28 avril 2008

Le développement durable – Futur d'Israël


Je reprend ici un petit article que j'ai publié dans: Panorama No 21 - mars-avril 2005, p. 33.



Lors de la création du premier homme, le Saint béni soit-il le pris, le fit passer devant tout les arbres du Jardin d'Eden, et lui dit : Regarde mes œuvres, comme elles sont belles et excellentes ! Tout ce que j'ai créé, c'est pour toi que je l'ai créé. Réfléchis bien, de peur que tu n'abîmes mon monde et le détruises. Car si tu l'abîmes, il n'y aura personne pour réparer après toi.  Midrash Ecclésiaste Rabbah 7:13

Israël ne se contente pas d'abriter une population d'origines si diverses qu'elle peut être comprise comme un résumé de l'humanité. La terre d'Israël est aussi un concentré de climats et de paysages d'une exceptionnelle diversité. Sa faune, marine et terrestre, et sa flore sont parmi les plus riches du monde. Mais depuis sa Oasiscréation, le petit Etat fait face à la plupart des problèmes écologiques qui sont devenus récemment le lot de toute la planète : manque d'eau, désertification, grandes densités de peuplement, pollution industrielle et domestique croissante, circulation automobile intense, dépendance énergétique, etc.




Alors, où en est l'écologie israélienne ? Elle est dans le paradoxe de réalisations admirables côtoyant des zones écologiquement sinistrées : plus haut taux d'équipement en chauffe-eau solaires au monde, et Bassin du Yarkon empoisonné par les métaux lourds, où les pêcheurs meurent de cancer; désert fleuri, premier pays pour le recyclage agricole des eaux usées, et oueds transformés en égouts à ciel ouvert; recherche scientifique écologique d'avant-garde, et décharges sauvages…


Les deux tiers du territoire d'Israël sont un désert habité par seulement deux ou trois pourcent de la population. Sous ce désert se cachent d'immenses aquifères d'eau fossile saumâtre, à laquelle les agronomes israéliens ont su adapter nombre d'espèces végétales. Le Néguev, pour l’appeler par son nom, représente la « nouvelle frontière » du développement d’Israël.


Mais déjà cette possibilité est bloquée par les défenseurs de l’environnement. Les verts israéliens sont encore des écologistes classiques : ils défendent l’environnement, la nature, s'opposent au développement agricole et industriel, car ils n’ont pas assimilé le nouveau concept de « développement durable ».


En quoi consiste précisément le développement durable ?


Les Nations Unies l'ont défini ainsi : « Un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. » Autrement dit, il faut utiliser les ressources naturelles au rythme de leur renouvellement, et ne pas produire plus de pollution et de déchets que ce que l'environnement peut digérer.


Quelle est la différence entre ces deux approches ?


Brièvement : d'un côté les néo-adorateurs "New Age" de la terre-mère, qui prônent la croissance zéro; de ibex4bigl'autre les "jardiniers" héritiers de l'Adam biblique, qui fécondent la terre-femme du jardin avec la plus grande conscience de leur responsabilité. Les uns voient toute intervention humaine comme un viol de la Nature, les autres comme le devoir de créer une nature seconde, une culture où pourra régner l'abondance.


Le Midrash que nous avons cité en exergue n'était probablement pas connu des décideurs. Ce texte antique exprime sous forme d'une historiette la dramatique solitude de l'espèce humaine à qui est confiée la responsabilité entière de l'avenir de la planète. La conscience de cette responsabilité commence seulement à pénétrer les sphères politiques. Mais de plus en plus de scientifiques pensent que la catastrophe écologique planétaire devient inévitable. Le réchauffement global dû aux gaz à effet de serre, entre autres problèmes, menace les zones côtières d'un lent, mais inexorable, tsunami. Il ne pourra être limité que si les grands pays industriels adoptent dès maintenant une politique de développement durable conséquente.


