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2 mai 2010

Recyclage spatial

Je propose: base lunaire pour pas cher!


La Station Spatiale Internationale est maintenant complète. Plus grande qu'un stade de foot, lourde de 400 tonnes, elle aurait couté près de 160 milliards de dollars.

Et quel a été son intérêt scientifique? Quasi nul.

Il est vrai que l'ISS est télégénique. Sur le dernier vol STS-131, il y avait même trois astronautes de sexe féminin tout à fait charmantes:


Mais les différentes missions de la NASA ont surtout consisté à construire et entretenir le gros mécano. Autrement dit, elle est devenue son propre but!
Et au moment où nous avons enfin des preuves de l'existence de quantités significatives d'eau sur la lune, la NASA n'a plus de budget pour retourner sur notre satellite naturel et reporte l'ambitieux programme Constellation.

Pourquoi ne pas rapprocher ces deux données pour créer une solution ad hoc?

Voilà mon idée: puisqu'elle est déjà la-haut en orbite autour de notre terre, pourquoi ne pas pousser l'ISS sans effort vers la lune? Mise en orbite autour de la lune, l'ISS aurait déjà beaucoup plus à faire.

L'ISS photographiée en transition avec la lune

Il suffira ensuite de démonter les éléments de l'ISS un par un et de les descendre vers la surface. Et voilà, nous avons une base lunaire recyclée! Ça c'est un projet écologique, et économique en plus!
En outre, bien sûr, une base lunaire doit être parfaitement écologique et tout recycler. Les coûts de fonctionnement pourront être réduits en utilisant au maximum les ressources locales: eau, oxygène et minéraux tirés du sol, agriculture et élevage. Il s'agit de créer un écosystème entièrement nouveau. Les enseignements d'une telle expérience lunaire pourraient s'avérer extrêmement précieux pour notre crise écologique globale.
Et pas la peine d'attendre 2015, la date prévue pour la fin des programmes sur l'ISS.
De toute façon il faudra démanteler la station et la ramener sur terre, et cela aussi va revenir très très cher, alors que pour à peu près le même prix on la recycle sur la lune. Elle pourrait servir encore 30 ans selon les Russes qui s'y connaissent après avoir indéfiniment retapé leur MIR!

Le LEM d'Apollo 11 en 1969

Installés à l'ombre dans un cratère à l'abri des radiations du soleil, ou enterrés dans le regolithe pour se protéger aussi des micro-météorites, les modules de l'ISS permettront un séjour prolongé et sûr.

Mais il n'y a pas de raison d'arrêter là le recyclage: le télescope spatial Hubble arrive lui-aussi en fin de vie; rapatrié sur la base lunaire, il pourrait inaugurer un nouvel observatoire astronomique lunaire. Installé au sol sur la lune-ferme, son entretien sera des plus faciles!
Et puis il y a ce dépotoir de vieux satellites qui tournent si dangereusement en orbite autour de la terre. Autant de matériaux à récupérer pour la base lunaire. Il suffit d'un robot éboueur spatial faisant la navette terre-lune. Les détritus irrécupérables pourraient être enlunés dans un cratère profond. Pour ce qui est de l'aspect écologique didactique, l'exemple viendrait d'en-haut pour tous nos pollueurs de la basse terre!

Israël d'ailleurs devrait participer:
Puisque le monde entier crie au colonialisme quand des Judéens - c'est le sens du nom "juif" - construisent en Judée; puisque les réfugiés palestiniens, parqués génération après génération dans les camps libanais, sont privés de tout droit civil - Arabes traités plus mal que des étrangers dans un pays arabe - il est temps que le gouvernement s'intéresse à la colonisation de la Lune: Israël et la Ligue Arabe pourraient y envoyer des "colons" et des "réfugiés", symboliquement au moins, eux qui n'ont pas leur place ici-bas, et aussi pour leur ouvrir d'autres horizons...

Et pour rester en apesanteur:





1 décembre 2009

Vive la crise!

Enfin une information sur le climat qui fait plaisir:

Baisse des émissions de CO2 en 2009, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Les émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2) diminueront d'environ 2,8% cette année, soit leur plus forte baisse depuis une quarantaine d'années!


Mais pourquoi n'en parle-t-on pas plus? Qui a peur de le dire tout haut: la crise économique, pour l'instant, nous sauve de la catastrophe. Nous risquerions peut-être d'en déduire qu'il faut qu'elle se poursuive! Oserons-nous blasphémer contre Sainte Croissance?
D'après une étude d'économistes britanniques, si la récession se poursuivait à son niveau actuel, les émissions de gaz à effet de serre dans le monde seraient de 9 % inférieures aux prévisions pour 2012. Cela nous donnerait 21 mois de sursis avant d'atteindre le seuil des deux degrés de réchauffement jugés dangereux. Et si la crise s'aggravait au point de celle de 1929 ce seraient 23 % et cinq ans qui seraient gagnés.
Selon Terry Barker, directeur du Centre de recherche sur le changement climatique à l'université de Cambridge, les émissions de CO2 avaient chuté de 35% entre 1929 et 1932, en pleine crise économique. Pour se faire une idée, les émissions mondiales de gaz à effet de serre ont bondi de 50% depuis 1970. Nous sommes loin du compte, mais le mal et son remède restent du même ordre de grandeur!

