22 décembre 2008

Identité nationale

Voilà bien longtemps que je n'ai alimenté mon blog. J'ai du mal à trouver le temps pour, il a fallu un article qui me fasse sortir de mes gonds pour cela!


Sur le site juif.org je suis tombé sur cet article "Identité nationale" auquel je me suis senti obligé de répondre.


Voilà qui m'a donné l'occasion de préciser ma position! Lisez donc tout d'abord cet article pour comprendre la réponse qui suit:
Il y a là un exposé très réussi de l'idéologie nationaliste et fasciste classique!
Alexis Carrel, le collabo de Vichy, Ernest Renan, un des fondateurs du racisme scientifique, Soljenitsyne dont le nationalisme s'accompagne d'un antisémitisme notoire, Hippolyte Taine l'inspitateur de Drumont ("La France Juive"), telles sont les références du nationalisme que vous préconisez pour Israël!
Et ce n'est pas par hasard: leur nationalisme, celui malheureusement de certains juifs égarés, est purement néo-païen: fusion idolâtre avec la terre-mère Patrie, naturalisme biologique, sacré immanent "dans" la société, enseignement de l'Histoire et propagande politique au seul service de la Nation, érection de la Nation comme seul critère politique ou moral…
Votre nationalisme est l'antithèse parfaite de la façon dont la tradition juive se comprend elle-même: les Hébreux ne sont pas un peuple "naturel". Ils se sont fait peuple en Egypte, au sein d'un autre peuple, leur existence nationale débute après que la terre a été partagée entre les nations. C'est pourquoi les Enfants d'Israël doivent justifier leur existence "nationale" – non pas par "la continuité physique et spirituelle" ou son appartenance à la terre des ancêtres de "l'humus humain" – mais par le respect du Droit et de la Justice, par l'établissement d'une société qui défend le faible du fort. L'existence nationale n'est que le moyen de réaliser ce but moral, elle n'est jamais pour la Torah un but en soi. Au contraire, le Shema fait dépendre la résidence sur la Terre d'Israël du respect de la Torah; l'Exil est compris comme la sanction réparatrice de son non respect.



Non, le converti au Judaïsme ne doit pas "s'assimiler" et assimiler la langue ou les mœurs du Peuple Juif selon le Judaïsme; il doit reconnaître la souveraineté du Souverain du Monde et accepter le joug de sa Loi. C'est ainsi que se définit le Peuple Juif dans sa tradition.



Je trouve dramatique et désolant que le nationalisme ethniciste et raciste du 19e siècle soit devenu l'idéologie identitaire de nombreux Juifs francophones et religieux d'Israël. J'essaie de comprendre ce phénomène sociologique. Est-ce une réaction mimétique face au lepénisme ? Il me semble plutôt que leur rejet fondamental de l'assimilation offerte par le pôle le plus républicain de l'identité française, celui des Droits de l'Homme, égalitaire et citoyen, les pousse vers son pôle le plus vichyste et maurassien du "Travail , Famille, Patrie" de "nos Ancêtres les Gaulois". Le sursaut identitaire qui a motivé leur alyah s'est aussi accompagné d'une phobie de "l'islamisation de la France" qui pousse dans le même sens…



Dommage, car cela empêche l'accès à ce qui est pour moi l'authentique identité juive, celle, mosaïque, du peuple des citoyens, le Peuple de l'Alliance et du Livre, qui a tant inspiré Rousseau. (Voir à ce propos cette excellente conférenceJean_Jacques_Rousseau sur Akadem)
Jean-Jacques Rousseau par Quentin de la Tour, 1753



Paradoxalement, le peuple qui "n'est pas fait comme les Nations de la terre, les Familles du sol" est universel dans sa particularité non païenne : son Roi est Souverain du Monde, et pour cette raison son regroupement actuel sur la Terre d'Israël depuis les quatre coins du monde peut lui aussi être interprété dans un sens universel : comme une "Sortie des Nations" qui annonce la formation de l'humanité pacifiée future.
Inversement, l'"identité nationale" telle que proposée par "Vision d'Israël" en fait un peuple païen "comme les autres", des autres qui en fait ne sont plus tels pour la plupart.



C'est l'avenir d'Israël qui est en jeu ici, entre ouverture universaliste ou repli identitaire archaïque, nationaliste et néo-paganiste.

9 septembre 2008

Gènes sans gêne

Une étude récente confirme ce que nous savions déjà: nos gènes déterminent des tendances, mais celles-ci peuvent être annulées, ou même inversées, par notre comportement.


Cette étude porte sur l'effet de l'exercice physique et de la présence d'un gène sur l'obésité.


Ce gène FTO, un "gène de l'obésité",  peut être absent ou présent en une ou deux copies parentales (allèles) chez un individu. En moyenne, les individus porteurs des deux copies ont 30% de "chances" d'être obèses. Mais voilà, chez les agriculteurs Amish étudiés ici, qui travaillent dur la terre avec des moyens primitifs, amishWorkla présence de FTO n'a aucun effet! L'activité physique annule le soi-disant déterminisme génétique.


Amishs au travail des champs


Si nous sommes génétiquement programmés pour grossir, nous avons le choix de déprogrammer avec trois ou quatre heures de vie physiquement active par jour, ou régime strict plus médicaments avec leurs effets secondaires, ou une combinaison de ces ingrédients.


En fait, c'est la définition même du gène comme "gène de l'obésité", qui est à revoir: ce n'est que dans le contexte de notre mode de vie - nourriture riche en hydrates de carbones et graisses,  consommée face à un écran hypnotisant - que ce gène induit la prise de poids. Dans un autre contexte, il est probable au contraire que ce gène confère un avantage à celui qui le porte, sinon la sélection naturelle ne l'aurait pas retenu; on peut supposer qu'il permet de mieux résister à la famine. Il faudrait alors l'appeler "gène anti-famine" ou "gène du jeûne"!


Une autre étude montre que pour les nourrissons qui présentent un taux élevé de pesticides dans le cordon ombilical, le risque de devenir des enfants obèses est doublé. Notre comportement toujours... en tant que complices de la société industrielle dans ce cas.


Donc non seulement l'effet d'un gène peut être compensé par notre comportement, mais la nature même de cet effet dépend de ce qu'on en fait et dans quelles circonstances. Il n'y a pas de mauvais gènes!


Disons-le haut et fort, à cette époque où chacun craint d'être violé dans son intimité, jusque dans son code génétique déchiffré, décodé, informatisé, "identifié": les gènes ne nous gênent pas! Viva la libertad!


Le Midrach ne dit rien d'autre:


Il part de ce verset de la Genèse, "Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance", qui est étonnant. Voilà que le Dieu-Un, qui a fait tout seul toute la création, se met à parler au pluriel quand il en arrive à créer l'homme! Un pluriel de majesté? Il n'y en a pas vraiment en hébreu. Un reste de mythe polythéiste que le rédacteur biblique aurait "oublié" par inadvertance? Ce n'est pas sérieux!


God2_Sistine_Chapel




Non, le fait que lorsque l'homme est en projet, le Créateur n'est plus seul, ne peut qu'être très significatif. Avec l'homme, apparaît le "nous". Le midrach (Ber. R. 8, 4) dit que Dieu a pris conseil de l'assemblée des Anges du Service pour créer l'homme. Pris littéralement, nous ne voyons pas vraiment l'intérêt de cette précision, et restons dans la mythologie. Si nous comprenons que les anges sont des forces spirituelles liées à l'âme humaine tout en dépassant l'âme individuelle - tels des valeurs fondamentales ou les archétypes de Young par exemple - cela devient beaucoup plus intéressant: l'homme est partenaire de Dieu dans sa propre création. Ce qui éclaire le sens du "à notre image": Le Créateur de l'univers créé un autre créateur, immédiatement mis à l'oeuvre, immédiatement associé à sa propre formation.