Nous savons aujourd'hui qu'un tel développement demande de résoudre de nombreuses difficultés techniques, mais diverses expériences montrent qu'il est possible. C'est le grand défi du 21ème siècle. A l'échelle d'Israël, c'est la porte du Néguev. Sans lui, impossible de développer le désert sans polluer ce dernier espace viergePontcordes qu'il nous reste. Il faudrait y construire un écovillage modèle qui mette en œuvre les différentes techniques disponibles. Il démontrera la faisabilité d'un tel projet et amorcera la nécessaire révolution des esprits.


Wadi Besor

J'imagine une oasis sortie des sables brûlants de Haloutza la nabatéenne. Tirée du forage profond, l'eau chaude saumâtre alimente les piscines du centre thermal, puis se déverse dans les grands bassins de pisciculture biologique ombragés de palmiers. La même eau ressort des bassins, chargée des nitrates naturels généreusement offerts par les poissons, pour arroser serres et vergers également biologiques. Une petite zone industrielle regroupe un réseau d'entreprises qui fonctionnent selon les principes de l'écologie industrielle : les déchets des uns sont les matières premières des autres. Dans la palmeraie, building1bigles maisons solaires sont construites avec des matériaux naturels locaux : pierre, pisé, bottes de paille. Pas d'égouts : toilettes sèches à compost, eaux usées recyclées.



Maison de pisé, Midreshet Ben Gurion


Toutes les sources d'énergie renouvelable sont exploitées : solaire, éolienne, biogaz, biodiesel, énergie thermique du compost. On aperçoit les habitants qui se déplacent en voiturettes électriques, à vélo ou à cheval. C’est à peine si leur plus grande activité les distingue des écotouristes venus se détendre.


Un rêve? Après tout, la Terre d'Israël est précisément située au milieu du Jardin d'Eden, entre Nil et Euphrate!

25 avril 2008

Un signe sur la peau

Ma thèse de Pharmacie - Peau Impure et Peau Malade. Aspects de la dermatologie talmudique - portait sur le traitement des maladies de la peau dans le Talmud. Elle a été l'occasion de mettre à profit alors mes deux domaines d'étude, les études juives en yeshiva (école talmudique) et mes études de pharmacie.


Le résultat de ma navigation sur "l'océan talmudique" n'a pas été planifié d'avance: J'avais l'intention au départ d'écrire une pharmacopée talmudique, travail de recherche qui n'avait jamais été entrepris. Mais découvrant l'ampleur de la tâche, je décidai - sur le conseil de mon maître de thèse - de me limiter au domaine dermatologique.
Je fus alors placé devant deux dilemmes: un traité entier du Talmud traite de la lèpre en tant qu'impureté lévitique et non comme d'une pathologie. Devais-je l'inclure dans ma recherche? D'autre part, plusieurs affections dermatologiques, abordées par les docteurs du Talmud comme de véritables maladies, se voient traitées de façon peu pharmacologique: amulettes, incantations, prières, côtoient des remèdes tirés de plantes ou minéraux, fallait-il les étudier comme des médicaments?



J'ai décidé de ne pas sélectionner mes sources selon leur intérêt purement pharmaceutique, mais de les aborder de façon plus anthropologique, en respectant leur logique propre.
lepreux_XVsiecleC'est ouvert alors un champ d'investigation apparemment irrationnel mais riche des nombreuses significations de l'organe peau.
Parce que la peau est l'image de l'homme créé à l'image de Dieu, son atteinte met en jeu ce reflet de la transcendance qu'est la dignité de la personne humaine. Ses conséquences se déclinent à l'infini dans les diverses sphères de la religion, de la société, de la psychosomatique et de la médecine. J'en présente divers exemples.



Lépreux. XVe siècle


J'ai remanié ma thèse pour en faire un livre intitulé Un signe sur la peau - Approches talmudiques de l’impureté et des maladies de la peau. Il a failli être publié, mais l'éditeur, alors en difficultés financières, n'y a pas vu le futur best seller qui va renflouer ses caisses... Il faudrait remanier le manuscrit. Vos conseils sont les bienvenus.
Moi cela ne me coûte rien de le mettre en ligne grâce au miracle de l'internet...



Alors bonne lecture!