Bien sûr, si les niveaux d'émission reprennent ensuite leur niveau d'avant la crise, ce n'est que reculer un peu pour mieux sauter. Mais cela n'est pas obligatoire. A nous de changer nos comportements.
C'est là que se trouve l'extraordinaire opportunité de révolution économico-écologique offerte par la crise: elle nous donne un répit pour réfléchir, prendre conscience, développer les techniques nécessaires à un développement durable.
La croissance n'est pas mauvaise en soi, tout dépend de quel type de croissance il s'agit: elle pourra redémarrer, oui, mais selon un paradigme nouveau, celui d'une croissance "verte", non polluante, et surtout qui ne modifie pas la composition de l'atmosphère terrestre.

Mais on dit un peu partout dans le monde que la crise est passée maintenant, que la reprise a commencé.
Je m'inquiète vraiment. Dites-moi que non, dites-moi qu'une hirondelle ne fait pas le printemps, que c'est juste l'effet de la perfusion massive d'argent frais dans les veines du monstre!
De fait, aux dernières nouvelles, le chômage augmente encore aux USA et atteint maintenant 9,8%. Le dollar ne cesse de plonger; les chinois, les saoudiens et les autres s'aperçoivent que leurs réserves de devises ne sont que des montagnes de monnaie de singe, Dubaï est en faillite, ses richesses étaient aussi artificielles que ses îles...

Ouf, ce n'est peut être pas fini! C'est que la crise est notre seul espoir! Elle seule est en mesure actuellement de stopper, ou au moins ralentir, la surchauffe mondiale.

En effet, la baisse de la consommation mondiale signifie moins de production industrielle et agricole, moins de déplacements (travail, business, loisir, tourisme), moins de construction, moins de déforestation... donc au total moins de CO2 et de méthane émis.

Bref moins de tout va dans le sens des écologistes radicaux et ce, beaucoup plus vite que prévu... Pourtant, les verts apparaissent craindre que la crise économique et financière ne décourage les investissements dans les énergies durables. Ne devrions-nous pas au contraire les voir se réjouir de cette crise bénie?
Difficile à l'admettre, mais la récession s'avère nécessaire pour nous sevrer de notre dépendance envers les combustibles fossiles.

Il y n'a pas si longtemps, le débat "pour ou contre la croissance" agitait les milieux écologistes et politiques. La crise financière l'a rendu soudain obsolète: son objet, la croissance industrielle mondiale, a disparu.
Ce brutal coup de frein à la production industrielle est le bienvenu, il apparaît presque providentiel, au vu de l'imminence de la catastrophe écologique globale. C'est incroyable, comme dans un film, comme si juste à la veille de l'explosion de la machine une "main invisible" avait ouvert les vannes du circuit de vapeur surchauffé...

C'est le caractère "providentiel" de cette crise, trop beau pour être dû au hasard, que je veux examiner ici. Est-ce une autre main invisible, plus forte que celle du marché, qui nous a sauvé momentanément?
Comment pourrait-on expliquer un lien entre crise économique et crise climatique?

Je laisse les interprétations surnaturelles aux prêcheurs en tout genre qui ne manqueront pas d'exploiter le filon apocalyptique. Les résonnances bibliques ne manquent pas: le texte du shema met en garde du lien direct entre "pluies en leur temps" et respect de la loi divine; sa transgression est sanctionnée du Déluge purificateur, des destructions de la Tour de Babel, de Sodome et Gomorrhe, avec au bout la fin du monde.

La question sera: y-aurait-il malgré tout un lien de causalité rationnelle entre les deux sphères apparemment indépendantes de la moralité financière et de l'écosystème planétaire? Peut-il y avoir un rapport entre un phénomène social et un autre climatologique?
Si lien il y a, c'est chez l'homme, bien sûr, qu'il faut le chercher.

On s'accorde pour dire que la cause de la crise des subprime réside dans l'irresponsabilité généralisée des acteurs économiques: irresponsabilité du consommateur encouragé à rêver éveillé le "rêve américain" sans qu'il en ait les moyens; irresponsabilité des banquiers encouragés "à faire du chiffre" et à accorder le plus possible de crédit à des débiteurs dont ils ne vérifient pas la solvabilité; produits financiers opaques et abstraits qui permettent de dissimuler les dettes insolvables et les faire passer de mains en mains...
Le résultat est que la dette des ménages américains a doublé entre 2001 et 2008, pour atteindre 14000 milliards de dollars. Le ménage américain moyen détient 13 cartes de crédit!

C'est toute une culture de consumérisme, de gratification et profits immédiats sans effort qui est en cause, une culture commune aux consommateurs et à ceux qui les ont financé. Tous ont "tiré des plans sur la comète", vendu la peau de l'ours avant de l'avoir tué", comme dirait la sagesse populaire. C'est cela "vivre à crédit", tenir pour assuré un gain futur. Quelle vanité!
Mais que l'on ne nous assène pas non plus ces formules moralistes qui jettent l'opprobre sur "la cupidité", ou "l'appât du gain" des banquiers: ce serait faire fausse route et se priver de la possibilité de reprendre le bon cap. Il n'y a pas de mal à vouloir gagner de l'argent. Sans le désir de richesse, cette passion pour certains, l'économie ne tournerait pas et la pauvreté serait générale. Tout dépend comment l'argent est gagné. Le Talmud parle de "masa u-matan be-emuna", soit: "transactions en confiance, en foi". Sur cela tout d'abord, dit-il, nous serons jugés en arrivant au ciel. Car c'est le test ultime, et le plus difficile: tenir compte de l'intérêt de l'autre comme du sien propre et ainsi cesser de se faire un dieu. "L'argent honnête", pour le dire vite.
L'imprudence, l'impatience, la malhonnêteté, le mensonge, ce sont eux qu'il faut dénoncer. Ce sont eux qu'une règlementation sage doit prévenir.
Leur sanction s'est traduite par une crise du crédit, une crise de confiance généralisée.
Le crédit, la confiance, ce sont les composantes horizontales, laïques, de la foi religieuse verticale. L'économie, c'est-à-dire les échanges entre producteurs et consommateurs, exige la croyance réciproque. La crise est fondamentalement crise de foi en ce dieu du "In God we trust" proclamé par les billets verts et qui fait toute leur valeur.

