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23 mai 2008

Les affaires sont les affaires

Enfin cette bonne nouvelle dans Haaretz d'avant-hier:


Contrairement à sa précédente décision d'il y a un an déjà (4 juin 2007), le ministère de la défense a finalement décidé de tester le système anti-roquette Vulcan Phalanx. Le ministre avait préféré alors le système de la société israélienne Rafael "Iron Dome" qui n'a pas encore fait ses preuves, coûtera des closein_weapon_systemmilliards de shekels, et ne devrait être fonctionnel qu'en 2011! Les habitants de Sdérot et des Kibboutz environnants n'avaient qu'à s'armer d'un peu de patience! Et d'ici là, les Palestiniens auront trouvé autre chose...


Le système Vulcan Phalanx


Le système Phalanx produit par la société américaine Raytheon, lui, est parfaitement opérationnel et peut être immédiatement mis en place. De plus il est relativement bon marché (8 à 15 millions $) et ses munitions aussi. Chaque missile lancé par "Iron Dome" coûtent de 30 à 50,000 dollars alors qu'un Kassam ne coûte presque rien!
En fait on a appris ensuite, bien après que le "Dome de fer" soit approuvé, qu'il ne pourrait pas protéger Sdérot car elle est trop proche de Gaza. On a envisagé de créer une zone tampon pour que les tireurs soient à la bonne distance... (
Haaretz).


Le système de défense rapprochée Vulcan Phalanx  a été à l'origine mis au point pour la marine et donne satisfaction depuis plusieurs décennies. Sauf dans la dernière guerre du Liban lorsqu'une corvette porte-missile israélienne Saar-5 a été touchée par un missile. Mais le Phalanx n'avait pas été mis en route!


La version terrestre plus récente s'appelle le système C-Ram. La batterie se compose d'une mitrailleuse lourde à tir ultra-rapide (6.000 projectiles à la minute) couplée à un système radar. Une fois un missile détecté, les canons créent un rideau d’acier de balles volant à la vitesse d'un kilomètre par seconde - quatre fois plus vite qu’un Kassam. Selon les rapports américains le système est d'efficace à 80 % contre les missiles  et obus de mortier.


Ce système est bien assez bon pour les États-Unis et les forces armées britanniques et canadiennes qui emploient le Phalanx pour protéger leurs bases en Irak et en Afghanistan. Mais le plus convainquant est queC_ram les américains s'en servent pour défendre toute la zone verte, la zone gouvernementale de Bagdad.


Le système terrestre C-RAM


Mais le ministre israélien voit les choses d'un autre oeil. Cela fait environ un an maintenant que des experts indépendants et des spécialistes de Tsahal avaient essayé de convaincre Ehud Barak. Cependant, l'idée a été constamment rejetée par le ministère de la défense.


Un autre spécialiste en balistique dont j'avais lu un article il y a quelques mois, le Dr. Nathan Farber, avait essayé de convaincre le ministère depuis longtemps, sans succès. Je m'étais dit alors les spécialistes du Ministère doivent savoir de quoi ils parlent...


L'explication officielle du rejet reste dans le flou: "après étude les experts ont conclu que le système ne satisfait pas les besoins de défense d'Israël contre des mortiers et des missiles Kassam".
Des sources au ministère ont ensuite expliqué que le système ne convient pas pour Sdérot parce qu'il ne peut protéger que des zones de quelques centaines de mètres carrés seulement.



On nous prend pour des imbéciles? La Green Zone de Bagdad à une surface de 10 km², ce n'est pas si petit! Et la base militaire de Zikim, près d'Ashkelon - où avant-hier encore un soldat a été blessé par un tir de mortier - elle est aussi trop grande pour être protégée? Et les kibboutz qui jouxtent la frontière?


D'après Uzi Rubin, un spécialiste des missiles et ancien responsable du Ministère de la Défense, quatre batteries C-RAM  - pour 15 million $ pièce - pourraient défendre Sdérot de façon efficace contre les roquettes Kassam. Cela aurait pu être fait depuis des années. (Voir ce site militaire). Pour comparaison, le renforcement en béton des 8000 maisons proches de Gaza que le gouvernement a été contraint d'approuver il y a peu coûtera près de 100 millions $.


Un autre système américain qui a été rejeté est un système laser nommé "Skygard" de Northrop Grumman. 100% efficace, moins cher que le système de Rafael et pouvant être mis en place plus rapidement. Le ministère de la défense n'a pas daigné répondre aux propositions des américains.
Lorsque le directeur général du ministère de la défense décide l'année dernière d'aller voir sur place aux USA le système laser, "on" fait passer dans les médias israéliens une fausse information: la plupart des essais ont échoué. En fait il n'y a eu aucun essai et ne devait pas y en avoir. (omedia.co.il, aujourd'hui). Les défenseurs de l'industrie bleu-blanc sont vraiment très efficaces... 



Une batterie C-RAM a finalement été commandée aux USA pour la tester contre les mortiers et Kassams tirés depuis la bande de Gaza. Toutefois, on ignore quand elle arrivera en Israël. On raconte que le directeur général du ministère, Pinhas Buchris, aurait pris cette décision malgré l'opposition de plusieurs haut-fonctionnaires.