J'ai aussi écrit un article qui reprend des extraits du livre, qui concernent la Lèpre et traitent de la relation corps-esprit. Il s'intitule: La Tache du Lépreux, publé in: La Revue française de Yoga, n°3, "De la santé au salut", janvier 1991, pp. 57-80. (cité en partie dans Le Monde du yoga). Une façon plus brève de découvrir les principales idées du livre:


LA TACHE DU LÉPREUX


À propos des lésions cutanées impures dans la littérature talmudique


Un homme est atteint dans sa chair, dans sa peau. La tache qui a fait irruption fait de lui un être marqué, marqué comme le sont l’animal ou l’esclave. Toute tache fait signe, et un signe sur la peau efface la dignité humaine qui est d’être, à l’« image » de Dieu, non symbolisable, non représentable. C’est l’impureté.


Signe, certes, mais signe de quoi ? Signe d’une faute impossible à porter autrement, tel le signe de Caïn qui le stigmatise et le protège, à la fois, par l’isolement du monstre, ou signe de l’Envoyé Libérateur, comme la lèpre réversible de Moïse, ou encore signe d’élection du Sauveur Souffrant qui porte nos fautes, sur qui le doigt de Dieu a laissé sa trace ?


UN SIGNE SUR LA PEAU


Approches talmudiques de l’impureté et des maladies de la peau


Un signe sur la peau est divisé en plusieurs fichiers pour raccourcir le temps de chargement:




Un homme est atteint dans sa chair, dans sa peau. La tache qui a fait irruption fait de lui un être marqué, marqué comme le sont l’animal ou l’esclave. Toute tache fait signe, et un signe sur la peau efface la dignité humaine qui est d’être, à l’« image » de Dieu, non symbolisable, non représentable. C’est l’impureté. Avant-Propos - suite




ASPECTS DU TALMUD


Textes sacrés ou textes profanes ?


Le fait de trouver dans le Talmud, à la fois, des textes qui abordent les lésions de la peau en termes d’impureté et de rituel, et d’autres qui le font en termes de maladie et de traitement, pose la question de son statut. Celui-ci ne peut être mieux éclairé que par les récits du Talmud lui-même qui mettent en scène cette question. Un de ceux-ci décrit les circonstances de la mort de Rabbah b. Nah’mani, persécuté par le pouvoir perse à la suite d’une dénonciation... Introduction - suite





LE TALMUD ET LA SANTÉ


R. Huna a dit : Les dires des Sages sont source de bénédiction, de richesse et de guérison (Ket. 103a).


Ces dires, destinés à établir le droit, enseignaient aussi comment guérir. La santé recouvrée était souvent vue comme un signe de pardon, de pureté rétablie. Santé et sainteté sont donc bien proches ; voilà qui peut nous aider à saisir ce qui est en jeu dans la santé de la peau.


Après cette très brève introduction aux textes, voyons comment ces derniers abordent le domaine de la santé en général... Chapitre 1 - suite






POUR SITUER LA DERMATOLOGIE TALMUDIQUE


— Où est le Messie ?
— Aux portes de Rome.
— À quel signe le reconnaîtrai-je ?
— Il se tient au milieu des pauvres qui souffrent de toutes sortes de maladies. Tous les autres, pour nettoyer leurs plaies, défont puis refont tous leurs pansements à la fois ; lui, il les défait et refait un par un, car il se dit : Peut-être me demandera-t-on, et il ne faut pas que je puisse être retardé (San. 98a).



Les affections de la peau s’inscrivent dans un espace à deux dimensions, celui de la peau. Comment le Talmud voit-il cet espace ?


Il nous faut aussi un aperçu général de la façon dont les dermatose sont classées, identifiées, savoir à quelles causes elles sont attribuées par ces textes, et comment on les évitait.
Mais la dermatologie du Talmud s’inscrit aussi dans la dimension temporelle, celle de l’histoire des sciences et des religions…
Chapitre 2 - suite




LA « LÈPRE », MALADIE OU IMPURETÉ


Que doit faire un homme pour vivre ? Ils répondirent : il doit se faire mourir lui-même


Que doit faire un homme pour mourir ? Ils répondirent : il doit se faire vivre (Tam. 32a).