Et plus profondément, l'image c'est le symbolique, le language, qui sont à l'origine du "nous". Même seul face à son image dans le miroir, l'homme n'est pas seul: il y a lui et son image; il se dédouble, se juge et se fait.


Un autre commentaire joue sur la grammaire hébraïque. "Faisons l'homme", na'asseh adam, peut se lire autrement que comme un pluriel; c'est aussi le singulier du passif, qui a aussi sens de réflexif et se lit alors: "l'homme se fait". Ce commentaire va encore plus loin que le précédent: Dieu n'est plus en cause, l'homme se fait tout seul! Et en effet, dès la création de l'Adam, Dieu lui confie la responsabilité du jardin terrestre à "travailler et à garder" et va se reposer dans son Shabbath éternel.


L'identité de l'homme est l'oeuvre de sa vie, une oeuvre d'art à cultiver sans cesse, un chef d'oeuvre même, s'il en fait l'effort de chaque jour.

27 juin 2008

Chambre à gaz - Version globale

La chambre à gaz est la meilleure métaphore pour exprimer la réalité du monde dans lequel nous vivons:

Extérieurement, une chambre à gaz ne se distingue en rien d'une salle de douche. La seule différence: un MaidanekBadundDesinfektiondispositif caché permet, par simple pression d'une manette, de transformer instantanément la proprette salle de douche en salle d'exécution.


Maydanek. "Bain-douche et désinfection"


Depuis que des missiles balistiques à têtes nucléaires ont été installés au coeur de caches souterraines aux quatre coins du monde et qu'ils sillonnent furtivement le fond des mers dans les sous-marins, c'est la planète entière qui possède désormais ce double visage: une planète normale, jolie, regorgeant de destinations touristiques, qui en même temps, par une simple pression sur un bouton peut instantanément se transformer en enfer mortel. Une chambre à gaz globale, c'est ce qu'est devenue notre planète.

Dans les deux cas le même dispositif psychologique est à l'oeuvre: apparence tout à fait normale du lieu; présence dissimulée du moyen d'extermination qui permet de vivre normalement au lieu même de l'extermination sans s'en soucier; possibilité qu'a un individu de "lever le rideau" du décor d'une simple pression et exterminer en masse.

Il y a un lien historique direct entre ces deux types de chambre à gaz:

Les USA se sont lancés dans une course à la bombe A pendant la deuxième guerre mondiale pour ne pas être devancés par l'Allemagne hitlérienne.
Les Nazis étaient beaucoup plus avancés dans la création d'une
bombe atomique qu'ont voulu nous le faire croire les physiciens allemands; selon l'historien allemand Rainer Karlsch il semblerait même qu'Hitler ait devancé les alliés! Son livre: La bombe d'Hitler.


NagasakibombLe champignon nucléaire au-dessus de Nagasaki


Quoiqu'il en soit, en 1939 trois physiciens nucléaires, Leo Szilard, Edward Teller et Eugene Wigner, des réfugiés juifs hongrois, sont persuadés que les Nazis pourront construire une bombe atomique. Ils convainquent un autre réfugié plus connu qu'eux, Albert Einstein de signer une lettre au président Roosevelt pour lui faire prendre conscience de l'importance de créer une bombe atomique avant les Allemands. De là va naître le Projet Manhattan qui conduisit à la première bombe. En 1945 Einstein écrit au président pour l'en dissuader. Mais les américains s'en sont finalement servis pour faire tomber le Japon et mettre ainsi fin à la guerre. Einstein regretta publiquement d’avoir mobilisé les États-Unis au sujet de la bombe et milita pour un monde sans arme nucléaire.


L'annihilation de Hiroshima et Nagasaki avait pour but de terroriser en tuant des civils. C'est le premier attentat terroriste, et demeure le plus terrible commis jusqu'à aujourd'hui; en tant que tel il est injustifiable. Depuis nous vivons dans "l'équilibre de la terreur" et le terrorisme actif.

C'est la Corée du Nord qui est une des principales sources des capacités balistiques et nucléaires de l'Iran qui font du Moyen Orient une "chambre atomique" locale particulièrement "chaude". Les Nord-coréens ont expérimenté les armes chimiques dans des chambres à gaz sur des détenus politiques et leurs familles (voir: Les chambres à gaz de Kim Jong Il). Leurs missiles ont repris la technique des V2 nazis.  Ils ont développé un système concentrationnaire effroyable (voir cette excellente étude: Un goulag si discret... ).

Les Nord-coréens collaborent avec les Syriens dans le développement de leur arsenal d'armes chimiques. Israël est directement visé. Pas une de ses villes qui ne soit à portée des missiles de Damas.
Nous avons l'habitude, ici, de cette menace. Par deux fois déjà - lors des guerres du Golfe - nous avons dû
Hiroshima_aftermath isoler une chambre dans notre appartement et nous y enfermer, le visage dûment revêtu de masques à gaz. Ainsi chaque famille en Israël a construit dans sa maison une "chambre anti-gaz", à l'aide de feuilles de plastique et de scotch.



Hiroshima après


J'ai une tante qui est décédée d'une attaque cardiaque soudaine à la fin de la première Guerre du Golf. Son père a été gazé à Auschwitz. Nous ne saurons jamais si cette femme, profondément croyante et sioniste, n'est pas morte d'avoir vu sa famille de nouveau confrontée aux gaz mortels, en un court-circuit historique insoutenable.

La continuité historique et idéologique entre hitlérisme et khomeynisme via le communisme nord-coréen, est un fait. Le Juif, individuel ou sous forme d'Etat, demeure la victime de choix.
Il n'y a pas de solution de continuité entre les chambres à gaz nazies d'hier et la grande chambre à gaz globale d'aujourd'hui.

Quelles différences toutefois entre ces deux situations?

- La première différence est différence d'échelle évidente: la "chambre nucléaire" est globale - la mondialisation est passée par là aussi - et le dispositif exterminateur est éloigné géographiquement. Mais sa puissance ayant augmenté en proportion, la densité du danger reste comparable. Et comme la vitesse et la technique réduisent les distances, la planète est bien comparable à une chambre: un missile balistique passe d'un coté à l'autre de la planète en une demi-heure; un pays peut être partout grâce à l'ubiquité de sa flotte sous-marine et de ses bombardiers stratégiques.

La métaphore du "village global" m'apparaît bien dépassée: un village ne se réchauffe pas si quelques pollutioncheminées fument un peu trop; une maison, une chambre, si. Le réchauffement planétaire est donc le symptôme le plus clair de ce que la planète terre est devenue un réduit étouffant, une chambre à gaz globale.
A gaz vraiment?
Mais on ne parle que d'eux, les gaz à effet de serre! Vous n'aviez pas compris cela? B
ienvenue dans la chambre à gaz à effet de serre!

Vous trouvez que j'exagère? Je l'espère sincèrement.
Le réchauffement climatique pourrait s'accélérer en cercle vicieux et tourner en véritable scénario-catastrophe: le réchauffement provoque la libération du CO2 et du méthane emprisonné dans le permafrost arctique, ce dernier est un gaz à effet de serre 23 fois plus puissant que le CO2; la teneur de l'atmosphère en vapeur d'eau - autre gaz à effet de serre redoutable - augmente suite à l'évaporation accrue des mers; plus d'incendies de forêt, donc plus de CO2...  Puis vient le coup de grâce: les clathrates du fond des mers se mettent à libérer les gigatonnes de méthane fossile qu'ils ont accumulé au cours des ères géologiques.

Nul scientifique ne peut infirmer ce scénario ni le valider avec certitude. Selon le climatologue Hervé le Treut, "les hydrates de méthane ne sont pas pour l'instant intégrés dans les modèles climatiques" qui nous fournissent des prévisions sur l’ampleur du réchauffement climatique. Les modèles les plus alarmistes actuellement sous-évaluent probablement les dangers. La question la plus cruciale: Comment et à partir de quel stade du réchauffement celui-ci risque-t-il de s'emballer, n'a pas de réponse actuellement. Certains scientifiques pensent même que l'irréversible cercle vicieux est déjà amorcé... 

