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30 décembre 2009

Statistiques politiquement incorrectes... et trompeuses

Comme chaque année, le Bureau Central de Statistique publie ses dernières données démographiques. Selon lui, la population d'Israël est estimée en date du 31 Décembre 2009 à 7,5 millions d'habitants, dont environ 5,7 millions sont juifs (75,4% de la population), 1,5 million arabes (20,3%) et 319.000 définis comme "autres" (chrétiens non-arabes et habitants sans classification religieuse, 4,3%).

Mosquée Hassan Beck - Tel-Aviv

Ces distinctions ne sonneront pas politiquement correctes pour des oreilles françaises, mais dans notre pays pluriel et multiculturel, cela n'a rien de choquant.
Le problème est ailleurs, dans ce qui n'est pas dit: le Bureau ne précise pas que sont comptés parmi les Juifs environ 300.000 résidents des implantations de Cisjordanie (alias "Territoires", "Territoires disputés", "Territoires occupés") - citoyens, bien que résidents hors du territoire national - et que ne sont pas comptés les Arabes de Jérusalem-Est - non-citoyens, mais résidents dans le pays tel qu'il est défini par la loi israélienne - non plus que les Arabes de Cisjordanie et de la bande de Gaza, à la fois non-citoyens et hors des frontières politiques. Ne sont pas comptés bien sûr les travailleurs émigrés - particulièrement nombreux, légaux ou illégaux - et réfugiés soudanais, ainsi que leurs enfants, même ceux nés dans le pays, et qui vivent tous sur le territoire israélien.
Les données sont approximatives, étant donné que nombreux sont ceux qui ne remplissent jamais un formulaire de recensement, Arabes ou Juifs orthodoxes.
Tous les cas de figure sont représentés! Telle est la réalité brute, qui n'est pas reflétée par les données statistiques officielles.

135.000 personnes se sont ajoutées cette année à la population israélienne (1,8%). Les juifs devraient arriver au chiffre - oh combien symbolique - de 6 millions aux environs de 2012.

Israël + territoires, au total, match nul!

Le statut des "colons" est particulier: ils font partie intégrante de la population israélienne, mais les Territoires où ils habitent n'ont pas été annexés à l'Etat d'Israël. C'est pourquoi politiquement (et juridiquement me semble-t-il) ils ne peuvent être simplement qualifié d'"occupés"; une partie d'entre-eux est détenue sous contrôle militaire israélien, une autre est sous administration palestinienne autonome, mais ils ne font pas partie du territoire israélien et la loi israélienne n'y est pas appliquée.

Tel-Aviv / Sakhnin - le foot rapproche parfois!

Les habitants arabes de Jérusalem-Est ont un statut pas moins particulier: ils vivent dans une zone annexée au territoire israélien et ne sont pas citoyens de l'Etat; ils détiennent toutefois une carte d'identité israélienne  qui leur garantit la protection sociale des citoyens. Ils peuvent obtenir la nationalité mais ne le font pas pour la plupart. Ils peuvent voter aux élections municipales de Jérusalem ainsi qu'aux élections nationales palestiniennes, mais s'abstiennent  généralement dans les deux cas.
L'un d'entre-eux a qui j'ai demandé pourquoi il ne prenait pas la nationalité israélienne m'a expliqué qu'il préférait garder son passeport jordanien: il ne perd rien de ses droit sociaux et peut voyager librement dans les pays arabes et visiter sa famille en Jordanie.

Les habitants non-juifs d'Israël jouissent de droits de citoyenneté complets, bien que, ou étant donné que, l'Etat est défini comme "juif et démocratique".
La nationalité arabe palestinienne des citoyens arabes n'est donc pas reconnue, mais ils possèdent une autonomie culturelle et linguistique entière. L'arabe est deuxième langue officielle de l'Etat avec l'hébreu, et tous les documents officiels, la monnaie, les panneaux de la route et noms de localité sont en principe écrits dans les deux langues. Sans être politiquement un Etat binational, la binationalité est partout présente. Alors l'Etat d'Israël s'appelle officiellement aussi bien دَوْلَةْ إِسْرَائِيل que מְדִינַת יִשְׂרָאֵל.