Or il s'avère que ce comportement irresponsable est exactement le même dont nous faisons preuve envers toute la planète: nous exploitons ses réserves plus vite qu'elles se renouvellent, nous polluons plus qu'elle ne peut digérer, nous consommons plus que ce qu'elle peut donner.
Là-aussi nous vivons à crédit et repoussons les échéances sur les générations à venir. Eux paierons pouvions nous croire il y a quelques années, mais voilà, salutairement, nous sommes déjà en train de payer!

C'est donc clair, une même cause conduit à deux effets: crise économique et crise climatique.
La perte de confiance entre les agents économiques, c'est "un froid" qui s'installe entre les hommes. La chaleur qui a quitté les relations humaines est, en quelque sorte partie dans l'atmosphère... la thermodynamique s'y retrouve! Tenons-nous là la loi qui régit un métasystème socio-écologique que la saturation du globe terrestre par l'homme a fait émerger? La double crise, climatique et économique ne serait alors que la première manifestation d'une rétroaction régulatrice.
C'est bien de régulation qu'il s'agit! Autrement dit, si la Loi n'est pas internalisée, elle nous revient par l'extérieur: "l'environnement" en catastrophe. Nous retrouvons le schéma du "shema", "Ecoute Israël [...] si tu écoutes et obéis à mes commandements et aimes ton Dieu de tout ton coeur [...] je donnerai la pluie en son temps [...] sinon il n'y aura pas de pluie et la terre ne donnera pas ses récoltes..."

Mais une fois la crise passée, la consommation "sale" risque de repartir de plus belle. Encore une fois ce n'est pas la consommation par elle-même qui est mauvaise, c'est ce qu'on nous fait consommer et comment il est produit. Il est à craindre que la communauté internationale aura du mal à passer d'elle-même à un mode de vie durable.

Que faire? Pouvons-nous - nous simples humains - influer sur un système macro-économique tout puissant? Y a-t-il encore un capitaine à la barre? Les personnes morales qui dominent le jeu mondial - Etats, banques, fonds financiers, cartels - ont un tel pouvoir, tant de capital qui équivaut à un temps de travail quasi éternel...
Mais derrière ces masques, il n'y a que des hommes qui s'agitent en nombre, les animent et leur donnent leur force!
La faute? Le culte d'Abondance. De simple conséquence des transactions honnêtes conduites en confiance, de simple moyen d'échange, la voilà posée en but de toute action. La voilà qui guide le peuple, se fait Marché qui marche tout seul. Le Veau d'or, raconte le Midrash, s'est animé, est sorti tout seul du creuset et s'est mis à danser...

Illustration: Henri Meyer - 1892

Cela fait longtemps que l'argent qui servait à acheter ou vendre une marchandise est devenu lui-même marchandise achetée et vendue; l'argent donné en échange du temps de travail, "fait des petits" tout seul par travail du temps. Mais il a fini par prendre le pouvoir...
Or sans que personne ne le décide vraiment, la crise a pratiquement rétabli l'interdit biblique du prêt à intérêt en offrant des crédits à taux zéro. Si quelqu'un nous avait dit avant la crise qu'il faut revenir aux prêts gracieux pour sauver l'économie, on lui aurait rit au nez! Voilà une autre rétroaction salvatrice qu'il faudrait méditer.


La solution est entre nos mains: dans un premier temps, tout faire pour que la crise se prolonge. C'est facile et c'est en notre pouvoir, nous, les consommateurs.
Ne consommons pas d'avantage! Nous ne vivons pas si mal comme cela. Faisons la grève de la consommation. Ainsi, même si techniquement la crise pourrait prendre fin, elle se poursuivra.

Il faut pour cela bloquer la relance. Eviter de reprendre confiance. Ne prenez pas de crédit. Dites-vous que tous les banquiers et les financiers sont des escrocs. Fini la foi dans les faux dieux!


Cette croissance exponentielle ne peut être laissée à elle-même


Il faut éviter toutes les manipulations du marketing, les incitations à la consommation. Zapper la pub, détourner le regard des panneaux publicitaires. Vivre simple, satisfaire ses vrais besoins, pas ceux qu'on nous fabrique. Moins on possède, moins on a de soucis! Les choses les plus précieuses ne peuvent être achetées: l'amour, l'air pur, le parfum de la terre après la pluie, le rire d'un enfant...

Et les pauvres me direz-vous, ils vont être encore plus pauvres! C'est facile à dire quand on vit à l'aise! Ecolos bobos!
La croissance, nous l'avons bien vu, n'empêche pas la pauvreté. Elle ne fait qu'augmenter les disparités. Assez d'hypocrisie, il suffirait d'un impôt minuscule sur les transactions spéculatives mondiales pour éliminer totalement la pauvreté. Quant à la crise climatique, c'est la pauvreté assurée, et à grande échelle: sécheresses, famines, cyclones, inondations, eau polluée, maladies... Ces plaies frapperont les pauvres et le tiers monde d'abord.
Là-aussi nous pouvons répondre par notre action: s'associer aux plus pauvres, former des coopératives, et donner a ceux qui n'ont pas le minimum, partager, c'est le plus grand bonheur.
La vraie richesse, c'est la connaissance. Ouvrons à tous son accès. Au chômage, étudions, enseignons.

