reste. Il faudrait y construire un écovillage modèle qui mette en œuvre les différentes techniques disponibles. Il démontrera la faisabilité d'un tel projet et amorcera la nécessaire révolution des esprits.


Wadi Besor

J'imagine une oasis sortie des sables brûlants de Haloutza la nabatéenne. Tirée du forage profond, l'eau chaude saumâtre alimente les piscines du centre thermal, puis se déverse dans les grands bassins de pisciculture biologique ombragés de palmiers. La même eau ressort des bassins, chargée des nitrates naturels généreusement offerts par les poissons, pour arroser serres et vergers également biologiques. Une petite zone industrielle regroupe un réseau d'entreprises qui fonctionnent selon les principes de l'écologie industrielle : les déchets des uns sont les matières premières des autres. Dans la palmeraie, building1bigles maisons solaires sont construites avec des matériaux naturels locaux : pierre, pisé, bottes de paille. Pas d'égouts : toilettes sèches à compost, eaux usées recyclées.



Maison de pisé, Midreshet Ben Gurion


Toutes les sources d'énergie renouvelable sont exploitées : solaire, éolienne, biogaz, biodiesel, énergie thermique du compost. On aperçoit les habitants qui se déplacent en voiturettes électriques, à vélo ou à cheval. C’est à peine si leur plus grande activité les distingue des écotouristes venus se détendre.


Un rêve? Après tout, la Terre d'Israël est précisément située au milieu du Jardin d'Eden, entre Nil et Euphrate!

25 avril 2008

Un signe sur la peau

Ma thèse de Pharmacie - Peau Impure et Peau Malade. Aspects de la dermatologie talmudique - portait sur le traitement des maladies de la peau dans le Talmud. Elle a été l'occasion de mettre à profit alors mes deux domaines d'étude, les études juives en yeshiva (école talmudique) et mes études de pharmacie.


Le résultat de ma navigation sur "l'océan talmudique" n'a pas été planifié d'avance: J'avais l'intention au départ d'écrire une pharmacopée talmudique, travail de recherche qui n'avait jamais été entrepris. Mais découvrant l'ampleur de la tâche, je décidai - sur le conseil de mon maître de thèse - de me limiter au domaine dermatologique.
Je fus alors placé devant deux dilemmes: un traité entier du Talmud traite de la lèpre en tant qu'impureté lévitique et non comme d'une pathologie. Devais-je l'inclure dans ma recherche? D'autre part, plusieurs affections dermatologiques, abordées par les docteurs du Talmud comme de véritables maladies, se voient traitées de façon peu pharmacologique: amulettes, incantations, prières, côtoient des remèdes tirés de plantes ou minéraux, fallait-il les étudier comme des médicaments?



J'ai décidé de ne pas sélectionner mes sources selon leur intérêt purement pharmaceutique, mais de les aborder de façon plus anthropologique, en respectant leur logique propre.
lepreux_XVsiecleC'est ouvert alors un champ d'investigation apparemment irrationnel mais riche des nombreuses significations de l'organe peau.
Parce que la peau est l'image de l'homme créé à l'image de Dieu, son atteinte met en jeu ce reflet de la transcendance qu'est la dignité de la personne humaine. Ses conséquences se déclinent à l'infini dans les diverses sphères de la religion, de la société, de la psychosomatique et de la médecine. J'en présente divers exemples.



Lépreux. XVe siècle


J'ai remanié ma thèse pour en faire un livre intitulé Un signe sur la peau - Approches talmudiques de l’impureté et des maladies de la peau. Il a failli être publié, mais l'éditeur, alors en difficultés financières, n'y a pas vu le futur best seller qui va renflouer ses caisses... Il faudrait remanier le manuscrit. Vos conseils sont les bienvenus.
Moi cela ne me coûte rien de le mettre en ligne grâce au miracle de l'internet...



Alors bonne lecture!


J'ai aussi écrit un article qui reprend des extraits du livre, qui concernent la Lèpre et traitent de la relation corps-esprit. Il s'intitule: La Tache du Lépreux, publé in: La Revue française de Yoga, n°3, "De la santé au salut", janvier 1991, pp. 57-80. (cité en partie dans Le Monde du yoga). Une façon plus brève de découvrir les principales idées du livre:


LA TACHE DU LÉPREUX


À propos des lésions cutanées impures dans la littérature talmudique


Un homme est atteint dans sa chair, dans sa peau. La tache qui a fait irruption fait de lui un être marqué, marqué comme le sont l’animal ou l’esclave. Toute tache fait signe, et un signe sur la peau efface la dignité humaine qui est d’être, à l’« image » de Dieu, non symbolisable, non représentable. C’est l’impureté.


Signe, certes, mais signe de quoi ? Signe d’une faute impossible à porter autrement, tel le signe de Caïn qui le stigmatise et le protège, à la fois, par l’isolement du monstre, ou signe de l’Envoyé Libérateur, comme la lèpre réversible de Moïse, ou encore signe d’élection du Sauveur Souffrant qui porte nos fautes, sur qui le doigt de Dieu a laissé sa trace ?