- La deuxième différence porte sur l'agent utilisé. L'ancien agent était chimique, relativement primitif: le fameux Zyklon B, du cyanure en fait. Aujourd'hui, nous avons toujours des agents chimiques, mais beaucoup plus puissants et pouvant être dispersés par obus ou missiles à longue portée: gaz VX, Sarin, Soman, ricin; des agents nucléaires, produit de fission ou fusion, extrêmement efficaces et bien adaptés au théâtre global; les gaz à effets de serre et la pollution chimique globale (mercure, etc.), qui sont produits involontairement et entraînent une mort lente et insidieuse.

- La troisième différence est la réciprocité des rôles bourreaux/victimes. Pendant la deuxième guerre mondiale, le monde était séparé en deux camps: d'un côté le troisième Reich, de l'autre le reste du monde, ses victimes potentielles. Aujourd'hui les camps sont autant de nations ou blocs nationaux figés en un "équilibre de la terreur". La "chambre à gaz globale" est compartimentée en sous-chambres nationales ou régionales cloisonnées. Chacun est en même temps bourreau et victime en puissance. L'idée que les forces opposées s'annulent en un "équilibre" donne une impression trompeuse de stabilité. Elle est un facteur supplémentaire de quiétude indifférente. On va jusqu'à parler de "paix nucléaire"!

Cela est vrai dans le monde entier, pour l'Inde et le Pakistan par exemple, mais pour Israël, face à l'Iran et ses bras terroristes, l'équation de la dissuasion réciproque apparaît faussée: l'idéologie suicidaire des bassijis; l'utilisation d'armes atomiques par des organisations terroristes qui utilisent des civils innocents comme bouclier vivant; la dissymétrie de taille entre Israël et l'Iran, dissipent l'illusion de la paix par la dissuasion. Il n'y a plus d'équilibre de la terreur, elle est d'un seul côté. Reste la possibilité impossible pour Israël d'utiliser sa puissance nucléaire à la Samson.
L'inefficacité des sanctions et l'absence de toute action militaire font que chaque jour rapproche la menace nucléaire iranienne envers Israël de sa concrétisation. Israël risque d'être contraint à agir contre l'Iran comme il l'a fait en 1981 en Irak (Osirak) et, récemment, en Syrie. Israël jusqu'à maintenant a réussi à empêcher la chambre à gaz atomique locale de se refermer sur lui.
Se faisant il contribue à contenir la prolifération nucléaire au Proche-Orient.

- La quatrième et dernière différence entre les deux formes de chambre à gaz, celles des camps d'extermination et la globale, porte sur la connaissance du danger par les victimes. Contrairement aux déportés qui pour la plupart ignoraient le sort qui les attendaient, nous sommes au courant, nous pouvons dénoncer le piège. Mais ce n'est pas si simple: le mécanisme exterminateur lui-même est dissimulé et se fait oublier facilement.
Nous sommes nés dans la "chambre à gaz globale", nous n'y avons pas été transporté. Nous n'avons jamais rien connu d'autre, sauf pour ceux nés avant les années 50. Les plus jeunes sont déjà les deuxième et troisième générations nées dans la chambre. L'habitude devient nature, donc cette situation est pour nous doublement normale: normalité spatiale des apparences plus normalité temporelle.
Celui qui la dénonce passe pour un paranoïaque, pour un fou, un anormal! Mais c'est le monde que nous avons produit qui est fou, mad comme on dit en anglais: MAD, pour Mutual Assured Destruction. La réciprocité et la confiance évoquées dans cette expression étaient jadis associées au commandement d'amour du prochain; les voilà remplacés par l'assurance de la mutualité dans la mort.
La marque de la folie de ce monde, c'est sa duplicité, son visage au masque souriant, qui d'un seul coup levé, révèle le rire hideux de la tête de mort.
Regarder en face ce double visage risque effectivement de rendre fou. Alors le commun des mortels, nous tous le plus souvent, fuyons, nous voilons la face.


Un biologiste américain prévoyant, Robert Shapiro, propose une fuite radicale: il a fait le projet d'une sorte d'arche de Noé sur la Lune ou Mars qui permettrait de sauver le patrimoine biologique terrestre et les acquis de la civilisation en cas de shoa globale. Comme un disque externe permet de faire le back-up du disque dur de votre ordinateur, le refuge extra-terrestre permettra de sauvegarder l'information biologique et culturelle de la planète.
Ce n'est pas demain  que cette solution sera mise en œuvre. Et puis nous risquons fort que soit copié aussi le virus destructeur sur le nouveau disque. Chacun voudra se garantir une part du refuge de survie; quoi de mieux que se la "sanctuariser" comme sur la bonne vieille terre?


Un cauchemar

Est-il possible de sortir de cette chambre à gaz, ou mieux, de la détruire? Comment faire munch_TheScream_bigpour retrouver l'air frais  et léger d'antan, quand aucune menace n'assombrissait le ciel?


Le cri, Edvard Munch - 1893



On a pu croire dans les années 70, avec les accords de limitation de leurs armements stratégiques SALT I puis II entre russes et américains, que nous étions sur la bonne voie. Mais en fait il n'était pas question d'aller au-delà d'une réduction d'armement, de faire des économies. De combien de bombes de 50 mégatonnes - 3000 Hiroshimas - avons-nous besoin? Pourquoi accumuler de quoi détruire la planète plusieurs milliers de fois? Quel gaspillage, alors qu'on peut se contenter - pour en être bien certains quand même - de la détruire une seule dizaine de fois!

Un cauchemar vraiment. L'équilibre de la terreur, une fois installé, s'avère indestructible. Même dans le cas totalement improbable où les deux camps se désarmeraient totalement et entraîneraient dans le mouvement toutes les plus petites puissances, subsisterait le risque qu'un Etat ou une organisation terroriste ait caché quelque part une bombinette. Il pourrait alors dominer le monde. Et même si toutes les bombes étaient vraiment détruites – c'est une expérience de pensée, nous ne rêvons pas - toujours restera la possibilité terrifiante que quelqu'un puisse reconstituer en secret son arsenal nucléaire, ce qui imposerait immédiatement de rétablir la fameuse MAD, la "Mutuelle Assurance de Destruction", pour franciser le sigle.

Quand on a mis les doigts dans l'engrenage de l'équilibre de la terreur, on en sort plus. Nous sommes coincés, nous sommes cuits. Car évidemment, on ne restera pas éternellement dans cet équilibre, surtout que le club des équilibristes n'est plus le cercle privé très sélect du début; maintenant n'importe qui s'y invite, même les pauvres.
Ça va sauter un jour ou l'autre. Ça DOIT sauter.

Il y aurait bien une solution en fait pour s'en sortir. Une seule. Mais elle semble encore très utopique aujourd'hui.
Pour la comprendre il faut bien voir d'où sortent l'arme de destruction totale d'une part, et la MADness de cet équilibre de la terreur, d'autre part. 


Le moyen de la destruction – le feu nucléaire - a en quelque sorte pour origine le désir d'Einstein, selon seseinstein460x276 propres termes, de "lire les pensées du Créateur". C'est en cherchant à découvrir les secrets de la création de l'univers et ses lois immuables qu'il a découvert la théorie de la relativité, et avec elle la fameuse équation E = MC2.

Albert Einstein, 1953

Mais le physicien ne prend-il pas symboliquement la place de Dieu? Contrairement à ce que pensait Einstein, nous ne pouvons connaître le monde tel qu'il est par lui-même, le réel objectif en soit. Nous ne pourrons jamais qu'aborder le monde révélé à notre perception. Il nous faut alors avec humilité réintégrer l'observateur humain subjectif, le pauvre mortel,  dans le système du monde.
La physique quantique a pris en compte une partie du problème en comprenant qu'en tant qu'êtres macroscopiques, nous ne pourrons jamais contempler de phénomène quantique pur. Nous sommes à jamais condamnés à n'observer que ses interactions avec la matière macroscopique.
L'observateur implicite aux théories physiques classiques contemple le monde depuis un point de vue éternel; il regarde les processus de la création cosmique vieux de milliards d'années alors que des hommes capables d'avoir un tel regard scientifique n'existent que depuis quelques milliers d'années. L'observateur scientifique est comme hors du temps, être divin transcendant au système.


