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11 janvier 2009

Inévitable Chape de Plomb?

D'abord, un détail de traduction: le nom Opération "Plomb Durci" ou "Plomb Fondu" adopté dans les medias Gazaville_81726francophones pour rendre l'hébreu `oferet yetsuka ne me semble pas très heureux. Je préfère la traduction suggérée par mon amie Hedva Amouyal, "Opération Chape de Plomb", qui fait bien passer l'idée d'une coulée de plomb qui va recouvrir le territoire de Gaza...


La Chape de Plomb tombe sur Gaza


Nous avons entendu les membres du gouvernement affirmer les uns après les autres le caractère inévitable de l’opération.


Certes, Israël n’avait plus le choix: il ne pouvait alléger le blocus économique de Gaza sans encourager l’effort de guerre du Hamas et apparaître faible. L’opinion publique israélienne supportait déjà très mal d’alimenter Gaza en électricité, eau, soins médicaux et nécessités de base pour recevoir en échange des missiles. Ajoutons à cela la décision du Hamas de ne pas prolonger la tahadiya, "l’accalmie", l’intensification des tirs de missiles, ainsi que la crainte d’une future sanction électorale, effectivement, eyn brera, on n’a plus le choix, il faut lancer l’attaque.


Quand il n’y a plus de choix, il n’y a plus de choix, il faut l’assumer, mais la sagesse consiste précisément - de prime abord - à ne pas se laisser enfermer dans une situation où l’on perd sa liberté de manœuvre.


Or cette situation est le résultat d’une série d’erreurs de la part d’Ariel Sharon puis du parti qu’il a créé pour les mettre en œuvre, Kadima : retrait unilatéral de Gaza sans accord avec l'Autorité palestinienne; retrait duRafah_smuggling_tunnel couloir Philadelphie (500 tunnels souterrains);


Ministère des Affaires Etrangères


avoir permis la participation du Hamas aux élections législatives qu'il a remporté en achetant ses votes avec l'argent de Téhéran; avoir laissé les habitants de Sdérot et des villages limitrophes de la Bande de Gaza exposés au tir terrorisant et traumatisant des roquettes quassam durant huit longues années…


Evidemment, intervenir militairement aurait été pour Kadima reconnaître l’échec de son propre acte fondateur, la hitnatqut, la "déconnexion" de Gaza. Il a fallu que le Likoud prenne la tête dans les sondages pour que Kadima et Barak se décident. Cela ne veut pas dire que la guerre n’a été déclenchée que pour de pures raisons électorales. Et puis, en régime démocratique, il n’est pas illégitime de prendre en compte la volonté de l’électorat. Mais cet agenda électoral laisse planer le doute d'une utilisation cynique de la soufrance des habitants du Neguev occidental.


Ce qui me gêne particulièrement est qu'il y avait d'autres moyens de contrer les tirs de roquettes et que Barak a systématiquement éviter de s'en servir pour défendre l'intérêt économique du complexe militaro-industriel israélien. Plusieurs types de canons anti-missiles, à balles ou à LASER, étaient disponibles et sont restés négligés jusqu‘à aujourd‘hui. Voir ce précédent message et le groupe que j’ai ouvert sur Facebook à ce propos. Le journaliste Yossi Melman a écrit plusieurs articles à ce sujet sans provoquer beaucoup d'échos dans le public.


wallrafah483Il était nécessaire de contrôler le couloir Philadelphie le long de la frontière égyptienne pour empêcher l’entrée d’armes et de missiles iraniens. Puisque de toutes façons Israël devait contrôler sa propre frontière avec Gaza ainsi que sa frontière maritime, pourquoi avoir laissé cette brèche ouverte? Israël aurait été de toute façon accusé de poursuivre "l’occupation".


Le Couloir Philadelphie à Rafah


Quant à compter sur l'Egypte pour faire le travail, il serait totalement illusoire de penser que son attitude puisse changer, le problème est structurel:  avec la meilleure volonté de Hosni Moubarak, beaucoup de soldats égyptiens sont sympathisants des Frères musulmans - les pères du Hamas - et fondent à la vue des billets verts qui pleuvent sur les émules du Cheikh Yassin...


Une autre objection était que les soldats préposés à la garde de la frontière deviendraient la cible des attaques des islamistes gazaouis. Autrement dit, mieux valait laisser des civils sans protection!


Là-aussi existe une solution technique défensive qui n’a pas été prise en compte. Demandez à un chirurgien de vous soigner, il ne vous proposera rien d’autre que de vous opérer. De même quand un chef d’Etat demande une solution à un général il ne lui proposera que ses avions et ses tanks. Des défenses passives, tout de même, ce n’est pas très glorieux!