Nous abordons maintenant la « lèpre », cet ensemble d’affections cutanées désigné par les termes de tsara‘at ou nega‘im et improprement traduit par « lèpre », avant les autres dermatoses, parce qu’elle nous permettra d’introduire aux sens qui étaient attribués aux maladies de la peau dans la sphère biblico-talmudique.


Nous n’avons pas distingué, jusqu’à présent, entre les affections de la peau, qui sont pensées comme de véritables maladies, auxquelles une origine naturelle ou surnaturelle est attribuée et qui peuvent être traitées, et la « lèpre » lévitique dont seul le caractère d’impureté rituelle importe, et non sa morbidité... Chapitre 3 - suite




DERMATOSES VRAIES


Avec la destruction du Temple va disparaître la raison d’être de l’impureté rituelle lévitique, et avec elle, celle des prêtres saducéens. Il n’existe donc plus, semble-t-il, d’affections cutanées impures.


Paradoxalement, la prise définitive du pouvoir religieux et politique par les laïques que sont les Rabbins, va conduire à une relative spiritualisation du religieux : à côté, il est vrai, des nouveaux rites pharisiens qui s’implantent parmi le peuple, la prière et l’étude remplacent désormais l’essentiel des rites du Temple qui étaient incarnés dans le geste, l’espace et le temps, et nouaient ainsi intimement sens et matière. Le monde se fait par conséquent plus matériel et « désenchanté », selon le témoignage de maints récits rabbiniques. Chapitre 4 - suite




ULTIMES DÉVELOPPEMENTS : UN SIGNE ET SES SENS


Les pensées biblique et talmudique n’ont pas produit un seul ouvrage médical ou pharmacologique séparé. C’est tout d’abord parce que, pour elles, le règne de la Loi, porteur d’un ordre communautaire juste et humain, est la condition première de la santé. Les connaissances thérapeutiques de son époque n’ont cependant pas été négligées par le Talmud. Elles ont été expressément consignées par écrit afin de ne pas être oubliées. Elles témoignent, par leur incorporation dans le texte de la Loi Orale, du respect profond qu’a la pensée rabbinique pour la science, qui vient de celui qu’elle a pour la vie. Conclusion - suite






24 avril 2008

Le Bon, la Brute et le Naïf

J'ai écrit ce texte peu après le coup d'Etat du Hamas à Gaza. Depuis juin 2007 rien n'a changé. Cette situation va durer. Il est temps de la prendre en compte comme la réalité géopolitique qu'elle est devenue. La stabilité remarquable de la configuration palestinienne - deux quasi-Etats de part et d'autre d'Israël - confirme l'analyse que j'avais fait alors, c'est pourquoi je la publie ici:
Le Bon, la Brute et le Naïf



Il ne faut pas sous-estimer son ennemi. Et il n’est pas nécessaire de faire appel à la théorie du complot pour voir que le partage des Territoires entre le Hamas et le Fatah sert merveilleusement bien leurs intérêts.


Le gouvernement d’union nationale palestinien créé au mois de mars sous égide saoudienne n’était qu’un hybride stérile. Il était paralysé par ses contradictions internes et unanimement rejeté de la scène internationale. Mais depuis la distribution des rôles entre Le Bon Mahmoud Abbas (Abou Mazen) et La Brute Ismaïl Hanyeh tout a changé, l’ancienne Autorité Palestinienne, désormais partagée entre son président et son parlement, peut manger à tous les râteliers, "danser à tous les mariages" comme nous disons en hébreu : au Fatah l’aide israélo-américaine ; au Hamas le soutien irano-jihadiste. Et le flot de toute cette aide en argent, armes, combattants, formation, coule maintenant en un double torrent large et impétueux.


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Prise du pouvoir … Combattants du Hamas à Gaza dans les quartiers généraux du Président Mahmoud Abbas occupés la veille.
Photo: Reuters



Certains estiment qu’un remaniement aussi réussi n’a pu être le fruit du hasard. Ils affirment que Abbas et Hanyeh avaient déjà planifié ce « plan de partage » avant que le Hamas lâche ses hommes sur Gaza. Difficile à croire, au vu de la cruauté des massacres perpétrés. Il est clair pourtant que tout s’est passé comme si cette thèse était fondée : le Fatah à Gaza, tout comme le Hamas en Judée-Samarie n’ont visiblement pas fait beaucoup d’efforts pour garder leur contrôle du terrain. On jurerait de l’existence d’un accord tacite entre les chefs des deux camps.