Puis, si l'on veut s'offrir quelque objet ou distraction, choisissons-les avec soin, non producteurs de gaz à effet de serre, non polluants et fabriqués de façon durable. La production suivra docile.

Une petite bibliographie:















9 novembre 2009

Virus global

Intéressant ce virus H1N1.
Encore un symptôme de la globalisation. La façon dont il s'est rapidement étendu au globe est impressionnante. Cette carte interactive la rend sensible.


Il ignore les frontières, entre pays bien sûr, mais aussi entre espèces: c'est un hybride des virus de la grippe aviaire, porcine et humaine à la fois.
C'est assez étrange, au point que d'aucuns, fervents des théories conspirationnelles, y voient un produit de laboratoire.
J'ai une autre explication.
Quel point commun - pouvons-nous nous demander - entre les contagions des oiseaux, des porcs et des humains?




Voilà quelques indices photographiques:






























Vous avez deviné?
La foule. La globalisation massive. L'élevage en batterie, les transports de masse, la "gestion des flux", les statistiques...
En un mot: traiter des êtres vivants comme de la matière, dans le grand laboratoire social global, si l'on veut.
Alors un être situé entre vivant et matière inerte les venge: le virus.
Dès qu'il voit une foule d'animaux pressés les uns contre les autres, stressés, aux défenses affaiblies, il attaque et passe gaiement de l'un à l'autre.



Maintenant vous pouvez voir ce spot de CNN qui vend carrément la mèche:



Les médias principaux l'ont tû, mais les spécialistes, grâce aux études épidémiologiques et génétiques menées, savaient depuis longtemps d'où provient le virus:

La souche virale  a d'abord été identifiée dans les factory farms, les élevages industriels intensifs de porc de Caroline du Nord en 1998. Ce n'est pas un hasard, dix millions de porcs y étaient alors élevés, record des Etats américains. Là-bas les industriels nomment les élevages CAFO, concentrated animal feeding operations, soit "installations d'alimentation animale concentrationnaire".
Le virus s'est ensuite rapidement étendu au reste des USA à cause du transport à longue distance des animaux. Ils peuvent être élevés en Caroline du Nord, engraissés  en Iowa au maïs transgénique, puis abattus en Californie.
H1N1 a acquis ses gènes aviaires au Canada, et après avoir reçu les apports de virus européens et asiatiques, est finalement passé à l'homme au Mexique: une fillette de cinq ans est la première victime et meurt à La Gloria, Etat de Veracruz, où se trouve la farm factory de Granjas Carroll (un million de porcs par an), sous-traitant du géant américain du porc, Smithfield Foods.
Le journal mexicain La Jornada  rapporte que le lisier de porc pollue des étangs voisins infestés de mouches, l'air y est pestilentiel. Plus de la moitié des villageois de La Gloria souffrent d'affections respiratoires.

C'est clair: cette pandémie est un sous-produit industriel. Les morts, les malades aussi.

Heureusement, on a des médicaments.
Les antiviraux, Tamiflu, Relenza, pris dans les deux premiers jours de l'infection, peuvent raccourcir la maladie d'un ou deux jours, et surtout en réduire l'agressivité pour les personnes à risque, ce qui n'est pas négligeable. Il y a bien quelques effets secondaires possibles: vomissements, nausées, céphalées, et même délires, hallucinations, convulsions... Il sont toutefois rares et concernent surtout les enfants. Il faut soupeser les avantages et inconvénients relatifs...
Les porcs aussi sont traités aux antibiotiques en routine. Pas avec les mêmes j'espère.
Et puis le vaccin.
Là aussi on peut se poser la question de leur efficacité, puisque tous les porcs sont vaccinés. Cette vaccination est elle-même la cause probable de l'apparition de nouveaux virus.
Ici en Israël, nous avons deux marques qui sont aussi distribuées en Europe: Pandemrix (GlaxoSmithKline) et Focetria (Novartis).

Que contiennent au juste ces vaccins contre la grippe?
J'ai eu accès à la liste des composants indiqués; elle est impressionnante:
- Le principe actif principal: les deux protéines de surface du virus, l'hémagglutinine et la neuraminidase, tirées du virus entier. Ce dernier est produit artificiellement par génie génétique (reverse genetics): on clône une copie en  ADN du génome viral (en ARN), qui est ensuite retranscrite en ARN, lui-même introduit dans les cellules d'embryon de poulet pour reproduire le virus. La manipulation génétique nécessite l'utilisation de plusieurs produits animaux: cellules de rein de singe vert d'Afrique (Vero Cells), sérum de foetus de veau, et trypsine bovine.
- Le thiomersal, (thimerosal, éthylmercure), c'est un conservateur très controversé: je croyais qu'il avait été supprimé, et bien non. Il contient la moitié de son poids en mercure, sous forme organique, donc particulièrement neurotoxique. Certes, ce n'est peut-être pas plus que ce qu'on trouve dans une boîte de thon, mais quand même... On l'a accusé de provoquer l'autisme, mais aucune étude ne l'a démontré. Tout ce que l'on sait, c'est que les Amishs, jamais vaccinés, ne connaissent pas d'autisme.
Bien qu'il se soit avéré un antiseptique peu efficace, on le trouve aussi dans quantité de produits pharmaceutiques et cosmétiques.
A-t-on calculé la quantité de mercure qui sera rejetée dans l'environnement à partir des excréments des vaccinés et des nombreux vaccins inutilisés? Elle s'ajoutera de toute façon aux niveaux de mercure déjà élevés qui font que même le lait maternel devient un danger pour les bébés.
On pourrait facilement éviter l'ajout d'éthylmercure dans les vaccins. Il suffirait de conditionner le vaccin en seringue unidose au lieu des flacons de 10 doses. Mais cela serait moins rentable pour les compagnies pharmaceutiques, ou plus coûteux pour les systèmes de santé...