UN SIGNE SUR LA PEAU


Approches talmudiques de l’impureté et des maladies de la peau


Un signe sur la peau est divisé en plusieurs fichiers pour raccourcir le temps de chargement:




Un homme est atteint dans sa chair, dans sa peau. La tache qui a fait irruption fait de lui un être marqué, marqué comme le sont l’animal ou l’esclave. Toute tache fait signe, et un signe sur la peau efface la dignité humaine qui est d’être, à l’« image » de Dieu, non symbolisable, non représentable. C’est l’impureté. Avant-Propos - suite




ASPECTS DU TALMUD


Textes sacrés ou textes profanes ?


Le fait de trouver dans le Talmud, à la fois, des textes qui abordent les lésions de la peau en termes d’impureté et de rituel, et d’autres qui le font en termes de maladie et de traitement, pose la question de son statut. Celui-ci ne peut être mieux éclairé que par les récits du Talmud lui-même qui mettent en scène cette question. Un de ceux-ci décrit les circonstances de la mort de Rabbah b. Nah’mani, persécuté par le pouvoir perse à la suite d’une dénonciation... Introduction - suite





LE TALMUD ET LA SANTÉ


R. Huna a dit : Les dires des Sages sont source de bénédiction, de richesse et de guérison (Ket. 103a).


Ces dires, destinés à établir le droit, enseignaient aussi comment guérir. La santé recouvrée était souvent vue comme un signe de pardon, de pureté rétablie. Santé et sainteté sont donc bien proches ; voilà qui peut nous aider à saisir ce qui est en jeu dans la santé de la peau.


Après cette très brève introduction aux textes, voyons comment ces derniers abordent le domaine de la santé en général... Chapitre 1 - suite






POUR SITUER LA DERMATOLOGIE TALMUDIQUE


— Où est le Messie ?
— Aux portes de Rome.
— À quel signe le reconnaîtrai-je ?
— Il se tient au milieu des pauvres qui souffrent de toutes sortes de maladies. Tous les autres, pour nettoyer leurs plaies, défont puis refont tous leurs pansements à la fois ; lui, il les défait et refait un par un, car il se dit : Peut-être me demandera-t-on, et il ne faut pas que je puisse être retardé (San. 98a).



Les affections de la peau s’inscrivent dans un espace à deux dimensions, celui de la peau. Comment le Talmud voit-il cet espace ?


Il nous faut aussi un aperçu général de la façon dont les dermatose sont classées, identifiées, savoir à quelles causes elles sont attribuées par ces textes, et comment on les évitait.
Mais la dermatologie du Talmud s’inscrit aussi dans la dimension temporelle, celle de l’histoire des sciences et des religions…
Chapitre 2 - suite




LA « LÈPRE », MALADIE OU IMPURETÉ


Que doit faire un homme pour vivre ? Ils répondirent : il doit se faire mourir lui-même


Que doit faire un homme pour mourir ? Ils répondirent : il doit se faire vivre (Tam. 32a).


Nous abordons maintenant la « lèpre », cet ensemble d’affections cutanées désigné par les termes de tsara‘at ou nega‘im et improprement traduit par « lèpre », avant les autres dermatoses, parce qu’elle nous permettra d’introduire aux sens qui étaient attribués aux maladies de la peau dans la sphère biblico-talmudique.


Nous n’avons pas distingué, jusqu’à présent, entre les affections de la peau, qui sont pensées comme de véritables maladies, auxquelles une origine naturelle ou surnaturelle est attribuée et qui peuvent être traitées, et la « lèpre » lévitique dont seul le caractère d’impureté rituelle importe, et non sa morbidité... Chapitre 3 - suite




DERMATOSES VRAIES


Avec la destruction du Temple va disparaître la raison d’être de l’impureté rituelle lévitique, et avec elle, celle des prêtres saducéens. Il n’existe donc plus, semble-t-il, d’affections cutanées impures.


Paradoxalement, la prise définitive du pouvoir religieux et politique par les laïques que sont les Rabbins, va conduire à une relative spiritualisation du religieux : à côté, il est vrai, des nouveaux rites pharisiens qui s’implantent parmi le peuple, la prière et l’étude remplacent désormais l’essentiel des rites du Temple qui étaient incarnés dans le geste, l’espace et le temps, et nouaient ainsi intimement sens et matière. Le monde se fait par conséquent plus matériel et « désenchanté », selon le témoignage de maints récits rabbiniques. Chapitre 4 - suite




ULTIMES DÉVELOPPEMENTS : UN SIGNE ET SES SENS


Les pensées biblique et talmudique n’ont pas produit un seul ouvrage médical ou pharmacologique séparé. C’est tout d’abord parce que, pour elles, le règne de la Loi, porteur d’un ordre communautaire juste et humain, est la condition première de la santé. Les connaissances thérapeutiques de son époque n’ont cependant pas été négligées par le Talmud. Elles ont été expressément consignées par écrit afin de ne pas être oubliées. Elles témoignent, par leur incorporation dans le texte de la Loi Orale, du respect profond qu’a la pensée rabbinique pour la science, qui vient de celui qu’elle a pour la vie. Conclusion - suite







Jérusalem est duelle. L'unité est au-delà, à construire ensemble

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