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4 juin 2008

Groupe-pétition sur Facebook

Voilà un moment que je n'ai pas publié de message. Ce n'est pas par manque d'inspiration! J'étais en fait occupé à créer un groupe sur Facebook en réponse à la question de Bernice sur mon dernier message "Les affaires sont les affaires".


C'est une première étape pour exercer des pressions sur le Ministère de la Défense afin de l'amener à utiliser un des systèmes de défense anti-roquettes américains: d'abord constituer un groupe suffisamment important autour d'une pétition, puis l'adresser au gouvernement et aux députés de la Knesset. Je compte surtout sur les députés de l'opposition qui n'ont pas encore réagit à ce scandale. Par la suite on pourra envisager de manifester.
Alors je vous invite à joindre ce groupe "Israel Government, protect your Citizens, not RAFAEL!" et à le faire connaître de vos contacts.


A bientôt!


Yehuda

23 mai 2008

Les affaires sont les affaires

Enfin cette bonne nouvelle dans Haaretz d'avant-hier:


Contrairement à sa précédente décision d'il y a un an déjà (4 juin 2007), le ministère de la défense a finalement décidé de tester le système anti-roquette Vulcan Phalanx. Le ministre avait préféré alors le système de la société israélienne Rafael "Iron Dome" qui n'a pas encore fait ses preuves, coûtera des closein_weapon_systemmilliards de shekels, et ne devrait être fonctionnel qu'en 2011! Les habitants de Sdérot et des Kibboutz environnants n'avaient qu'à s'armer d'un peu de patience! Et d'ici là, les Palestiniens auront trouvé autre chose...


Le système Vulcan Phalanx


Le système Phalanx produit par la société américaine Raytheon, lui, est parfaitement opérationnel et peut être immédiatement mis en place. De plus il est relativement bon marché (8 à 15 millions $) et ses munitions aussi. Chaque missile lancé par "Iron Dome" coûtent de 30 à 50,000 dollars alors qu'un Kassam ne coûte presque rien!
En fait on a appris ensuite, bien après que le "Dome de fer" soit approuvé, qu'il ne pourrait pas protéger Sdérot car elle est trop proche de Gaza. On a envisagé de créer une zone tampon pour que les tireurs soient à la bonne distance... (
Haaretz).


Le système de défense rapprochée Vulcan Phalanx  a été à l'origine mis au point pour la marine et donne satisfaction depuis plusieurs décennies. Sauf dans la dernière guerre du Liban lorsqu'une corvette porte-missile israélienne Saar-5 a été touchée par un missile. Mais le Phalanx n'avait pas été mis en route!


La version terrestre plus récente s'appelle le système C-Ram. La batterie se compose d'une mitrailleuse lourde à tir ultra-rapide (6.000 projectiles à la minute) couplée à un système radar. Une fois un missile détecté, les canons créent un rideau d’acier de balles volant à la vitesse d'un kilomètre par seconde - quatre fois plus vite qu’un Kassam. Selon les rapports américains le système est d'efficace à 80 % contre les missiles  et obus de mortier.


Ce système est bien assez bon pour les États-Unis et les forces armées britanniques et canadiennes qui emploient le Phalanx pour protéger leurs bases en Irak et en Afghanistan. Mais le plus convainquant est queC_ram les américains s'en servent pour défendre toute la zone verte, la zone gouvernementale de Bagdad.


Le système terrestre C-RAM


Mais le ministre israélien voit les choses d'un autre oeil. Cela fait environ un an maintenant que des experts indépendants et des spécialistes de Tsahal avaient essayé de convaincre Ehud Barak. Cependant, l'idée a été constamment rejetée par le ministère de la défense.


Un autre spécialiste en balistique dont j'avais lu un article il y a quelques mois, le Dr. Nathan Farber, avait essayé de convaincre le ministère depuis longtemps, sans succès. Je m'étais dit alors les spécialistes du Ministère doivent savoir de quoi ils parlent...