En fin de compte, j'ai l'air d'insinuer que les élans prométhéens de la physique moderne devaient nécessairement être punis de destruction nucléaire.
"Tu as voulu connaître mes pensées à travers la création, Albert, que n'es-tu resté dans le Beth midrash à les découvrir dans ma Torah? Tu vas voir de quel feu je me chauffe!" aurait dit en d'autres temps le biblique Créateur du Ciel et de la Terre.
Non je ne vois pas là la punition d'un dieu vengeur jaloux de ses prérogatives. Loin de moi ces interprétations apparemment bigotes... Pourtant tout se passe comme si c'était le cas. Seulement il n'y a pas "punition" par un être transcendant, mais conséquence logique, directe et immanente.


Je vais donner un exemple plus récent de ce phénomène, tiré du dernier numéro de La Recherche (No 420, juin 2008). L'histoire semble anecdotique et même un peu loufoque, mais elle est très significative: un biologiste et un écrivain scientifique viennent de porter plainte contre le CERN. Ils l'accusentCMS_Higgs_event de risquer de détruire cet été la planète, et même l'univers entier peut-être!
Cet été va être mis en service le
LHC, un accélérateur de particules géant, destiné à étudier la matière à proximité du Big Bang. Autrement dit le but est de voir l'origine même de la création. Tentative incestueuse d'assister à la "scène primitive" dirait un psychanalyste.



Simulation de la désintégration d'un boson de Higgs

Et voilà la sanction immédiate: selon le biologiste et physicien Walter L. Wagner qui a porté plainte, la collision des protons envisagée risque de produire un micro trou noir artificiel qui pourrait engloutir toute la planète et même plus! Quoiqu'il en soit du sérieux de cette plainte, on ne peut écarter le risque qu'en augmentant toujours plus la puissance des accélérateurs de particules on finisse par produire une catastrophe. C'est apparemment ce qu'a pensé le tribunal de Haïti qui a jugé la plainte recevable.
Un autre risque serait la production de strangelets  dans le LHC qui pourraient faire entrer toute la planète en fusion...
La réponse du porte-parole du CERN qui se veut rassurant sur la fiabilité du LHC: selon les experts, la probabilité d'un tel événement est infime, donc négligeable.
La destruction du monde, négligeable!? Magnifique démonstration de responsabilité scientifique! Science sans conscience…


La surchauffe de la planète a au fond la même cause: la domination de la nature par l'homme-dieu aux appétits qui ne connaissent aucune limite, aucun shabbat pour s'y retrouver créature.

Souvent, dans le passé, des inventions scientifiques ont provoqué la panique du public non scientifique. Mais jamais la recherche n'avait fait craindre une disparition brusque et totale du globe terrestre dans sa totalité!
Cette histoire de procès en fin de monde, avec toute son  apparence anecdotique, est révélatrice d'une mutation  réelle de l'échelle des risques. En effet, peu doutent de ce que de futurs accélérateurs de particules encore plus puissants risquent de créer des trous noirs plus sérieux.


N'y a-t-il pas un stade auquel nous dirons: stop, cela suffit, ici il faut s'arrêter, cela devient trop dangereux?
Faut-il absolument expérimenter tout ce qui est possible? Peut-on ignorer toute limite?
Dans toute l'activité scientifique se trahit le désir des hommes de devenir des dieux, de détruire et créer des mondes, et surtout de se créer eux-mêmes et vaincre la mort. Ce but inconscient est patent en physique, en biologie ou en cybernétique.


Mais ce qui est le plus significatif est le lien de cause à effet entre connaissance de l'origine et destruction totale. Plus nous approfondissons notre étude des briques fondamentales de la matière, plus la quantité d'énergie en jeu se fait prodigieuse. La puissance nouvelle conférée à l'homme n'est à priori ni bénéfique ni maléfique par elle-même. Tout dépend de l'utilisation qui en sera faite, dit-on. Alors la science serait neutre?

Désolé pour les "progressistes" croyants du scientisme, mais il s'avère toujours plus facile de détruire que de construire. C'est une loi universelle; en physique elle s'appelle "second principe de la thermodynamique". Les énergies titanesques libérées sont tout d'abord mises au service des forces de destruction.

Un exemple: la découverte de la fusion nucléaire a tout de suite trouvé application dans la bombe H; par contre, nous n'arrivons toujours pas à maîtriser la fusion contrôlée qui pourrait régler tous nos problèmes énergétiques et de réchauffement climatique...

Les physiciens juifs
C'est bien malgré son auteur que la fameuse équation d'Einstein, équivalant masse et énergie, a conduit à la mise au point de la première bombe atomique à Los Alamos. Après les travaux pionniers de
Lise Meitner  et de son neveu Otto Frisch sur la fission, ce sont d'autres physiciens, Robert Oppenheimer, Leó Szilárd  l'ami d'Einstein et Enrico Fermi qui ont mené à bien, si on peut dire, cette tâche.


Le fait que la plupart des physiciens impliqués dans la création de la première arme nucléaire aient été juifs mérite réflexion. Question certes sulfureuse - étant donné l'usage qu'en font certains antisémites - mais que je ne veux pas éluder.
La bombe aurait été produite tôt ou tard sans l'aide des physiciens juifs, et même sans Einstein. De fait, le programme français mené par les
Joliot-Curie était le plus avancé avant-guerre. Leur cyclotron continua à fonctionner pendant l'occupation et sera utilisé par les Allemands. Quant aux physiciens en Allemagne même, ils touchaient au but. Mais si les physiciens juifs - eux mêmes formés à la même école allemande - n'avaient pas appartenu à la "race inférieure", s'ils étaient de "la race des seigneurs", ils n'auraient pas eu à fuir le nazisme. L'Allemagne aurait construit l'arme nucléaire en premier, vraisemblablement bien avant la fin de la guerre. Hitler n'aurait pas hésité alors à faire exploser ses premières bombes sur Londres, Moscou et New York. Il aurait vaincu le monde libre.


413px_Lise_MeitnerLa haine antisémite d'Hitler est donc ce qui l'a perdu. Grâce à elle les physiciens juifs européens ont émigré aux États-Unis, ce qui a ralenti le programme nucléaire du Reich. Il n'y a pas de doute que leur rage de battre Hitler et leur sentiment de l'urgence ont beaucoup contribué à ce que les USA gagnent la course à l'atome et donc à ce que les démocraties soient sauvées.


Lise Meitner, 1928. Une femme physicien? Son collaborateur Otto Hahn reçu le prix Nobel de physique qui lui revenait.


Mais c'est Hitler qu'ils visaient. Roosevelt s'est servi d'eux, avec méfiance en plus, car ils étaient communistes pour la plupart. Hiroshima et Nagasaki en firent les premiers opposants au nucléaire. Dans ce but Einstein et Szilárd fondent en 1946 le Comité d'urgence des scientifiques atomistes.


Nous avons étudié des moyens de produire l'annihilation, la Vernichtung, nucléaire totale; voyons maintenant sa cause profonde et comment l'éviter.


Le mal et son remède

Les États semblent se menacer mutuellement de destruction de façon essentielle, de par leur nature même. Tout Etat qui resterait sans armée baisserait la garde et serait aussitôt attaqué par son voisin.
Ce n'est pourtant plus vraiment le cas des États européens entre eux; ce n'est assurément pas le cas des États d'une fédération, tels les États du Brésil ou des USA, qui n'ont pas besoin de dissuasion ou d'équilibre de la terreur pour se côtoyer paisiblement et collaborer ensemble à la richesse de l'Etat fédéral.