Face au chiffre de 20% de citoyens israéliens arabes (donc Palestiniens de leur point de vue), dont le pays s'accommode relativement bien, on ne voit pas trop pourquoi un futur Etat palestinien devrait être "pur" de tout juif. Pourquoi les Juifs ne pourraient-ils pas jouir par exemple d'une double-nationalité?


Et on voudrait faire de tout cela deux Etats-Nation homogènes bien définis!

Une solution originale et créative est nécessaire. Avec une peu de bonne volonté et d'imagination - même si ce sont des denrées rares - rien ne devrait être impossible.

Yes, There must be another way!


Et en prime un livre très instructif

10 mai 2009

Bienvenue en Terre d'Israël


Une amie m'a proposé, avec quelques amis, d'être interviewé pour FR3 à propos de la visite du pape qui arrivera demain à Jérusalem.


La journaliste nous a demandé comment les israéliens voient ce pape. Je ne sais pas ce qui en sera diffusé (ce soir à 19h et demain à 13h). La télévision étant un écran superficiel - comme son nom l'indique - éloigné d'une vision réelle, je vais m'expliquer sur internet - comme son nom l'indique - de façon plus intime, entre-nous.


PapProposExplosifsJ'attend de cette visite qu'elle soit pour le Catholicisme une occasion de rupture d'avec le totalitarisme religieux.


Propos Explosifs?


J'espère que le pape et les pélerins qui commencent à affluer regardent Israël autour d'eux, et non la "Terre sainte" des images pieuses. Qu'ils voient la coexistence amicale, paisible et active des Juifs et des Arabes dans ce pays, telle que je la vis au jour le jour. Je leur dit: Voyez la tolérance religieuse totale qui règne ici comme jamais elle a régné, dans les églises, les mosquées et les synagogues de Jérusalem!


Donc je dis au Pape : Bienvenue en Terre d'Israël, terre de tolérance mutuelle, et non " bienvenue en Terre Sainte", si c'est la terre des croisades; ne venez pas non plus en "Terre de Palestine" si c'est terre du Jihad. Pour nous la  terre n'est pas sainte par elle-même, ne vaut pas le sacrifice d'une vie; bien au contraire, c'est ici à Jérusalem qu'Abraham a mis fin au sacrifice humain. La terre promise est tout au plus "Eretz ha-kodesh", "Terre de sainteté", celle que l'homme lui confère par le culte qu'il y rend à Dieu.


Je lui dis encore: Rompez avec le totalitarisme religieux, lequel vous partagez avec l'Islam! Il faut en finir avec le "hors de l'église point de salut".


Annulez donc votre autorisation de cette prière en latin du Vendredi Saint qui appelle les Juifs à reconnaître Jésus! Vous ne pouvez pas dire qu'il y a eu erreur, comme dans l'annulation de l'excommunication du prêtre négationiste, le pape doit connaître son missel! Entre l'unité avec les intégristes et la paix avec les Juifs, il faut choisir! Car que signifie "reconnaître Jésus" si ce n'est se convertir au christianisme? Jésus, selon les évangiles, ne demande rien d'autre à ses frères que ce que demande tout rabbin: soyez de bons juifs, faites la volonté de notre Père, accueillez son Royaume, qu'il vienne tout de suite.


benedictxvi_haltEt j'ajouterais: Vous qui êtes allemand et avez été jadis membre des Jeunesses Hitlériennes, vous devez être celui qui prend le plus de distances avec le poison du négationisme.


Benoît XVI à Auschwitz - 28 mai 2006.


L'Eglise de Vatican II était dans la bonne voie, ne remettez pas cela en cause! Elle reconnaît que l'Alliance de Dieu avec son premier-né Israël n'est pas révoquée; Il pardonne à son peuple, ne remet pas en cause ses promesses, y compris celle de la Terre. Il ne remplace pas la première Alliance par une nouvelle, mais élargit celle-ci pour y faire entrer tous les peuples païens. Si l'Eglise montre l'exemple en reconnaissant l'Election d'Israël, alors l'Islam pourra suivre aussi et la paix deviendra possible.


Renoncez à la béatification de Pie XII! Certes il a probablement sauvé beaucoup de Juifs, comme s'était son devoir, mais n'en a pas fait sa priorité, laquelle était la défense de l'Eglise dans la lutte contre le communisme. Son refus de condamner publiquement et explicitement l'extermination des Juifs durant la Shoa, le maintien des relations diplomatiques entre le Vatican et l'Etat nazi pour ménager l'épiscopat allemand, ne peuvent en faire un saint. S'il avait dit les mots qu'il faut, peut-être moins de catholiques allemands ou polonais auraient interprété ce qu'ils voyaient comme la punition divine du déicide, ou du "ne pas avoir reconnu Jésus".