L'explication officielle du rejet reste dans le flou: "après étude les experts ont conclu que le système ne satisfait pas les besoins de défense d'Israël contre des mortiers et des missiles Kassam".
Des sources au ministère ont ensuite expliqué que le système ne convient pas pour Sdérot parce qu'il ne peut protéger que des zones de quelques centaines de mètres carrés seulement.



On nous prend pour des imbéciles? La Green Zone de Bagdad à une surface de 10 km², ce n'est pas si petit! Et la base militaire de Zikim, près d'Ashkelon - où avant-hier encore un soldat a été blessé par un tir de mortier - elle est aussi trop grande pour être protégée? Et les kibboutz qui jouxtent la frontière?


D'après Uzi Rubin, un spécialiste des missiles et ancien responsable du Ministère de la Défense, quatre batteries C-RAM  - pour 15 million $ pièce - pourraient défendre Sdérot de façon efficace contre les roquettes Kassam. Cela aurait pu être fait depuis des années. (Voir ce site militaire). Pour comparaison, le renforcement en béton des 8000 maisons proches de Gaza que le gouvernement a été contraint d'approuver il y a peu coûtera près de 100 millions $.


Un autre système américain qui a été rejeté est un système laser nommé "Skygard" de Northrop Grumman. 100% efficace, moins cher que le système de Rafael et pouvant être mis en place plus rapidement. Le ministère de la défense n'a pas daigné répondre aux propositions des américains.
Lorsque le directeur général du ministère de la défense décide l'année dernière d'aller voir sur place aux USA le système laser, "on" fait passer dans les médias israéliens une fausse information: la plupart des essais ont échoué. En fait il n'y a eu aucun essai et ne devait pas y en avoir. (omedia.co.il, aujourd'hui). Les défenseurs de l'industrie bleu-blanc sont vraiment très efficaces... 



Une batterie C-RAM a finalement été commandée aux USA pour la tester contre les mortiers et Kassams tirés depuis la bande de Gaza. Toutefois, on ignore quand elle arrivera en Israël. On raconte que le directeur général du ministère, Pinhas Buchris, aurait pris cette décision malgré l'opposition de plusieurs haut-fonctionnaires.


Idf_saar5_hit3
Le vaisseau Saar-5. Un missile chinois tiré par des experts iraniens l'a touché depuis la côte libanaise


Début mars, une délégation des fonctionnaires du ministère de la défense et des officiers de l'Armée de l'Air est allé aux USA évaluer le Phalanx. La délégation a conclu que "le système pourrait fournir au moins une réponse partielle à la menace venant de Gaza".


L’année dernière ce n’était pas suffisant?


Visiblement il y a d'autres raisons qui ont fait préférer le projet de Rafael malgré son coût.


Une première hypothèse est une mesure de rétorsion contre les américains qui ont refusé d'acheter le système israélien de  protection active de blindés TROPHY produit par Rafael.


L'autre hypothèse est plus probable mais j'ai du mal à l'envisager: si le système C-RAM s'avérait suffisant pour contrer les roquettes Kassam, on risquerait de ne plus avoir besoin du Iron Dome et le gouvernement aurait du mal à justifier son achat. Et si au contraire celui-ci avait l'occasion de prouver son efficacité à protéger la population du Néguev Occidental, ce serait un argument de vente inestimable pour son exportation vers tous les théâtres de combat.


Ce qui me rend d'autant plus suspicieux - outre notre manque maintenant chronique de confiance envers la classe politique - est la façon dont les décisions ont été prises: parmi les membres du panel d'expert qui a approuvé le projet et lui a alloué un fond de recherche d'un milliard de shekels se trouvait Yedidya Ya’ari, un proche d'Ehud Olmert et PDG de Rafael Armements! (Haaretz).