Dès lors, nous avons identifié le mal et son remède: la souveraineté étatique est le grand responsable. Elle doit être annulée dans la souveraineté d'un cadre englobant plus grand.
En effet, la souveraineté d'un Etat signifie qu'aucune loi extérieure à lui ne peut venir le limiter. M10120Potentiellement tout Etat se doit de dominer le monde entier pour assurer sa pérennité. La souveraineté est universelle, totale et exclusive par nature.



C'est l'idole-roi Moloch, toujours assoiffée de chair fraîche humaine. Seule une autre idole, une autre souveraineté étatique peut la limiter en menaçant son existence même. D'où l'équilibre de menace de destruction réciproque qui règne entre les Léviathans. L'équilibre annihilateur nucléaire n'est qu'une expression de ce dernier. Il permet - c'est le terme consacré - de "sanctuariser" le territoire national. Chaque pays "qui a la bombe" est la Terre Sainte du dieu Atome, le Feu de Moloch, que servent les grands prêtres de l'Etat.
Pour la vraie Terre Sainte cette sanctuarisation ne fonctionne pas - bien sûr. Les deux peuples juif et palestinien, dont les souverainetés se nient mutuellement, sont bien trop imbriqués géographiquement pour qu'une bombe atomique soit d'une utilité quelconque... Ce sont eux, j'en suis convaincu, qui apporteront la solution. Nous en parlerons à une prochaine occasion.

La transformation de la chambre à gaz planétaire en résidence de rêve – si elle se fera - ne se fera que par l'établissement d'une Fédération Mondiale.
Ce n'est pas par hasard si Einstein préconisait la création d'un État mondial. Il a suscité la maladie et aussitôt concocté son remède.

Nous n'avons plus le choix. Il faudra que chaque peuple renonce mutuellement et de façon concertée à sa souveraineté étatique au profit d'un souverain du monde. Toute menace nucléaire sera éliminée comme par enchantement. Et seul un tel cadre fédéral donnera les moyens de juguler le réchauffement global.
L'existence de chaque Etat au sein de la fédération sera garantie par la constitution mondiale. La synergie des différentes cultures et économies, ainsi que les avantages incommensurables qui résulteront de la paix universelle, rendront inutile la répression de toute sécession et interdiront un retour en arrière.


Le Souverain du  Monde, Ribono shel olam, Rabb el alamin, n'est autre que le Créateur du Monde comme nous l'avons montré précédemment, et cette fédération mondiale sera sa création ultime. C.Q.F.D. Hallelouyah!

Connaître Ses pensées, les secrets de la création, oui. Mais il faut au préalable Le reconnaître, renoncer à prendre sa place pour devenir – à son image – des créateurs de mondes nouveaux. Ainsi prendra fin l'Histoire des peuples et de leurs guerres.

Faire reconnaître Le Souverain du Monde par toutes les nations est tout d'abord le rôle du peuple sorti d'Egypte. C'est à la nation des prêtres d'établir le trône du Roi des rois. Quand ils se font membres d'autres peuples, oubliant leur mission, ils s'autodétruisent.  Quand ils s'occupent d'autres choses que de leur sacerdoce, l'humanité chancelle. Malheureusement la catastrophe devra être frôlée pour que soit révélé le salut.

La suite? Cela, même les prophètes ne l'ont pas vu!

11 juin 2008

Pour se faire plaisir

Pour les 60 ans de l'Etat d'Israël plusieurs chefs d'Etat ont prononcé des discours plus que chaleureux à l'égard de notre pays. Est-ce dû en partie à la montée du danger terroriste un peu partout dans le monde? Peu importe, faisons-nous plaisir!


Je cite ici le discours du premier ministre canadien Stephen Harper que m'a communiqué mon ami


8 mai 2008


Toronto




20080508_israel_1Merci de cet accueil chaleureux. Merci, Ivan de cette aimable présentation. Monsieur le Consul général, Monsieur le ministre Flaherty, honorable Chef de l’opposition, chers collègues des législatures fédérale et provinciale, membres de la United Jewish Appeal Federation, Mesdames et Messieurs, je suis très honoré de participer aux célébrations entourant ce soir le soixantième anniversaire de la fondation de l’État d’Israël.


C’est vraiment pour moi un honneur de prendre part à la célébration de ce soir. Israël a toujours été pour moi un symbole – un symbole du triomphe de l’espérance et de la foi. Après 1945, le monde dévasté dans lequel nous vivions avait désespérément besoin de se sortir de la désolation et de l’obscurité dans lesquelles l’avait plongé la guerre. Après tant de peine et de souffrance, l’humanité avait besoin de réconfort et d’un vent d’optimisme. Après tant de morts et de destruction, nous avions besoin de nous forger un nouveau rêve : celui d’un monde meilleur et plus civilisé. Nous avions besoin d’une source d’inspiration. Et c’est le peuple qui avait le plus souffert qui a été cette source. En prêchant par l’exemple, il a mené le monde vers la lumière. Venant de l’Europe dévastée et d’autres pays sur la planète, les descendants d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ont pris la route pour rentrer chez eux. Leur pèlerinage était l’aboutissement d’un rêve vieux de deux mille ans, un tribut à la quête insatiable de liberté de l’humanité, un testament à la volonté invincible du peuple juif.


Ces soixante dernières années, Israël est devenu l’un des pays les plus prospères du monde, une terre où l’on cultive l’ingéniosité et l’esprit d’initiative, une oasis qui rend hommage au génie agricole de ses habitants, une source inépuisable d’art et de haute culture, un modèle de démocratie. Israël est, à n’en pas douter, le « miracle du désert ».


Mais, à mon avis, Israël puise sa force et sa réussite parce qu’il est voué aux valeurs universelles de tous les peuples civilisés et que sont la liberté, la démocratie, les droits de la personne et la primauté du droit.


J’espère pouvoir me rendre bientôt en Israël pour constater le « miracle » de mes propres yeux. Pour voir comment des millions de gens de tous les coins du monde avec leurs langues et traditions si différentes se sont regroupés pour bâtir un pays moderne, prospère, vibrant et démocratique. C’est un pèlerinage auquel je rêve depuis bien longtemps et auquel je tiens encore plus depuis ma visite d’Auschwitz au printemps dernier. Je veux voir personnellement ce que les survivants de l’holocauste et leurs descendants ont accompli. Car ils symbolisent au plus haut point – et comme cela n’a jamais été vu dans l’histoire de l’humanité – la résilience et le renouveau. Je veux aussi transmettre en personne le message d’appui inébranlable du Canada envers Israël.


Malheureusement, à 60 ans, Israël demeure un pays menacé – menacé par les groupes et les régimes qui nient jusqu’à ce jour son droit d’exister. et pourquoi? Ne nous y trompons pas, au-delà de rationalisations à peine voilées, ils détestent Israël, tout comme ils détestent le peuple juif. Notre gouvernement estime que ceux qui menacent Israël menacent par là même le Canada. Car, comme nous l’avons vu pendant la dernière guerre mondiale, le sectarisme alimenté par la haine et dirigé vers quelques-uns est finalement une menace pour tous. On doit donc s’y opposer, où qu’il se manifeste.


Dans cette bataille incessante, le Canada se range de tout cœur aux côtés de l’État d’Israël, notre ami et allié dans la famille des pays démocratiques. Nous nous sommes portés à la défense d’Israël quand cette démarche n’était pas très populaire et nous continuerons de le faire, comme je l’ai promis.


Nous espérons tous – et prions pour cela je le sais – qu’un jour la liberté, la démocratie, les droits de la personne et la primauté du droit seront des réalités pour tous les peuples du Moyen-Orient.