Quoiqu’il en soit, l’extraordinaire avantage objectif procuré par la nouvelle situation suffit amplement à expliquer le déroulement des combats. Et puis la rivière des évènements a trouvé devant elle le lit tout prêt creusé auparavant par le mentor de Abbas et son vieux compagnon de route, Yasser Arafat : à la fois jouir le plus possible des fruits des négociations en faisant miroiter la paix future d’une main, et obtenir un maximum de concessions en brandissant l’épouvantail terroriste de l’autre main.


Mais cette fois-ci la méthode est bien plus crédible : grâce au partage territorial  les mains semblent appartenir à deux corps différents. Jadis, le double jeu d’Arafat était assez transparent pour qui y regardait Gbuglyde suffisamment près, et son double langage, souvent bilingue, l’avait trahi plus d‘une fois.  Aujourd’hui, nous nous trouvons face à deux excellents acteurs qui jouent de la façon la plus naturelle leur propre personnage ! Qui pourrait les mettre en doute ?


De fait le dispositif fonctionne parfaitement : « le Naïf » Israël se porte au secours du « Bon » président Abbas, qui jamais ne salirait ses mains délicates à soutenir le terrorisme. C’est Ahmedinejad, le président iranien, qui fait le « sale boulot » en soutenant « La Brute » Hanyeh, le premier ministre révoqué. A quoi rêver de mieux ?


La synergie qui se développe entre les rôles du bon et du mauvais flic, comme dans la fameuse méthode policière, fait des merveilles : plus Israël et l’occident renforcent naïvement le Fatah, plus l’Iran et le Jihad international se sentent contraints de sauver leur protégé Hamas en accroissant leur aide, et vice-versa. Beau cercle vicieux ! C’est un des ressorts de l’efficacité de la méthode : le renforcement d’un des camps suscite automatiquement celui de l’autre.


Ils ne vont certainement pas se livrer une guerre totale, et de toute façon leur isolement géographique ne le permettrait pas ; ils vont se contenter d’un minimum d’accrochages destinés à entretenir leur crédibilité et ainsi assurer l’afflux des aides extérieures. Ils laisseront faire quelques débordements spontanés, quelques exactions, pour faire plus vrai. Ils ne vont pas retenir leurs mots, bien au contraire, nous voyons déjà les prémices d’une inflation rhétorique : et que je te traite de terroriste sanguinaire, et de te répliquer que tu es un collabo des américains et des sionistes ! Plus l’injure est cruelle, plus elle semble réelle.  Les mots ne coûtent rien, bien au contraire, ceux-là rapportent beaucoup !


Ce qui est sûr c’est qu’en fin de compte la somme totale des forces des deux cotés ne va cesser de croître à map_Israel_distancesun rythme sans précédent, et ce sans éveiller le moindre soupçon ! Il ne restera plus, le moment venu, qu’à retourner cette puissance de feu nouvelle contre sa destination véritable laquelle n’a jamais été perdue de vue : Israël, à effacer de la carte de la Palestine.


Cela ne veut pas dire que Mahmoud Abbas et de nombreux Palestiniens ne reconnaissent pas sincèrement l'existence d'Israël de facto. Ils veulent vraiment créer un État palestinien aux côtés d'Israël. MAIS ils ne reconnaissent pas Israël de jure, comme État légitime du peuple juif. Le conflit est donc inévitable à terme.