Olmert avait nommé son ami Ya'ari dans la Commission Winograd qui a enquêté sur la seconde guerre du Liban. Le Conseiller juridique du gouvernement, Menahem Mazouz, a annulé sa nomination une semaine plus tard pour conflit d'intérêt. Rafael, en effet, est une compagnie gouvernementale, ce qui plaçait Ya'ari dans la dépendance d'Olmert.


L'opinion publique israélienne, écoeurée par les effluves nauséabondes des "affaires" que laisse Olmert dans son sillage, n'est pas encore vraiment au courant. Le mépris de la direction politique et militaire du pays pour sa population civile était patente durant la deuxième guerre du Liban. Ce nouveau scandale le confirme encore d'avantage.
S'il s'avère que la population de Sdérot subit depuis huit ans un des pires traumatismes qu'une population civile ait connu pour les intérêts du complexe politico-militaro-industriel, les réactions risquent d'être très dures.

13 mai 2008

Indépendants, vraiment?

Je n'ai pas voulu nous gâcher la joie des festivités de la Fête de l'Indépendance avec des commentaires critiques. Quelques jours ont passé. Nos beaux drapeaux bleu-blanc "made in China" généreusement offerts par "Bank Hapoalim" flottent encore aux fenêtres des maisons et voitures; nous avons joyeusement tapé sur la tête de nos concitoyens avec les fameux marteaux en plastic; nous nous sommes goinfrés de bonnes israel60brochettes cuites sur le fameux mangal, notre barbecue national; nous nous sommes tordu le cou à admirer les acrobaties aériennes de  nos valeureux pilotes et avons presque oublié notre honte d'avoir tant de dirigeants en procès ou en prison pour corruption...
C'est vrai, c'est vrai, nous faisons une overdose d'autocritique et d'examens de conscience perpétuels. Mais tout de même je ne peux m'empêcher de poser la question: Sommes-nous vraiment indépendants?




Bien sûr, aujourd'hui aucun Etat n'est vraiment indépendant. La mondialisation et la domination économico-politico-militaire des grandes puissances et des cartels limitent cruellement la souveraineté des petits Etats comme Israël. Ce n'est pas de l'Etat qu'il s'agit.
Ma question est: le nationalisme israélien est-il une expression positive de l'autodétermination du Peuple Juif, ou seulement une réaction de défense contre ses ennemis? Puise-t-il dans son "âme nationale" ses propres fins, ou se contente-t-il de perpétuer un sionisme de réaction ou d’imitation?

C'est l'ambiance morose du Soixantenaire, les discours officiels qui sentent le réchauffé, le ronron médiatique, le cynisme désabusé de la jeunesse israélienne et mon propre manque d'enthousiasme qui me poussent à poser la question maintenant.

Un documentaire en particulier m'a frappé. Il s'appelle "Totseret Jyd" ou: "De fabrication juive", en reprenant le terme méprisant pour "juif" en Polonais. Je le trouve très significatif, et en même temps il raconte une extraordinaire histoire vraie qui mérite d'être rapportée. Il est passé sur la deuxième chaîne de la télévision israélienne à la veille du "Jour de la Shoa missileet de l'Héroïsme", soit une semaine avant le Jour de l'Indépendance. Il porte sur un gros contrat de vente d'armes et transfert technologique  signé en 2003 entre Israël et la Pologne.
La compagnie israélienne Rafael Armements a developpé un missile anti-tank sophistiqué, qui est produit sous sa licence dans les ateliers de l'usine polonaise Mesco.


Le missile de "Rafael" *
Il se trouve que l’ingénieur israélien chargé de la direction du projet - lui-même né en Pologne - est fils de rescapés. Lorsqu'il raconte à ses parents ce qu'il fait, ceux-ci, qui n'avaient jamais beaucoup parlé de la période de la guerre, lui demandent où se trouve l'usine polonaise.  Lorsqu'il leur dit "près de Skarzysko-Kamienna", ils sont sous le choc.  C'est le camp de travail forcé où ils étaient prisonniers! Ils commencent alors à lui expliquer.