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Le vaisseau Saar-5. Un missile chinois tiré par des experts iraniens l'a touché depuis la côte libanaise


Début mars, une délégation des fonctionnaires du ministère de la défense et des officiers de l'Armée de l'Air est allé aux USA évaluer le Phalanx. La délégation a conclu que "le système pourrait fournir au moins une réponse partielle à la menace venant de Gaza".


L’année dernière ce n’était pas suffisant?


Visiblement il y a d'autres raisons qui ont fait préférer le projet de Rafael malgré son coût.


Une première hypothèse est une mesure de rétorsion contre les américains qui ont refusé d'acheter le système israélien de  protection active de blindés TROPHY produit par Rafael.


L'autre hypothèse est plus probable mais j'ai du mal à l'envisager: si le système C-RAM s'avérait suffisant pour contrer les roquettes Kassam, on risquerait de ne plus avoir besoin du Iron Dome et le gouvernement aurait du mal à justifier son achat. Et si au contraire celui-ci avait l'occasion de prouver son efficacité à protéger la population du Néguev Occidental, ce serait un argument de vente inestimable pour son exportation vers tous les théâtres de combat.


Ce qui me rend d'autant plus suspicieux - outre notre manque maintenant chronique de confiance envers la classe politique - est la façon dont les décisions ont été prises: parmi les membres du panel d'expert qui a approuvé le projet et lui a alloué un fond de recherche d'un milliard de shekels se trouvait Yedidya Ya’ari, un proche d'Ehud Olmert et PDG de Rafael Armements! (Haaretz).


Olmert avait nommé son ami Ya'ari dans la Commission Winograd qui a enquêté sur la seconde guerre du Liban. Le Conseiller juridique du gouvernement, Menahem Mazouz, a annulé sa nomination une semaine plus tard pour conflit d'intérêt. Rafael, en effet, est une compagnie gouvernementale, ce qui plaçait Ya'ari dans la dépendance d'Olmert.


L'opinion publique israélienne, écoeurée par les effluves nauséabondes des "affaires" que laisse Olmert dans son sillage, n'est pas encore vraiment au courant. Le mépris de la direction politique et militaire du pays pour sa population civile était patente durant la deuxième guerre du Liban. Ce nouveau scandale le confirme encore d'avantage.
S'il s'avère que la population de Sdérot subit depuis huit ans un des pires traumatismes qu'une population civile ait connu pour les intérêts du complexe politico-militaro-industriel, les réactions risquent d'être très dures.

22 avril 2008

En attendant Obama

Les primaires démocrates américaines suivent leur cours et Barack Obama apparaît de plus en plus comme leur futur vainqueur.


En attendant, les centrifugeuses iraniennes tournent et tournent et ne cessent de tourner à plein régime. Elles me semblent le principal enjeu des élections américaines. 


Les services secrets américains ont apparemment réussi à torpiller l'éventualité d'une attaque militaire préventive. Leur fameux rapport affirme que la République islamique a abandonné son programme nucléaire militaire, alors pourquoi s'inquiéter? Lorsqu'on sait qu'il suffit de quelques mois pour passer du nucléaire civil au militaire, il est clair que les services secrets ont délibérément mené une attaque préventive... contre Bush et ses velléités belliqueuses.


Sur les questions de politique intérieure américaine, les différences entre les trois candidats sont insignifiantes. Qu'en est-il de leur politique extérieure moyen-orientale, en particulier face à la menace nucléaire iranienne? Tous trois affirment haut et fort qu'ils ne resteront pas sans réagir si Israël est attaqué. Mais ne sera-t-il pas trop tard? Et même pour des représailles, peut-on leur faire confiance?


La position de McCain - qui a soutenu la guerre en Irak tout au long - s'annonce dans la continuité de celle de Bush Junior, vu son humour de caserne (Vidéo: Bomb bomb bomb bomb Iran...).
Celle d'Hillary Clinton apparaît plus nuancée: elle a soutenue l'intervention américaine tant qu'on pensait que Saddam détenait des armes non-conventionnelles. Elle s'y est opposé ensuite.
obamaAipacBarack Obama est celui qui me rend le plus perplexe, ne serait-ce que par ses revirements de position au gré des sondages d'opinion.  J'avoue qu'a priori, c'est le candidat qui m'est le plus sympathique: sourire charmant, esprit fin, et un air d'éternel adolescent qui s'invite dans la cours des grands. Pourtant j'ai beaucoup de doutes sur ses orientations politiques. Son opposition d'emblée à la guerre en Irak, dès son tout début, me semble très discutable. Même quand l'intervention est plébiscitée par la participation massive des irakiens aux élections, il n'émet pas le moindre doute. D'où lui vient la détermination sans faille dont il se prévaudra par la suite? Est-ce d'un réel démocratisme très exigeant? Je crains que sa source en soit un tiers-mondisme "anti-impérialiste" et dogmatique nourri de revancharde solidarité des humiliés, à en juger par sa culture politique acquise à la Trinity Church.