- Le squalène. C'est un stéroïde proche du cholestérol extrait d'huile de foie de requin. C'est un adjuvant destiné à stimuler l'immunisation, que la FDA n'a pas autorisé. Aux USA on l'a soupçonné d'être à l'origine du syndrome de la Guerre du Golfe: les soldats avaient reçu un vaccin contre l'anthrax qui en contenait. Et puis certaines études montreraient un lien avec les maladies auto-immunes, comme le lupus, la sclérose en plaques ou l'arthrite. Rien n'a été prouvé toutefois.


- Polisorbate 80
- DL-a-tocopherol
- Sorbitatan trioléate

Ce sont d'autres adjuvants stimulateurs de l'immunité. Eux-aussi utilisés depuis une dizaine d'années. Rien ne prouve encore qu'il pourrait être dangereux de jouer avec le système immunitaire, n'est-ce pas?

Et toute une série d'excipients: chlorure de potassium; octoxinol 10 (c'est un émulsifiant, spermaticide); chlorure de sodium; phosphate monopotassique; sodium désoxycholate (un détergent); phosphate disodique dihydraté; chlorure de magnésium hexahydraté; phosphate monopotassique, chlorure de calcium dihydraté; chlorure de potassium; citrate de sodium; chlorure de magnésium; acide citrique, gentamicine sulfate;  kanamycine sulfate; sulfate de néomycine (antibiotiques); bromure de cétyltriméthylammonium; formaldéhyde (ou formol, cancérigène et allergène, sert à inactiver le virus) ; oeuf, protéines de poulet; ovalbumine...

Il faut savoir qu'un vaccin n'est pas comme un autre médicament, produit par un mélange de principes actifs et inactifs chimiques bien définis et connus. C'est un produit biologique, obtenu par culture de virus dans des oeufs de poule embryonnés (grippe) ou des cultures de cellules d'origines animales diverses. Personne ne sait vraiment ce qu'il contient de façon exhaustive.
En fait, un vaccin, c'est une véritable soupe qui contient toutes sortes de protéines et de matériel génétique non identifiés... Vacciner en masse revient à faire une expérience de génétique à grande échelle, dans laquelle des ADN des toutes sortes d'organismes sont injectés directement dans le nôtre...
Là aussi la question les avantages et inconvénients se pose et doit être étudiée au cas par cas. Et doit-on faire jouer le principe de précaution?

Alors, tant que c'est possible, personnellement je préfère la prévention:
Il faut veiller à l'hygiène, à se laver les mains.
Il faut se démassifier, s'individualiser, se personnaliser, se séparer, se tenir en respect, à distance polie... Si vous n'y arrivez pas, si vous êtes condamnés aux trains de banlieue et aux ascenseurs, sachez que vous êtes prisonniers du système massificateur...

Ca par exemple, ce n'est pas vraiment conseillé

Cela me rappelle Jérusalem en 2000-2003:
Il fallait éviter les foules, c'était la meilleure façon d'éviter les attentats. Les chahids, comme les virus, aiment les foules.

Il y a encore un lien avec le terrorisme: c'est le terrorisme médiatique qui se surajoute au terrorisme de départ.
On provoque la panique, on exagère autant les dangers de la grippe porcine que les effets secondaires de ses traitements et vaccins.

La prévention rend parfois la vie difficile
 
Si nous voulons prévenir la survenue de pandémies répétées à l'avenir, il suffit d'appliquer trois solutions "simples": élevage "bio" qui encourage la diversité génétique des animaux; décentraliser spatialement le travail pour inverser l'exode rural; dans les grandes villes actuelles, le décentraliser temporellement pour d'éviter la formation de foules  par assouplissement des horaires de travail, d'étude et de vacances, afin de prévenir les maudites "heures de pointe".
Plus de foule - humaine ou animale - plus de contagion massive.
C'est vrai, la viande "bio" est plus chère. Mangeons moins de viande, nous ne nous en porterons que mieux!

Cela suppose une révolution de nos façons de vivre, et chacun en tant que consommateur, étudiant, travailleur, peut y contribuer à son niveau. Internet est une chance de ce point de vue, dans la mesure où le transport d'information peut remplacer le transport matériel: télétravail, téléconférences, téléenseignement, accès à la culture en tout lieu...
Cela veut dire cesser de maltraiter les animaux - élevages industriels et abattoirs sont de vrais camps de concentration  pour quadrupèdes - et libérer le travail des salariés - les entreprises sont parfois gérées comme des camps de travail forcé et maintenu dans les limites du supportable.

Tiens, c'est curieux: toutes ces mesures réduisent aussi la production des gaz à effet de serre! En effet, l'élevage (méthane) et les transports (CO2) sont parmi leurs plus gros producteurs...
Virus global, crises globales... climat, santé, logement, économie, tout se tient et tient en un mot: éthique.

Bon moi je ne sais pas ce que j'ai, je commence à avoir quelques frissons et à tousser. Ce n'est peut-être qu'un coup de froid, ou alors le contenu de ce post qui m'influenze... Je ne vais pas travailler demain.
 