Les nazis avaient réquisitionné l'usine polonaise pour le consortium allemand HASAG (Hugo Schneider Aktiengesellschaft) qui avait fait de la production de munitions un enfer pour des milliers de prisonniers juifs.
L'aile "C" des usines était particulièrement redoutée: on y fabriquait des mines sous-marines utilisant un explosif à base d'acide picrique très toxique. Les ouvriers-esclaves devenaient jaunes, leurs organes intérieurs étaient dévorés par la "picrine" et ne survivaient pas plus de trois mois. Un train amenait continuellement des "chargements" de main d'oeuvre fraîche directement à l'intérieur du camp. Ironie du sort? C'est là que les Polonais installent les lignes de production de Rafael!

Le directeur de l'usine, le Dr. Arthur Rost, n'aimait pas gaspiller les munitions. Les prisonniers à exécuter  étaient chargés en camion et emmenés sur un champ de tir pour servir de cible dans le test des munitions.


Un extrait en hébreu


Le journaliste Hayim Hecht, auteur du film, interviewe une survivante:
- ils savaient où on les emmenait?
- bien sûr qu'ils savaient ce qui allait leur arriver!
Et de citer la formule allemande alors bien connue apparemment:
- vernichtung durch arbeit (anéantissement par le travail).


Hecht affiche un sourire triomphant avec la fierté du vendeur à l'étalage qui vente son produit :
- mais cette fois, les Juifs ne sont plus les cibles vivantes, ils sont les invités d’honneur!
L'image glisse en fondu du charnier nazi au spécialiste israélien qui ajuste le tir "du meilleur missile anti-tank au monde". La "production jid" est appréciée maintenant!




Ce documentaire me met maintenant franchement mal à l'aise. Il alterne lourdement les images: champ de tir d'alors, champ de tir aujourd'hui, qui dominait alors, qui domine aujourd'hui... Il ne faudrait pas grand chose pour en faire un film de propagande antisémite qui montre comment les Juifs, pleins d'un esprit vengeur, deviennent parmis les plus gros marchands de canons du monde... S'il est légitime et sain de se réjouir de ce que nous ayons enfin les moyens de nous défendre, cette joie s'exprime trop souvent ici comme un grossier retournement, lequel participe de la même adoration de la force que celle des bourreaux, et du même mépris envers la faiblesse des victimes. Pour preuve la façon lamentable dont les survivants des camps sont traités en Israël.




"Plus jamais ça" - proclament les discours de commémoration de la Shoa. Grâce à sa puissance militaire et sa supériorité technologique Israël ne laissera plus les Juifs être des victimes sans défense.  C'est sa principale raison d'être si on écoute le patriotisme bleu-blanc primaire qui continue à sévir... et Ahmedinejad qui a bien compris que c'est le point faible de la cuirasse israélienne.
Le jour même de l'émission plus de dix missiles "Kassam" tombaient sur la ville de Sderot. Le même Ahmedinejad continue à menacer le pays d'un nouveau vernichtung... en langue perse!
Pas très convainquant comme raison d'être.


Inversion du rapport de force. Mimétisme de conflit. Revanche sur le passé. Ce n'est pas ça l'indépendance. Bien au contraire, le désir sans cesse exprimé de "normalisation" par toute une élite intellectuelle et politique du pays, qui veut désespérément voir les Juifs devenir enfin un peuple "normal, comme les autres", témoigne de la colonisation intérieure des esprits.



Soixante ans après, le rassemblement des exilés, la démocratie, l'économie prospère, l'armée puissante et les avancées scientifico-techniques d'Israël signent indéniablement la réussite du mouvement sioniste. Mais s'il ne veut pas s'épuiser comme une autre révolution réussie qui a fait son temps - le kibboutz - le sionisme va devoir puiser aux sources dormantes mais vives, fraîches et profondes des prophètes d'Israël.


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