Mais le point qui m'inquiète le plus quant à Obama m'a été confirmé par une allusion des services secrets américains. Ils ont coutume de qualifier d'un nom de code le candidat à la présidence dont ils assurent la sécurité. Ainsi le cowboy Ronald Reagan était "Rawhide" ("cuir brut"); Bush à eu droit à "Tumbler" ("gobelet", on y boit le whisky).
Pour Obama le Secret Service a choisi "
Renegade", c'est à dire "renégat", "apostat". J'ai sursauté en lisant la nouvelle: quelqu'un dans les bureaux obscurs de la Sécurité d'Etat avait pensé comme moi! Je pense qu'ils ont mis le doigt sur le véritable problème: ce n'est pas sa "race" (scientifiquement parlant cela n'existe pas), ni sa religion, ni même le simple fait d'en avoir changé qui fait question. Le vrai problème c'est le fait qu'il est un renégat pour un milliard et demi de musulmans, extrémistes et modérés confondus. Près du quart de la population mondiale tout de même... Mais personnellement je ne me serais pas permis de traiter de renégat le futur président des Etats-Unis d'Amérique!
Une autre explication serait que le Secret Service aurait choisi
Renegade car c'est un nom de code couramment utilisé par l'OTAN pour désigné un terroriste qui a détourné un avion. L'avion USA pris en otage par le terroriste Obama... à ne pas prendre au sérieux bien sûr!


ObamaSServ

















Agents du Secret Service avec le Sénateur Barack Obama
Damon Winter/The New York Times


Le fait biographique que nul ne conteste - y compris Obama qui s'en est expliqué largement - est qu'il est né de père musulman puis s'est formellement converti au christianisme à l'âge adulte (voir ici). Pour la loi musulmane, l'appartenance à l'islam se transmet par le père. L'enfant né de père musulman est automatiquement musulman et le restera toute sa vie. Les autres détails de sa biographie sur lesquels les médias se sont appesantis - son beau-père musulman pratiquant, ses études primaires dans une école musulmane en Indonésie, etc. - sont sans importance de ce point de vue.


Barack Obama aurait pu ne pas occulter la question et même la retourner à son avantage comme il sait si bien le faire; il aurait pu revendiquer le fait qu'il a courageusement appliqué le droit fondamental de chacun à changer de religion.  Le problème est que l'apostasie en islam est un crime de haute trahison. Pas de pitié pour le félon qui a trahit Allah, Mahomet et la Oumma toute entière en abjurant sa foi: la loi islamique, la Shaarya, requiert la 150px_Salman_Rushdie_by_Kubik_03bispeine de mort, de préférence par décapitation au sabre. Si le transfuge ne se repend pas, il est du devoir de tout musulman zélé de le rechercher et le tuer. Salman Rushdie en sait quelque chose, lui qui a été condamné pour apostasie par Khomeini. Il a suffit d'un roman jugé peu révérencieux envers le Prophète...
Comment croire qu'une fatwa édictée contre  le Président Obama n'aurait aucune influence sur la politique étrangère américaine?



Mais ce qui m'étonne le plus c'est le fait que pratiquement personne ne parle de ce problème. Comme si il y avait une conspiration du silence autour de Barack Obama. On comprend que ce dernier veuille faire oublier cette question. Il y a habilement réussi d'ailleurs en laissant les racistes obtus et les anti-islamistes primaires qui gloussent "Obama-Osama" occuper le devant de la scène . Mais les islamistes sont-ils assez froids et calculateurs pour s'imposer le silence jusqu'à ce qu'Obama remporte les élections? Sommes-nous face à un cas de dissimulation religieuse, de taqiyya? Une fois les élections passées, ils sauraient bien lui rappeler ses devoirs, car Allahu akbar, Dieu est le plus grand, y compris plus que le président de la plus grande puissance. Ce pourrait être le cas du Hamas, par exemple, qui soutient la candidature d'Obama sans faire la moindre allusion à son apostasie, laquelle ils ne peuvent ignorer. Étrange non? Tous voient que le roi est nu, mais pas un enfant ingénu n'ouvre la bouche... Sauf quelques particuliers: l'exilé iranien Amil Imani; le juriste libanais Gabriel Sawma; l'historien de l'Islam Robert Spencer.


Du point de vue simplement technique, comment le Président Obama pourra-t-il représenter les USA auprès des Etats musulmans? Ne parlons pas de leur rendre visite... On voit ce qu'il en a coûté à Sarkozy pour le péché - bien mineur - de concubinage entre non-musulmans!
Plus grave, comment pourra-t-il échapper aux tentatives d'assassinat qui semblent tant inquiéter le Secret Service chargé de la sécurité des candidats?
Et certainement plus grave encore, comment le Président Obama résistera-t-il au chantage des islamistes - iraniens en premiers - qui lui offriront de se racheter en cédant à toutes leurs revendications?



C'est la grande réussite du candidat Barack Obama jusqu'à présent: il a réussi à nous faire oublier son vrai problème. A moins que sa baraka ne finisse par le lâcher...

Jérusalem est duelle. L'unité est au-delà, à construire ensemble

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