La consécration de ces valeurs est le meilleur moyen d’assurer une paix durable à la fois pour les Israéliens et les Palestiniens. Les fondements d’un avenir pacifique existent. partout en terre sainte, chacun, quelle que soit sa religion veut ce que nous voulons tous et toutes, à savoir un lieu sûr où vivre, des possibilités d’avancer, une bonne vie pour les enfants et un avenir pour les petits enfants. Alors que nous sommes réunis ce soir pour célébrer les premiers soixante ans de l’État d’Israël, prenons tous la résolution qui est la nôtre, à titre de Canadiennes et de Canadiens, de faire notre possible pour appuyer les Israéliens et leurs voisins dans leur quête d’un avenir meilleur.


La route sera parsemée d’embûches, mais si l’on songe au chemin qu’Israël a parcouru en si peu de temps et face à des obstacles apparemment insurmontables, aucune force ne pourra – je crois – réussir à assombrir les perspectives de liberté et de démocratie que fait briller ce pays.


Joyeux 60e anniversaire.


Merci beaucoup.


Shalom.


Stephen Harper

4 juin 2008

Groupe-pétition sur Facebook

Voilà un moment que je n'ai pas publié de message. Ce n'est pas par manque d'inspiration! J'étais en fait occupé à créer un groupe sur Facebook en réponse à la question de Bernice sur mon dernier message "Les affaires sont les affaires".


C'est une première étape pour exercer des pressions sur le Ministère de la Défense afin de l'amener à utiliser un des systèmes de défense anti-roquettes américains: d'abord constituer un groupe suffisamment important autour d'une pétition, puis l'adresser au gouvernement et aux députés de la Knesset. Je compte surtout sur les députés de l'opposition qui n'ont pas encore réagit à ce scandale. Par la suite on pourra envisager de manifester.
Alors je vous invite à joindre ce groupe "Israel Government, protect your Citizens, not RAFAEL!" et à le faire connaître de vos contacts.


A bientôt!


Yehuda

23 mai 2008

Les affaires sont les affaires

Enfin cette bonne nouvelle dans Haaretz d'avant-hier:


Contrairement à sa précédente décision d'il y a un an déjà (4 juin 2007), le ministère de la défense a finalement décidé de tester le système anti-roquette Vulcan Phalanx. Le ministre avait préféré alors le système de la société israélienne Rafael "Iron Dome" qui n'a pas encore fait ses preuves, coûtera des closein_weapon_systemmilliards de shekels, et ne devrait être fonctionnel qu'en 2011! Les habitants de Sdérot et des Kibboutz environnants n'avaient qu'à s'armer d'un peu de patience! Et d'ici là, les Palestiniens auront trouvé autre chose...


Le système Vulcan Phalanx


Le système Phalanx produit par la société américaine Raytheon, lui, est parfaitement opérationnel et peut être immédiatement mis en place. De plus il est relativement bon marché (8 à 15 millions $) et ses munitions aussi. Chaque missile lancé par "Iron Dome" coûtent de 30 à 50,000 dollars alors qu'un Kassam ne coûte presque rien!
En fait on a appris ensuite, bien après que le "Dome de fer" soit approuvé, qu'il ne pourrait pas protéger Sdérot car elle est trop proche de Gaza. On a envisagé de créer une zone tampon pour que les tireurs soient à la bonne distance... (
Haaretz).


Le système de défense rapprochée Vulcan Phalanx  a été à l'origine mis au point pour la marine et donne satisfaction depuis plusieurs décennies. Sauf dans la dernière guerre du Liban lorsqu'une corvette porte-missile israélienne Saar-5 a été touchée par un missile. Mais le Phalanx n'avait pas été mis en route!


La version terrestre plus récente s'appelle le système C-Ram. La batterie se compose d'une mitrailleuse lourde à tir ultra-rapide (6.000 projectiles à la minute) couplée à un système radar. Une fois un missile détecté, les canons créent un rideau d’acier de balles volant à la vitesse d'un kilomètre par seconde - quatre fois plus vite qu’un Kassam. Selon les rapports américains le système est d'efficace à 80 % contre les missiles  et obus de mortier.


Ce système est bien assez bon pour les États-Unis et les forces armées britanniques et canadiennes qui emploient le Phalanx pour protéger leurs bases en Irak et en Afghanistan. Mais le plus convainquant est queC_ram les américains s'en servent pour défendre toute la zone verte, la zone gouvernementale de Bagdad.


Le système terrestre C-RAM


Mais le ministre israélien voit les choses d'un autre oeil. Cela fait environ un an maintenant que des experts indépendants et des spécialistes de Tsahal avaient essayé de convaincre Ehud Barak. Cependant, l'idée a été constamment rejetée par le ministère de la défense.


Un autre spécialiste en balistique dont j'avais lu un article il y a quelques mois, le Dr. Nathan Farber, avait essayé de convaincre le ministère depuis longtemps, sans succès. Je m'étais dit alors les spécialistes du Ministère doivent savoir de quoi ils parlent...


L'explication officielle du rejet reste dans le flou: "après étude les experts ont conclu que le système ne satisfait pas les besoins de défense d'Israël contre des mortiers et des missiles Kassam".
Des sources au ministère ont ensuite expliqué que le système ne convient pas pour Sdérot parce qu'il ne peut protéger que des zones de quelques centaines de mètres carrés seulement.



On nous prend pour des imbéciles? La Green Zone de Bagdad à une surface de 10 km², ce n'est pas si petit! Et la base militaire de Zikim, près d'Ashkelon - où avant-hier encore un soldat a été blessé par un tir de mortier - elle est aussi trop grande pour être protégée? Et les kibboutz qui jouxtent la frontière?


D'après Uzi Rubin, un spécialiste des missiles et ancien responsable du Ministère de la Défense, quatre batteries C-RAM  - pour 15 million $ pièce - pourraient défendre Sdérot de façon efficace contre les roquettes Kassam. Cela aurait pu être fait depuis des années. (Voir ce site militaire). Pour comparaison, le renforcement en béton des 8000 maisons proches de Gaza que le gouvernement a été contraint d'approuver il y a peu coûtera près de 100 millions $.


Un autre système américain qui a été rejeté est un système laser nommé "Skygard" de Northrop Grumman. 100% efficace, moins cher que le système de Rafael et pouvant être mis en place plus rapidement. Le ministère de la défense n'a pas daigné répondre aux propositions des américains.
Lorsque le directeur général du ministère de la défense décide l'année dernière d'aller voir sur place aux USA le système laser, "on" fait passer dans les médias israéliens une fausse information: la plupart des essais ont échoué. En fait il n'y a eu aucun essai et ne devait pas y en avoir. (omedia.co.il, aujourd'hui). Les défenseurs de l'industrie bleu-blanc sont vraiment très efficaces... 



Une batterie C-RAM a finalement été commandée aux USA pour la tester contre les mortiers et Kassams tirés depuis la bande de Gaza. Toutefois, on ignore quand elle arrivera en Israël. On raconte que le directeur général du ministère, Pinhas Buchris, aurait pris cette décision malgré l'opposition de plusieurs haut-fonctionnaires.


Idf_saar5_hit3
Le vaisseau Saar-5. Un missile chinois tiré par des experts iraniens l'a touché depuis la côte libanaise


Début mars, une délégation des fonctionnaires du ministère de la défense et des officiers de l'Armée de l'Air est allé aux USA évaluer le Phalanx. La délégation a conclu que "le système pourrait fournir au moins une réponse partielle à la menace venant de Gaza".


L’année dernière ce n’était pas suffisant?


Visiblement il y a d'autres raisons qui ont fait préférer le projet de Rafael malgré son coût.


Une première hypothèse est une mesure de rétorsion contre les américains qui ont refusé d'acheter le système israélien de  protection active de blindés TROPHY produit par Rafael.