PhiladelphiRoute


Il est possible d’élargir le couloir Philadelphie - large actuellement de 150 mètres - pour rendre impossible le creusement des souterrains. Cela suppose l'évacuation d'une partie de la ville de Rafah coupée en deux par la frontière. Il reste ensuite à en faire une « zone morte », un no man's land défendu par une barrière électronique, miné, contrôlé par les robots armés terrestres et les drones dont Israël s'est fait le spécialiste.


Si cela n’est pas fait - et il y a de grandes chances que ce soit le cas vu l’allergie de Kadima et de la gauchePhenix envers tout ce qui peut ressembler à une réoccupation de Gaza - le Hamas renaîtra de ses cendres tel Phoenix, tel Hezbollah, quelques mois plus tard, et plus vigoureux qu’avant "Chappe de plomb".



A l’aide de cette zone-tampon et d’armes anti-mortier et quassams, il était et serait encore possible de neutraliser le Hamas sans faire couler autant de sang innocent...


Mais pour moi la vraie solution serait d'offrir une alternative plus tentante que le Hamas à la population de Gaza. Une solution politique innovante qui lui permettrait de sortir de son confinement sécuritaire et que je décrirai à une prochaine occasion. Disons qu’elle pourrait prendre la forme d'une fédération israélo-palestinienne créée avec les Arabes israéliens et l’OLP. Gaza pourra y être intégrée après référendum, sans provoquer un problème démographique pour les Juifs. Mais nous n'en sommes pas là...


En attendant je crains que nous n'ayons pas fini de faire des guerres "nécessaires" qui ne mènent nulle part.

23 mai 2008

Les affaires sont les affaires

Enfin cette bonne nouvelle dans Haaretz d'avant-hier:


Contrairement à sa précédente décision d'il y a un an déjà (4 juin 2007), le ministère de la défense a finalement décidé de tester le système anti-roquette Vulcan Phalanx. Le ministre avait préféré alors le système de la société israélienne Rafael "Iron Dome" qui n'a pas encore fait ses preuves, coûtera des closein_weapon_systemmilliards de shekels, et ne devrait être fonctionnel qu'en 2011! Les habitants de Sdérot et des Kibboutz environnants n'avaient qu'à s'armer d'un peu de patience! Et d'ici là, les Palestiniens auront trouvé autre chose...


Le système Vulcan Phalanx


Le système Phalanx produit par la société américaine Raytheon, lui, est parfaitement opérationnel et peut être immédiatement mis en place. De plus il est relativement bon marché (8 à 15 millions $) et ses munitions aussi. Chaque missile lancé par "Iron Dome" coûtent de 30 à 50,000 dollars alors qu'un Kassam ne coûte presque rien!
En fait on a appris ensuite, bien après que le "Dome de fer" soit approuvé, qu'il ne pourrait pas protéger Sdérot car elle est trop proche de Gaza. On a envisagé de créer une zone tampon pour que les tireurs soient à la bonne distance... (
Haaretz).


Le système de défense rapprochée Vulcan Phalanx  a été à l'origine mis au point pour la marine et donne satisfaction depuis plusieurs décennies. Sauf dans la dernière guerre du Liban lorsqu'une corvette porte-missile israélienne Saar-5 a été touchée par un missile. Mais le Phalanx n'avait pas été mis en route!


La version terrestre plus récente s'appelle le système C-Ram. La batterie se compose d'une mitrailleuse lourde à tir ultra-rapide (6.000 projectiles à la minute) couplée à un système radar. Une fois un missile détecté, les canons créent un rideau d’acier de balles volant à la vitesse d'un kilomètre par seconde - quatre fois plus vite qu’un Kassam. Selon les rapports américains le système est d'efficace à 80 % contre les missiles  et obus de mortier.


Ce système est bien assez bon pour les États-Unis et les forces armées britanniques et canadiennes qui emploient le Phalanx pour protéger leurs bases en Irak et en Afghanistan. Mais le plus convainquant est queC_ram les américains s'en servent pour défendre toute la zone verte, la zone gouvernementale de Bagdad.


Le système terrestre C-RAM


Mais le ministre israélien voit les choses d'un autre oeil. Cela fait environ un an maintenant que des experts indépendants et des spécialistes de Tsahal avaient essayé de convaincre Ehud Barak. Cependant, l'idée a été constamment rejetée par le ministère de la défense.


Un autre spécialiste en balistique dont j'avais lu un article il y a quelques mois, le Dr. Nathan Farber, avait essayé de convaincre le ministère depuis longtemps, sans succès. Je m'étais dit alors les spécialistes du Ministère doivent savoir de quoi ils parlent...