Il est probable que le Hamas et le Fatah ne reformeront pas un gouvernement d’union tant qu’ils ne se sentiront pas assez forts pour attaquer conjointement. Mais lorsque Israël aura libéré suffisamment de prisonniers venus renforcer les deux côtés, lorsque nous aurons démantelé la plupart dessizeisraelfrance barrages de Cisjordanie, lorsqu’à l’Est les bases du Fatahland seront solidement implantées aux portes de Jérusalem, lorsque les fortifications souterraines du Hamastan à l’Ouest seront plus sophistiquées que celles du Hezbollah libanais, lorsque les missiles ne se compteront plus, lorsque s’ouvrira peut-être un nouveau front libanais ou syrien, alors le temps sera venu de refermer les deux mâchoires de la pince sur sa naïve proie.


Les Palestiniens peuvent être confiants et compter sur cette même erreur qu’Israël répète inlassablement : sous-estimer les Arabes.

22 avril 2008

En attendant Obama

Les primaires démocrates américaines suivent leur cours et Barack Obama apparaît de plus en plus comme leur futur vainqueur.


En attendant, les centrifugeuses iraniennes tournent et tournent et ne cessent de tourner à plein régime. Elles me semblent le principal enjeu des élections américaines. 


Les services secrets américains ont apparemment réussi à torpiller l'éventualité d'une attaque militaire préventive. Leur fameux rapport affirme que la République islamique a abandonné son programme nucléaire militaire, alors pourquoi s'inquiéter? Lorsqu'on sait qu'il suffit de quelques mois pour passer du nucléaire civil au militaire, il est clair que les services secrets ont délibérément mené une attaque préventive... contre Bush et ses velléités belliqueuses.


Sur les questions de politique intérieure américaine, les différences entre les trois candidats sont insignifiantes. Qu'en est-il de leur politique extérieure moyen-orientale, en particulier face à la menace nucléaire iranienne? Tous trois affirment haut et fort qu'ils ne resteront pas sans réagir si Israël est attaqué. Mais ne sera-t-il pas trop tard? Et même pour des représailles, peut-on leur faire confiance?


La position de McCain - qui a soutenu la guerre en Irak tout au long - s'annonce dans la continuité de celle de Bush Junior, vu son humour de caserne (Vidéo: Bomb bomb bomb bomb Iran...).
Celle d'Hillary Clinton apparaît plus nuancée: elle a soutenue l'intervention américaine tant qu'on pensait que Saddam détenait des armes non-conventionnelles. Elle s'y est opposé ensuite.
obamaAipacBarack Obama est celui qui me rend le plus perplexe, ne serait-ce que par ses revirements de position au gré des sondages d'opinion.  J'avoue qu'a priori, c'est le candidat qui m'est le plus sympathique: sourire charmant, esprit fin, et un air d'éternel adolescent qui s'invite dans la cours des grands. Pourtant j'ai beaucoup de doutes sur ses orientations politiques. Son opposition d'emblée à la guerre en Irak, dès son tout début, me semble très discutable. Même quand l'intervention est plébiscitée par la participation massive des irakiens aux élections, il n'émet pas le moindre doute. D'où lui vient la détermination sans faille dont il se prévaudra par la suite? Est-ce d'un réel démocratisme très exigeant? Je crains que sa source en soit un tiers-mondisme "anti-impérialiste" et dogmatique nourri de revancharde solidarité des humiliés, à en juger par sa culture politique acquise à la Trinity Church.





Mais le point qui m'inquiète le plus quant à Obama m'a été confirmé par une allusion des services secrets américains. Ils ont coutume de qualifier d'un nom de code le candidat à la présidence dont ils assurent la sécurité. Ainsi le cowboy Ronald Reagan était "Rawhide" ("cuir brut"); Bush à eu droit à "Tumbler" ("gobelet", on y boit le whisky).
Pour Obama le Secret Service a choisi "
Renegade", c'est à dire "renégat", "apostat". J'ai sursauté en lisant la nouvelle: quelqu'un dans les bureaux obscurs de la Sécurité d'Etat avait pensé comme moi! Je pense qu'ils ont mis le doigt sur le véritable problème: ce n'est pas sa "race" (scientifiquement parlant cela n'existe pas), ni sa religion, ni même le simple fait d'en avoir changé qui fait question. Le vrai problème c'est le fait qu'il est un renégat pour un milliard et demi de musulmans, extrémistes et modérés confondus. Près du quart de la population mondiale tout de même... Mais personnellement je ne me serais pas permis de traiter de renégat le futur président des Etats-Unis d'Amérique!
Une autre explication serait que le Secret Service aurait choisi
Renegade car c'est un nom de code couramment utilisé par l'OTAN pour désigné un terroriste qui a détourné un avion. L'avion USA pris en otage par le terroriste Obama... à ne pas prendre au sérieux bien sûr!