Pour approfondir la question:

Voir ce forum






16 octobre 2009

Adam, de Nature à Culture

Voilà l'année commence, et avec elle le cycle de lecture de la Torah qui s'ouvre sur la Genèse et la création de l'homme .
Que dit le discours scientifique des origines de l'homme?
Je reprend ici le fil de ma "Façon de voir" - une ébauche de philosophie de la création - déclinée dans deux posts précédents : Un Créateur non-existant et Emergence créatrice.

Nous avons commencé par affirmer le fait d'une création du monde, et d'une "non-existence" du créateur, au sens où il ne fait pas partie du monde créé. "Il est le lieu du monde, mais le monde n'est pas son lieu" (Mishna, Pirke Avot).
Puis nous avons interprété le processus de création comme processus d'émergence: de façon réitérée, une
petite partie des éléments d'un système s'unissent pour former des éléments spécialisés au sein d'un système d'ordre de complexité supérieure qui s'en constitue. Du radicalement nouveau apparaît; "le tout est le plus que la somme des parties".
Guidant cette émergence, nous avons repéré un principe d'élection novatrice, à la fois unifiant et différentiateur. Ou en termes traditionnels: Le Créateur (émergence), Dieu personnel (élection), Dieu d'amour (unification) et de justice (différenciation) et principe d'Alliance.
Suivant les diverses étapes de l'émergence créatrice, nous sommes arrivés à la conclusion qu'elle pointe irrésistiblement vers la création de l'humanité fédérée, à la fois unifiée et riche de la diversité de ses peuples et cultures. Maintenant nous allons examiner de plus près comment se produit cette émergence de l'humanité.




Vers sapiens
La paléoanthropologie décrit l'apparition en Afrique tropicale de plusieurs espèces d'hominidés, tels que lesPrimate_skull_series australopithèques, à partir d'un ancêtre commun avec les primates, il y a environ dix millions d'années. Puis il y a deux millions et demi d'années apparaissent les premiers Homo: Homo habilis, puis Homo erectus. Le premier fossile d'Homo sapiens, trouvé en Ethiopie, est daté de deux cent mille ans.

Il n'est pas difficile de repérer dans cette série une évolution temporelle nettement orientée: chaque étape se caractérise par l'augmentation progressive de la taille du cerveau, la marche plus nettement bipède et l'utilisation d'outils de plus en plus sophistiqués.
Cette orientation claire dans le sens d'une encéphalisation croissante avait amené un Teilhard de Chardin à des conclusions dont je me sens proche (simplement je lis "messianique" là où il écrit "christique"...)


 A lire pour approfondir!



Nous aurions tort de ne voir dans l'augmentation de la capacité de la boîte crânienne qu'une donnée quantitative. Il ne faut pas perdre de vue que le tissu cérébral se caractérise plus que tout autre par une structure systémique "en gigogne" productrice de propriétés émergentes. Un réseau de neurones acquiert des capacités de calcul ou de reconnaissance de formes qui ne sont pas présentes au niveau des simples neurones individuels. Des réseaux se regroupent en réseaux d'ordre supérieur; ils sont structurés en noyaux intereliés et en couches superposées qui intègrent l'activité des couches inférieures et modifient leur activité en boucles auto-régulées complexes. Finalement c'est tout l'encéphale qui intègre l'ensemble de ses sous-systèmes en une seule unité.
EvolutionOfManLe cerveau est par sa structure propre la meilleure illustration de la systémique.


Le risque d'une involution ne peut toutefois être écarté...

L'augmentation du volume cérébral ne fait que traduire une complexification croissante accompagnée de propriétés émergentes inédites: production d'outils, art, langage, conscience...

Là encore nous voyons à l'oeuvre les mêmes grands principes que nous avions repéré dans toute la création: apparition de niveaux de complexité croissante dans le sens de la flèche du temps, réduction du nombre des élus, jusqu'à une seule espèce sapiens; augmentation des degrés de liberté par rapport à l'environnement; et un autre principe que nous n'avons pas mentionné précédemment, mais tout aussi général: "l'accélération de l'histoire" si l'on peut dire, chaque buisson_humainétape de complexification étant plus courte que la précédente de façon exponentielle.











La Nature ou l'outil ?
Mais comment s'est faite cette évolution africaine des hominidés vers le genre Homo, puis sa sortie d'Afrique qui a permis sa conquête de toute la planète?

Selon l' "East side story" d'Yves Coppens, l'ouverture de la vallée du Rift il y a
dix millions d'années sépare les préhominidés en deux populations qui évoluent en primates à l'ouest et hominidés dans la savane à l'est, en isolat génétique. Par adaptation à un réchauffement climatique, Homo mange plus de viande, son cerveau devient plus gros, la savane favorise la posture verticale et la spécialisation de la main.


 A lire!

Mais cette thèse qui fait part belle au déterminisme environnemental a été infirmée depuis la découverte de fossiles à l’ouest du Rif, dans la forêt tropicale. C'est là qu'ont été trouvés les plus anciens fossiles d'hominidés, vieux de 6-7 millions années.
La suprématie incontestée d’Homo habilis dans le nouvel environnement qu’il s’est donné explique que la plupart des fossiles ait été trouvée dans l’Est africain. Ceux de l’Ouest seront nécessairement moins nombreux, témoignant des débuts discrets, au sein de la forêt primitive, de l’évolution d’un petit groupe d’hominidés.

Si ce n’est pas le passage de la forêt à la savane qui est la cause évolutive, Comment l'expliquer?