L'autre hypothèse est plus probable mais j'ai du mal à l'envisager: si le système C-RAM s'avérait suffisant pour contrer les roquettes Kassam, on risquerait de ne plus avoir besoin du Iron Dome et le gouvernement aurait du mal à justifier son achat. Et si au contraire celui-ci avait l'occasion de prouver son efficacité à protéger la population du Néguev Occidental, ce serait un argument de vente inestimable pour son exportation vers tous les théâtres de combat.


Ce qui me rend d'autant plus suspicieux - outre notre manque maintenant chronique de confiance envers la classe politique - est la façon dont les décisions ont été prises: parmi les membres du panel d'expert qui a approuvé le projet et lui a alloué un fond de recherche d'un milliard de shekels se trouvait Yedidya Ya’ari, un proche d'Ehud Olmert et PDG de Rafael Armements! (Haaretz).


Olmert avait nommé son ami Ya'ari dans la Commission Winograd qui a enquêté sur la seconde guerre du Liban. Le Conseiller juridique du gouvernement, Menahem Mazouz, a annulé sa nomination une semaine plus tard pour conflit d'intérêt. Rafael, en effet, est une compagnie gouvernementale, ce qui plaçait Ya'ari dans la dépendance d'Olmert.


L'opinion publique israélienne, écoeurée par les effluves nauséabondes des "affaires" que laisse Olmert dans son sillage, n'est pas encore vraiment au courant. Le mépris de la direction politique et militaire du pays pour sa population civile était patente durant la deuxième guerre du Liban. Ce nouveau scandale le confirme encore d'avantage.
S'il s'avère que la population de Sdérot subit depuis huit ans un des pires traumatismes qu'une population civile ait connu pour les intérêts du complexe politico-militaro-industriel, les réactions risquent d'être très dures.

20 mai 2008

Guerres inutiles / Guerres utiles

Le film de l'Israélien Ari Folman - Valse avec Bachir (Waltz With Bashir) - reçoit des critiques élogieuses et est pressentit pour les Palmes d'Or à Cannes. Je n'ai vu que la bande annonce, les premières images et quelques critiques, mais ce film d'un genre nouveau, un des premiers long-métrages documentaires d’animation de l'histoire du cinéma, m'a tout de suite enthousiasmé.


DanceBashirOutre la valeur purement artistique de ce drame psychologique, l'apport essentiel du film tient dans sa démystification de la guerre. Dans la foulée de "Beaufort", il met en scène la guerre dans sa banale et absurde cruauté; des soldats y sont jetés sans raison valable, antihéros qui subissent les évènements sans les comprendre. Un film à l'opposé de toute l'esthétisation hollywoodienne de la guerre.


Je me réjouis du succès de ce film qui reste dans le droit fil de l'éthique juive: tel Jacob qui selon le Midrach prie - avant le combat contre son frère Esau qui approche, entouré d'hommes en armes - "Que je n'aie pas à tuer et que je ne sois pas tué" et fait tout pour apaiser son frère; ou comme la coutume de ne pas chanter le psaume du Hallel en entier au Seder de Pâques parce qu'il ne faut pas se réjouir de la mort des Égyptiens, dans l'esprit de Proverbes 24:17: « Lorsque ton ennemi tombe, ne te réjouis pas ; s’il succombe, que ton cœur ne jubile pas ».


Puis je surfe encore pour voir ce que l'auteur lui-même dit de son film. 


Elizabeth Tchoungui a interviewé Ari Folman sur France_24. Il explique que son but était d'abord de traiter son stress post-traumatique dû à la première guerre du Liban, en 1982, puis l'espoir de faire passer leur engouement pour la guerre à au moins quelques jeunes. "Les guerres, la guerre, n'importe où, sont inutiles... rien de bon ne peut en sortir" conclue-t-il.


Je suis déçu. C'est exactement la douce musique que les oreilles européennes veulent entendre. Ah, c'est tellement tentant de plaire encore plus aux admirateurs et de les caresser dans le sens du poil, pour être ensuite ovationné sur les tapis rouges de Cannes.
Autrement dit ce n'était pas la peine de faire la guerre à Hitler, il fallait laisser les Serbes continuer à massacrer en paix, il aurait fallu laisser le Koweït à Saddam, à quoi bon Israël se défend-elle contre le Hezbollah ou le Hamas...



Que Folman exploite ainsi son traumatisme de la guerre du Liban est d'autant plus dommage que celle-ciwaltzwithbashir précisément a été sanctionnée de façon différentielle sur sa légitimité: Sharon, alors ministre de la Défense, avait mandat du gouvernement pour repousser l'OLP à 40 km à l'intérieur du Liban. Toute la population du Nord d'Israël était bombardée depuis cette zone.  Jusque-là il s'agissait d'une guerre de légitime-défense parfaitement justifiée, et légitimée par un gouvernement démocratique lui-aussi parfaitement légitime.


Ensuite, ce n'est plus le cas: Sharon - désobéissant délibérément aux décisions du gouvernement de Menahem Begin - lança de son propre chef tanks et avions sur Beyrouth pour en déloger Arafat.  Bachir Gemayel  assassiné par un agent syrien, Sharon entre dans Beyrouth-Ouest. Le film se termine là: les Forces Libanaises - alliés d'Israël alors - se vengent de la mort de leur nouveau président et en profitent pour "nettoyer" à leur façon le camp palestinien de Sabra et Shatila.


La commission Kahan qui enquêtera en 1983 a montré que les Forces libanaises sont les seules directement responsables du massacre. Elle retiendra une responsabilité indirecte, morale, non juridique, pour Menahem Begin et exigea le limogeage d'Ariel Sharon, en ce qu'il n’a "pris aucune mesure pour surveiller et empêcher les massacres".
L'armée israélienne aurait-elle dû se douter de ce que les phalangistes chrétiens, entraînés par elle, risquaient de lui désobéir et de s'en prendre aux civils et non uniquement aux terroristes de l'OLP? Des soldats israéliens ont-ils été témoins impassibles des massacres et des viols, ou étaient-ils trop loin pour distinguer des civils de terroristes ou pour voir quoique ce soit? (voir
l'article de l'Arche
) Et quid de la responsabilité de l'OLP qui avait truffé le sous-sol des quartiers de Sabra et Shatila de galeries bourrées d'armes et qui n'avait pas retiré tous ses combattants? Et celle des forces internationales franco-italo-américaines, qui étaient garantes de la sécurité des populations civiles et se retirent plus tôt que prévu? Ou pire, le refus de l'armée libanaise elle-même d'intervenir?


Si le film se contentait de critiquer cette partie de la guerre, je comprendrais, quoique cela ne serait pas bien intéressant: les 400,000 israéliens qui sont alors descendus dans la rue, le gouvernement qui a nommé la commission d'enquête qui a renvoyé Sharon à ses moutons pour de longues années, Begin qui a démissionné et finit sa vie reclus dans son appartement, n'ont pas de leçon à recevoir d'un cinéaste à l'âme particulièrement sensible.
Quant à se lancer dans de grande tirades sur la vanité des guerres quand on vit dans un pays qui serait dévoré par ses voisins au moindre signe de faiblesse...



Faire la distinction entre ces deux guerres au sein de la guerre du Liban, c'est cela qui était important et qui est gâché par l'état d'esprit de cette Valse avec Bachir.



Folman donne une autre interview en hébreu sur YNET qui est un peu différente: à la fin de ses périodes de réserve il y a cinq ans, il suit une psychothérapie dans le cadre d'un essai thérapeutique. C'est alors qu'il comprend  qu'il doit faire ce film. Le but: "Entre-temps ma femme et moi avons amené trois enfants dans ce monde [...] quand ils grandiront et verrons le film, peut-être qu'il les aidera à prendre les bonnes décisions, c'est à dire ne participer à aucune guerre".
Est-ce à dire que Folman appelle à la désertion? Ou tout simplement à quitter le pays et aller se planquer en laissant dans le pire des cas les goyim s'entre-tuer dans leurs guerres stupides?