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Agents du Secret Service avec le Sénateur Barack Obama
Damon Winter/The New York Times


Le fait biographique que nul ne conteste - y compris Obama qui s'en est expliqué largement - est qu'il est né de père musulman puis s'est formellement converti au christianisme à l'âge adulte (voir ici). Pour la loi musulmane, l'appartenance à l'islam se transmet par le père. L'enfant né de père musulman est automatiquement musulman et le restera toute sa vie. Les autres détails de sa biographie sur lesquels les médias se sont appesantis - son beau-père musulman pratiquant, ses études primaires dans une école musulmane en Indonésie, etc. - sont sans importance de ce point de vue.


Barack Obama aurait pu ne pas occulter la question et même la retourner à son avantage comme il sait si bien le faire; il aurait pu revendiquer le fait qu'il a courageusement appliqué le droit fondamental de chacun à changer de religion.  Le problème est que l'apostasie en islam est un crime de haute trahison. Pas de pitié pour le félon qui a trahit Allah, Mahomet et la Oumma toute entière en abjurant sa foi: la loi islamique, la Shaarya, requiert la 150px_Salman_Rushdie_by_Kubik_03bispeine de mort, de préférence par décapitation au sabre. Si le transfuge ne se repend pas, il est du devoir de tout musulman zélé de le rechercher et le tuer. Salman Rushdie en sait quelque chose, lui qui a été condamné pour apostasie par Khomeini. Il a suffit d'un roman jugé peu révérencieux envers le Prophète...
Comment croire qu'une fatwa édictée contre  le Président Obama n'aurait aucune influence sur la politique étrangère américaine?



Mais ce qui m'étonne le plus c'est le fait que pratiquement personne ne parle de ce problème. Comme si il y avait une conspiration du silence autour de Barack Obama. On comprend que ce dernier veuille faire oublier cette question. Il y a habilement réussi d'ailleurs en laissant les racistes obtus et les anti-islamistes primaires qui gloussent "Obama-Osama" occuper le devant de la scène . Mais les islamistes sont-ils assez froids et calculateurs pour s'imposer le silence jusqu'à ce qu'Obama remporte les élections? Sommes-nous face à un cas de dissimulation religieuse, de taqiyya? Une fois les élections passées, ils sauraient bien lui rappeler ses devoirs, car Allahu akbar, Dieu est le plus grand, y compris plus que le président de la plus grande puissance. Ce pourrait être le cas du Hamas, par exemple, qui soutient la candidature d'Obama sans faire la moindre allusion à son apostasie, laquelle ils ne peuvent ignorer. Étrange non? Tous voient que le roi est nu, mais pas un enfant ingénu n'ouvre la bouche... Sauf quelques particuliers: l'exilé iranien Amil Imani; le juriste libanais Gabriel Sawma; l'historien de l'Islam Robert Spencer.


Du point de vue simplement technique, comment le Président Obama pourra-t-il représenter les USA auprès des Etats musulmans? Ne parlons pas de leur rendre visite... On voit ce qu'il en a coûté à Sarkozy pour le péché - bien mineur - de concubinage entre non-musulmans!
Plus grave, comment pourra-t-il échapper aux tentatives d'assassinat qui semblent tant inquiéter le Secret Service chargé de la sécurité des candidats?
Et certainement plus grave encore, comment le Président Obama résistera-t-il au chantage des islamistes - iraniens en premiers - qui lui offriront de se racheter en cédant à toutes leurs revendications?



C'est la grande réussite du candidat Barack Obama jusqu'à présent: il a réussi à nous faire oublier son vrai problème. A moins que sa baraka ne finisse par le lâcher...

Jérusalem est duelle. L'unité est au-delà, à construire ensemble

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