Il faut envisager une autre explication. Or, sur les ruines de la théorie d'Yves Coppens rien n'a vraiment poussé depuis.
Je pense que l’outil lui-même peut être cette cause : Les grands singes utilisent à l’occasion des pierres ou brindilles comme outils. Nous pouvons imaginer qu’un groupe d’hominidés particulièrement doués outilsSilexdans l’utilisation d’outils et relativement isolés ait joui d’un avantage évolutif décisif qui a poussé leur évolution dans le sens d’une spécialisation de plus en plus poussée. L’utilisation d’outils de plus en plus fréquente par les membres antérieurs aurait conduit progressivement à la locomotion bipède, les mains étant occupées, et l’habitat dans les arbres serait alors devenu difficile. Les outils, alors, auraient aussi fourni la protection nécessaire pour remplacer celle des arbres, désormais perdue dans la vie au sol : ils se sont révélés des armes efficaces contre les fauves et la protection des arbres s’est faite inutile et même nuisible, puisqu’il faut abandonner l’outil pour pouvoir retourner dans les arbres.
L'outil de pierre est également un substitut de dents carnassières. Il permet à un être à la frêle constitution de frugivore de tuer et dépecer de gros animaux. L'outil peut donc aussi expliquer le passage à un régime omnivore à dominance carnée chez les préhumains. 
La fabrication d’un abri ou d’un enclos de branches et de feuilles est une autre forme d’outil, un substitut d’arbre, projection de la peau de l’homme plutôt que de sa main, qui traduit physiquement la création par l’homme d’un nouvel environnement.
La descente de l’arbre permise par l’outil, déjà au cœur de la forêt, s'avère irréversible : la spécialisation du corps provoquée par la production et l’utilisation d’outils est incompatible avec la vie dans les arbres. C’est ce qui donne au personnage de Tarzan sa valeur mythique. Mais lorsque
Tarzan, l’homme civilisé qui retourne à la forêt, réintègre la forêt des origines, il retourne dans les arbres, comme les chimpanzés, comme si il n’y avait pas d’autre solution. C’est la possibilité de la vie sur le sol de la forêt, illustrée par la civilisation pygmée, qu’avaient éliminé d’un même élan Tarzan et le mythe scientifique du passage à la Savane.tarzan2 


L’outil ouvre un accès définitif et permanent à un tout autre environnement, une autre niche évolutive, et ce en un même lieu géographique : le sol de la forêt.
Cette niche est plus culturelle déjà qu'écologique au sens habituel. Elle permet cependant de produire l'isolat nécessaire à l'apparition d'une espèce biologique nouvelle comme l'exige la génétique des populations.


Le réchauffement climatique peut avoir ensuite révélé et renforcé une "exaptation" (adaptation préalable, qui s'avère utile dans un nouveau contexte), l'utilisation d'outils, selon un processus maintes fois illustré dans la version moderne de la théorie de l'évolution.
Le passage à la savane, vers l’espace ouvert et ses nouveaux horizons, ne serait pas la cause, mais bien la conséquence de l’évolution biologico-technique entamée dans la forêt.


S'il ne l'a pas fait évoluer, par contre il est très plausible que le climat extrêmement sec ait poussé l'homme moderne hors d'Afrique.

Ce ne serait donc pas la Nature, selon le schéma environnemental, qui serait la Mère de l’Homme, mais l’Outil, la Technique et la Civilisation. Il s'agit d’une réelle révolution de nos conceptions, qui voyait l’homme semblables aux autres animaux en ce que son espèce serait apparue par la sélection et l’évolution produites par adaptation à un milieu nouveau. La théorie classique de l’évolution provoquée par le réchauffement du climat et l’isolement par la fracture syro-africaine répond au besoin de respecter un déterminisme scientifique darwinien simpliste : climatologie et géologie orientent l’évolution biologique. Il nous faut admettre que le cas de l’homme est différent, et que sa capacité à transformer son environnement, à échapper au dictat de la nature, est la cause même de son évolution biologique : la station debout, la main au pouce opposable, le développement du cortex sont le produit de l’outil, comme l’outil est leur produit, en une boucle rétroactive co-évolutive qui voit le corps de l’homme et son comportement culturel, technico-social, progresser conjointement.
Mais les moutures les plus récentes de la théorie de l'évolution reconnaissent que tout organisme modifie le milieu qui l'entoure et qui lui est de toute façon relatif; une boucle rétroactive s'installe entre organisme et environnement, il n'y a plus de place dans la théorie pour un simple déterminisme, une forme de liberté dynamique apparaît, qui croît un peu plus à chaque palier.
L'homme se fait lui-même. En un difficile combat contre et pour lui-même. Là est sa liberté.




Le cas du langage s'inscrit dans ce nouveau paradigme: son développement  est probablement lié a celui des outils. Dans les deux cas il s'agit de “se servir de”; une distance s'installe entre le sujet et la nature, produite par un intermédiaire : l'outil, le symbole.
Le langage permet la formation de groupes sociaux plus importants et mieux structurés, lesquels poussent l'évolution du langage vers plus de complexité. Là encore nous voyons apparaître une boucle de rétroaction positive entre langage et social. La science moderne ne fonctionne pas autrement: une nouvelle découverte permet d'élaborer de nouveaux outils expérimentaux, lesquels conduisent à de nouvelles découvertes, et ainsi de suite...

Les fouilles menées en Israël ont mis à jour un phénomène remarquable: les deux Homos sapiens et neandertalensis y ont produit les mêmes outils. Cela veut dire que tout en étant différents morphologiquement, ils ont partagé la même culture.
Quel beau premier signe de l'indépendance de l'esprit vis-à-vis de son support matériel!