La canonisation de Pie XII serait avant tout une façon de dire que l'Eglise a été parfaite pendant la Shoa. Mais face au "Golgotha du monde moderne" - selon les termes du pape Jean-Paul II - Pie XII n'a pas pris de risque en prenant parti au grand jour pour le camp de la victime comme il aurait pu le faire. Par contre les enjeux théologiques pour le christianisme sont clairs:


- Si le peuple de Dieu a été crucifié à Auschwitz, l'arbre de la croix ne cache-t-il pas la forêt des martyrs juifs?


- Que signifie la Passion si tant de Juifs ont beaucoup plus souffert que le Nazaréen?


- Si la Shoa est une Passion moderne, qui est l'Eglise? Rome la chrétienne n'est-elle pas restée malgré tout dans la continuité de la Rome impériale, persécutrice à la fois du Christ et de son peuple?


Palestine_crucifieePalestine crucifiée - revue palestinienne Intifada du 14 décembre 2000


Je rencontre parfois des catholiques qui viennent en visite ici. Ils viennent pour beaucoup soutenir les Palestiniens et sont souvent hostiles envers les Juifs. Pourquoi? Parce qu'à leurs yeux aveuglés par les médias et les apparences extérieures, les Palestiniens sont les victimes sans défense et Israël le puissant agresseur. Le Hamas et l'OLP manipulent habilement le sens chrétien de la miséricorde et de la compassion charitable. Et puis, si les Juifs sont les bourreaux et les Palestiniens le "Peuple souffrant" crucifié, plus de problème théologique!


J'ai vu Jérusalem en 2000-2003 devenir Bagdad. Sans ce mur qui sépare la ville des territoires palestiniens nous réciterions encore en ce moment la litanie des noms des victimes d'attentats tombés chaque jour. Les Palestiniens n'ont pas la vie facile, mais personne ne les menace d'extermination. Ce n'est pas le cas des Israéliens que l'Iran et ses prolongements - Hamas et Hezbollah - veulent et essaient d'éliminer. Les Palestiniens du Hamas restent de ce point de vue fidèles au fondateur de leur nationalisme: Amin Al-Husseini a directement collaboré avec Hitler pour qui il a organisé la Waffen SS musulmane, il était le conseiller de Himmler et de Eichmann pour la Solution Finale. Il a obtenu d'Hitler qu'il déclare illégal le foyer juif en Palestine, empêchant ainsi Hitler de déporter les Juifs au lieu de les massacrer. Les Etats arabes ont eu une responsabilité directe comparable dans la Shoa - contrairement à ce qu'en dit le président iranien - en poussant les Anglais à fermer les portes de la Palestine devant les rescapés de l'Holocauste, avec la publication du fameux "Livre blanc".


En acceptant le Plan de partage de 1947, en reconnaissant l'OLP et en signant les accords d'Oslo, le mouvement sioniste naissant et l'Etat d'Israël mature ont montré qu'ils acceptaient le partage de cette terre. Les sondages récents montrent que la majorité des Israéliens restent favorables à une solution à deux Etats, dans la mesure où elle ne les met pas en danger. Chrétiens, ne vous trompez pas de camp!


800px_Jerusalem_Dome_of_the_rock_BW_10Car sur cette terre doit être réparé le premier crime, celui du fraticide commis par Caïn. C'est là, je le crois fermement, le sens du conflit provoqué par le retour du peuple juif. Il y a ici place pour deux peuples et deux Etats.


Je dis aux chrétiens et aux musulmans: l'élection d'un frère ne nie pas celle de l'autre frère et son rôle complémentaire à découvrir. Notre discours sur D. n'est pas la vérité, il ne reflète que ce que l'humain peut en saisir par son esprit et ses traditions imparfaits. D. est la vérité - sa parole est création - et personne ne peut la saisir ni se l'approprier. Dans cette conception originellement juive se trouve la racine de la vraie tolérance. Méditez-la.

Jérusalem est duelle. L'unité est au-delà, à construire ensemble

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