Mais peut-être suis-je trop dur avec Folman, moi qui n'ai fait aucune guerre? Après tout on peut penser qu'aucun État ne vaut la peine de sacrifier ses enfants pour lui. Peut-être suis-je influencé par tous ces commentaires de talkbackistes israéliens de droite qui vitupèrent contre "ces gauchos d'artistes dévorés par leur haine d'eux-mêmes, quand ils ne font pas qu'exploiter l'antisémitisme des milieux intellectuels de gauche tiers-mondistes pour se faire une carrière en Europe sur le compte d'Israël qui en plus finance leurs travaux..."


Car son traumatisme est réel; ce sentiment de culpabilité qui a gommé cette époque de sa mémoire mérite d'être respecté. C'est une courageuse tentative de thérapie par un film d'animation / réanimation (j'ai emprunté ce jeu de mot) du souvenir qui nous offre ce film et les magnifiques illustrations de David Polonsky.


Cette culpabilité - ne serait-ce que d'être associé de loin à une boucherie - mérite qu'on y réfléchisse.
Mais pourquoi cette culpabilité chez un soldat qui personnellement n'a commis aucun massacre?



Le Monde commente: "Valse avec Bachir est un film sur la peur et sur la culpabilité qui ose montrer ces soldats israéliens comme victimes [...] ils n'ont pas participé aux massacres mais ne sont-ils pas suspects d'avoir endossé le rôle des nazis durant la seconde guerre mondiale, se demande Folman. Leur chaos psychologique met en effet en regard Sabra et Shatila et le ghetto de Varsovie."



Voilà, nous retrouvons le nazisme "en regard" d'Israël. Dans un message précédent j'ai montré un exemple de documentaire télévisé patriotique qui voit dans la puissance militaire israélienne la réponse à Hitler. Si le patriote israélien se veut aussi fort qu'Hitler, le pacifiste qui dénonce le patriotisme se doit de dire "nous ressemblons aux nazis".
Dans les deux cas la réaction est délirante. Hitler et le nazisme ne sont plus là. Israël - justement - a plutôt bien réussi jusqu'à aujourd'hui à relever le défi d'avoir à recourir fréquemment à la force militaire sans trahir ses valeurs éthiques juives et démocratiques. Pourtant ses ennemis font systématiquement tout pour que le soldat israélien soit dans la position de  l'Occupant qui opprime des civils.


Tant qu'une solution politique ne sera pas adoptée par les camps en présence, Hamas, Hezbollah et Iran y compris, ou tant que le Messie ne sera pas arrivé, il faudra se salir parfois les mains dans des guerres défensives et justifiées, des GUERRES UTILES. Car tant que le monde restera soumis au règne des Etat-Nations, les Juifs auront besoin du leur pour essayer d'exister en tant que peuple, avec toutes les contradictions que cela implique. Mais c'est une question trop vaste pour en traiter ici.



Folman définit son film comme parfaitement apolitique. Dire que toutes les guerres sont inutiles, ce n’est pas politique? La désinformation médiatique dont nous sommes coutumiers a fait porter sur Israël toute la responsabilité du massacre de Sabra et Shatila (voir sur Le Monde Diplomatique). Déjà le Guardian (Folman's confession thrills Cannes) voit dans ce film le mea culpa d'un soldat israélien. Est-il permis, dans ce contexte, de s'offrir de telles compassions nombrilistes et apolitiques?


Aucun responsable libanais des nombreux massacres (Damour, Chekkra, Mont-Liban, Karantina, Tel Al-Zaatar...) qui ont émaillé la guerre civile n’ont été inquiétés. Tous ont été automatiquement amnistiés. Tant pis pour les familles des victimes. Le Liban soubresaute en ce moment. Ses charniers ne sont-ils pas encore digérés? Le commandant des Phalanges Chrétiennes qui a dirigé le massacre de Sabra et Shatila, Elie Hobeika, est même devenu ministre après la guerre, en 1990, dans un gouvernement dirigé par un certain… Rafic Hariri. Ministre de quoi? Ministre en Charge des Réfugiés. Mais quel humour, ces Libanais!

15 mai 2008

Une catastrophe climatique, c'est naturel?

Je suis las de lire partout cette expression "catastrophe naturelle".


Est-ce le séisme qui tue, ou la décision administrative de construire sur un terrain sismique? Les soubresauts de la terre du Sichuan sont-ils les assassins des enfants enterrés vifs sous leur école, ou les entrepreneurs qui n'ont pas respecté les normes antisismiques ? Est-ce le typhon qui tue, ou la corruption des autorités locales qui a donné l'autorisation de construire dans une zone inondable? Les eaux du fleuve Irrawaddy sont-elles coupables, ou la junte militaire birmane (avec l'aide de la France et Total) qui préfère consacrer la moitié de son budget à l'armée, plutôt que construire des digues ou investir dans un système d'alerte précoce?


Lors d'un séisme de la même puissance au Japon il n'y aurait pratiquement pas eu de victime.  Le gouvernement chinois dispose du plus grand excédant budgétaire au monde; il envoie des hommes dans l'espace et se prépare à conquérir la Lune. La vraie question est combien vaut pour lui la vie d'un paysan chinois?
050830_katrina_hlrg_10ahlargeLe cyclone "Katrina" a fait environ 100 fois moins de victimes





que "Nargis", malgré l'inadaptation coupable des digues et une ville construite jusqu'à 6 mètres sous le niveau de la mer. Cela parce que les autorités de Louisiane, contrairement à celles de Birmanie, ont évacué leur population.


Pourtant nos journaux continuent de façon automatique à parler de catastrophes "naturelles". Ils personnalisent le séisme, le typhon baptisé "Nargis", en écrivant qu'ils ont "dévasté des régions entières"; même des ouvrages artificiels sont dotés de personnalité et d'intentions: le barrage de Zipingpu "menace d'engloutir" la ville de Dujiangyan, nous dit Le Monde aujourd'hui. Ailleurs, c'est le typhon qui est le sujet de toutes les actions: "il touche" telle localité, "il transforme" telle autre en véritable zone de guerre.


Bien sûr, ainsi est faite notre langue qu'elle personnifie tout ce qu'elle touche. Nous le savons, pourtant cela n'est pas anodin. Il est si facile alors de rendre les éléments naturels coupables, ou encore de les voir comme l'instrument d'une punition divine.


C'est clair, nous les êtres humains, nous sommes la cause des catastrophes. La croissance démographique a poussé les populations hors des zones de peuplement traditionnelles. Vieilles de millénaires, elles avaient fait leur preuves. Les modifications des écosystèmes, par déboisement de côtes maritimes et montagnes, ou endiguement des fleuves, accroissent les effets dévastateurs des intempéries. Le réchauffement climatique, d'origine humaine lui-aussi, multiplie la force et la fréquence des cyclones et inondations.


Ce n'est donc pas le moment de fuir nos responsabilités.


Ici aussi en Israël les spécialistes mettent en garde: le pays est parcouru par une des principales failles sismiques de la planète, la faille syro-africaine. Des dizaines de milliers de bâtiments anciens s'écrouleront. Le nombre de victimes potentielles est évalué à 10,000-15,000. Nous le savons depuis longtemps: la question n'est pas de savoir si un tremblement majeur va secouer la Terre Sainte, mais quand. Ce n'est qu'une question de temps et les autorités ont fait trop peu. Quant à nous, nous ne réagissons pas vraiment. N'est-ce pas parce que, malgré tout, l'idée de fatalité naturelle paralyse les esprits du petit peuple, alors que les décideurs et les riches influents sont à l'abri?


L'homme contrôle totalement l'écosystème planétaire. Plus une goutte d'eau, plus un grain de sable, plus un flocon de neige en Antarctique, plus un brin d'herbe sur cette terre n'échappe à l'influence des activités humaines. IL N'Y A PLUS DE NATURE. Alors, de grâce, cessons d'appeler les catastrophes climatiques des "catastrophes naturelles".



Jérusalem est duelle. L'unité est au-delà, à construire ensemble

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