L'explication officielle du rejet reste dans le flou: "après étude les experts ont conclu que le système ne satisfait pas les besoins de défense d'Israël contre des mortiers et des missiles Kassam".
Des sources au ministère ont ensuite expliqué que le système ne convient pas pour Sdérot parce qu'il ne peut protéger que des zones de quelques centaines de mètres carrés seulement.



On nous prend pour des imbéciles? La Green Zone de Bagdad à une surface de 10 km², ce n'est pas si petit! Et la base militaire de Zikim, près d'Ashkelon - où avant-hier encore un soldat a été blessé par un tir de mortier - elle est aussi trop grande pour être protégée? Et les kibboutz qui jouxtent la frontière?


D'après Uzi Rubin, un spécialiste des missiles et ancien responsable du Ministère de la Défense, quatre batteries C-RAM  - pour 15 million $ pièce - pourraient défendre Sdérot de façon efficace contre les roquettes Kassam. Cela aurait pu être fait depuis des années. (Voir ce site militaire). Pour comparaison, le renforcement en béton des 8000 maisons proches de Gaza que le gouvernement a été contraint d'approuver il y a peu coûtera près de 100 millions $.


Un autre système américain qui a été rejeté est un système laser nommé "Skygard" de Northrop Grumman. 100% efficace, moins cher que le système de Rafael et pouvant être mis en place plus rapidement. Le ministère de la défense n'a pas daigné répondre aux propositions des américains.
Lorsque le directeur général du ministère de la défense décide l'année dernière d'aller voir sur place aux USA le système laser, "on" fait passer dans les médias israéliens une fausse information: la plupart des essais ont échoué. En fait il n'y a eu aucun essai et ne devait pas y en avoir. (omedia.co.il, aujourd'hui). Les défenseurs de l'industrie bleu-blanc sont vraiment très efficaces... 



Une batterie C-RAM a finalement été commandée aux USA pour la tester contre les mortiers et Kassams tirés depuis la bande de Gaza. Toutefois, on ignore quand elle arrivera en Israël. On raconte que le directeur général du ministère, Pinhas Buchris, aurait pris cette décision malgré l'opposition de plusieurs haut-fonctionnaires.


Idf_saar5_hit3
Le vaisseau Saar-5. Un missile chinois tiré par des experts iraniens l'a touché depuis la côte libanaise


Début mars, une délégation des fonctionnaires du ministère de la défense et des officiers de l'Armée de l'Air est allé aux USA évaluer le Phalanx. La délégation a conclu que "le système pourrait fournir au moins une réponse partielle à la menace venant de Gaza".


L’année dernière ce n’était pas suffisant?


Visiblement il y a d'autres raisons qui ont fait préférer le projet de Rafael malgré son coût.


Une première hypothèse est une mesure de rétorsion contre les américains qui ont refusé d'acheter le système israélien de  protection active de blindés TROPHY produit par Rafael.


L'autre hypothèse est plus probable mais j'ai du mal à l'envisager: si le système C-RAM s'avérait suffisant pour contrer les roquettes Kassam, on risquerait de ne plus avoir besoin du Iron Dome et le gouvernement aurait du mal à justifier son achat. Et si au contraire celui-ci avait l'occasion de prouver son efficacité à protéger la population du Néguev Occidental, ce serait un argument de vente inestimable pour son exportation vers tous les théâtres de combat.


Ce qui me rend d'autant plus suspicieux - outre notre manque maintenant chronique de confiance envers la classe politique - est la façon dont les décisions ont été prises: parmi les membres du panel d'expert qui a approuvé le projet et lui a alloué un fond de recherche d'un milliard de shekels se trouvait Yedidya Ya’ari, un proche d'Ehud Olmert et PDG de Rafael Armements! (Haaretz).


Olmert avait nommé son ami Ya'ari dans la Commission Winograd qui a enquêté sur la seconde guerre du Liban. Le Conseiller juridique du gouvernement, Menahem Mazouz, a annulé sa nomination une semaine plus tard pour conflit d'intérêt. Rafael, en effet, est une compagnie gouvernementale, ce qui plaçait Ya'ari dans la dépendance d'Olmert.


L'opinion publique israélienne, écoeurée par les effluves nauséabondes des "affaires" que laisse Olmert dans son sillage, n'est pas encore vraiment au courant. Le mépris de la direction politique et militaire du pays pour sa population civile était patente durant la deuxième guerre du Liban. Ce nouveau scandale le confirme encore d'avantage.
S'il s'avère que la population de Sdérot subit depuis huit ans un des pires traumatismes qu'une population civile ait connu pour les intérêts du complexe politico-militaro-industriel, les réactions risquent d'être très dures.


Jérusalem est duelle. L'unité est au-delà, à construire ensemble

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