Dans le cas des êtres humains, il nous faut considérer qu'ils forment un nouveau niveau de complexité, le niveau culturel, qui soustrait le niveau biologique sous-jascent à la pression de sélection.
C'est un phénomène général: les cellules d'un organisme ne sont pas en compétition entre elles. Au contraire, elles coopèrent et sont protégées de l'environnement par l'homéostasie du milieu intérieur. L'igloo des Esquimaux et les fourrures dont ils se revêtent les soustraient largement à la sélection environnementale, même dans les conditions extrêmes dans lesquelles ils vivent. C'est par contre la qualité de la construction de leurs igloos et de la confection de leurs habits qui est sélectionnée.


Avec l'homme la création est passée au niveau culturel, l'invention du nouveau et sa sélection selon la Loi de Vie sont désormais culturels et sociaux. La compétition est désormais entre sociétés, économique et militaire. C'est ce qu'on appelle l'Histoire.
De ce point de vue, l'erreur de l'East side story n'est pas une simple inexactitude, mais une véritable faute épistémologique.


Des travaux assez récents d'évolutionnistes qui s'intéressent à l'organisation sociale ont montré que l'avantage procuré par la cohésion sociale favorise l'émergence de comportements altruistes et la protection des faibles. En effet, un groupe d'individus bien coordonnés seront plus efficaces qu'une horde de brutes beaucoup plus puissantes individuellement, mais aux efforts dispersés.
Une évolution éthique apparaît ainsi, indissociable de l'évolution culturelle et sociale.


C'est un de ces groupes d'hommes modernes, solidaire et bien organisé, plus audacieux que d'autres, qui a franchi en premier le Rubicon de la sortie d'Afrique.
La Terre d'Israël l'a accueilli à sa sortie, lui ouvrant le monde. Le voyage de cet oleh préhistorique vers la liberté ne faisait que commencer...

27 septembre 2009

Pardon pour le CO2

9 tishri 5770


Yom Kippour est un phénomène israélien incroyable. TOUT s'arrête pendant 25 heures. Même à Tel-Aviv l'impie!


Pourquoi respecter si strictement ce jour quand on est un laïque "athée" qui ne respecte pas le shabbath et va manger des fruits de mer le lendemain? Tout le monde ne jeûne pas vraiment, mais personne ne monterait dans sa voiture profiter d'une journée sans embouteillage. Où est la logique?



Au début, pendant mes premières années en Israël, cela m'agaçait plutôt, et j'attribuais ce comportement à une espèce de superstition: on fait kippour et on est automatiquement pardonné pour l'irréligieuse année passée, tant pis si on recommence joyeusement l'année prochaine!
Gottlieb_Jews_Praying_in_the_Synagogue_on_Yom_KippurAujourd'hui je vois les choses différemment, avec plus de tendresse: demander pardon à Dieu malgré tout, un jour par an, c'est tout de même lui dire: on ne T'a pas oublié, malgré les apparences on ne s'est pas détourné de Toi tout à fait, c'est la vie moderne, ces pratiques que nous ne comprenons plus très bien, mais Toi, tu ne nous en voudras pas...


Yom Kippour à la synagogue


Pour les fautes de l'homme envers son prochain, chacun a essayé de réparer les torts causés à ses proches et amis et leur demande pardon; pour les fautes envers Dieu, rituel gardé contre rituels délaissés: je jeûne pour toutes les nourritures non-casher englouties, je laisse la voiture au garage pour tous les shabbats au volant...



Même si c'est un non-sens du point de vue strictement halakhique - transgresser kippour n'est pas plus grave que transgresser un shabbath -  les israéliens les plus laïques révèlent en ce jour qu'ils ne sont pas prêts à tout lâcher, que bien peu parmi eux sont de vrais athées.


Il y a bien une petite minorité d'athées purs et durs, alors pourquoi elle-même ne se manifeste-t-elle pas? L'explication est simple, il y a effet de masse: dès l'approche du coucher du soleil ce soir, les  chaussées vides seront tombées aux mains d'un nouvel occupant et seront désormais un territoire imprenable pour tous les bolides assourdissants qui en font habituellement un champ de mines pour bipèdes: 
piétons en familles élargies reconstituées pour la fête qui jouissent vraiment de leur conquête d'un nouvel YEkippurespace, et surtout hordes d'enfants montés sur toutes sortes de roues et roulettes...









Le Jour du Pardon, est devenu "Jour du vélo" pour les enfants d'Israël.
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Bicyclettes, patins et skateboards sont les rois d'un jour...



VelosKippur
C'est vraiment un phénomène! Mais cette année je vois un sens nouveau dans ce kippour à l'israélienne: un seul pays au monde fait grève de pollution due aux moyens de transport pendant toute une journée, et crie:


Pardon pour le dioxyde de carbone que nous rejetons chaque jour involontairement!

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Pour le pétrole brûlé inconsidérément!
Pour l'ozone détruit imprudemment!
Pour les hydrocarbures émis sauvagement!


Pour les oxydes d'azote produits sciemment ou inconsciemment!
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Pour le monoxyde de carbone rejetés par dureté de coeur!



















Pour les composés organiques volatiles mal ou insuffisamment brûlés!pollution_ta9



Pour les particules projetées en suspension stupidement!

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Pour le dioxyde de soufre qui attaque les poumons des enfants si cruellement!





Pour tous ces kilomètres parcourus en vain.







Pour tout cela, Dieu de pardon, rachète-nous,
autobusPollution
pardonne-nous!


Jérusalem est duelle. L'unité est au-delà, à construire ensemble

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