22 décembre 2008

Identité nationale

Voilà bien longtemps que je n'ai alimenté mon blog. J'ai du mal à trouver le temps pour, il a fallu un article qui me fasse sortir de mes gonds pour cela!


Sur le site juif.org je suis tombé sur cet article "Identité nationale" auquel je me suis senti obligé de répondre.


Voilà qui m'a donné l'occasion de préciser ma position! Lisez donc tout d'abord cet article pour comprendre la réponse qui suit:
Il y a là un exposé très réussi de l'idéologie nationaliste et fasciste classique!
Alexis Carrel, le collabo de Vichy, Ernest Renan, un des fondateurs du racisme scientifique, Soljenitsyne dont le nationalisme s'accompagne d'un antisémitisme notoire, Hippolyte Taine l'inspitateur de Drumont ("La France Juive"), telles sont les références du nationalisme que vous préconisez pour Israël!
Et ce n'est pas par hasard: leur nationalisme, celui malheureusement de certains juifs égarés, est purement néo-païen: fusion idolâtre avec la terre-mère Patrie, naturalisme biologique, sacré immanent "dans" la société, enseignement de l'Histoire et propagande politique au seul service de la Nation, érection de la Nation comme seul critère politique ou moral…
Votre nationalisme est l'antithèse parfaite de la façon dont la tradition juive se comprend elle-même: les Hébreux ne sont pas un peuple "naturel". Ils se sont fait peuple en Egypte, au sein d'un autre peuple, leur existence nationale débute après que la terre a été partagée entre les nations. C'est pourquoi les Enfants d'Israël doivent justifier leur existence "nationale" – non pas par "la continuité physique et spirituelle" ou son appartenance à la terre des ancêtres de "l'humus humain" – mais par le respect du Droit et de la Justice, par l'établissement d'une société qui défend le faible du fort. L'existence nationale n'est que le moyen de réaliser ce but moral, elle n'est jamais pour la Torah un but en soi. Au contraire, le Shema fait dépendre la résidence sur la Terre d'Israël du respect de la Torah; l'Exil est compris comme la sanction réparatrice de son non respect.



Non, le converti au Judaïsme ne doit pas "s'assimiler" et assimiler la langue ou les mœurs du Peuple Juif selon le Judaïsme; il doit reconnaître la souveraineté du Souverain du Monde et accepter le joug de sa Loi. C'est ainsi que se définit le Peuple Juif dans sa tradition.



Je trouve dramatique et désolant que le nationalisme ethniciste et raciste du 19e siècle soit devenu l'idéologie identitaire de nombreux Juifs francophones et religieux d'Israël. J'essaie de comprendre ce phénomène sociologique. Est-ce une réaction mimétique face au lepénisme ? Il me semble plutôt que leur rejet fondamental de l'assimilation offerte par le pôle le plus républicain de l'identité française, celui des Droits de l'Homme, égalitaire et citoyen, les pousse vers son pôle le plus vichyste et maurassien du "Travail , Famille, Patrie" de "nos Ancêtres les Gaulois". Le sursaut identitaire qui a motivé leur alyah s'est aussi accompagné d'une phobie de "l'islamisation de la France" qui pousse dans le même sens…



Dommage, car cela empêche l'accès à ce qui est pour moi l'authentique identité juive, celle, mosaïque, du peuple des citoyens, le Peuple de l'Alliance et du Livre, qui a tant inspiré Rousseau. (Voir à ce propos cette excellente conférenceJean_Jacques_Rousseau sur Akadem)
Jean-Jacques Rousseau par Quentin de la Tour, 1753



Paradoxalement, le peuple qui "n'est pas fait comme les Nations de la terre, les Familles du sol" est universel dans sa particularité non païenne : son Roi est Souverain du Monde, et pour cette raison son regroupement actuel sur la Terre d'Israël depuis les quatre coins du monde peut lui aussi être interprété dans un sens universel : comme une "Sortie des Nations" qui annonce la formation de l'humanité pacifiée future.
Inversement, l'"identité nationale" telle que proposée par "Vision d'Israël" en fait un peuple païen "comme les autres", des autres qui en fait ne sont plus tels pour la plupart.



C'est l'avenir d'Israël qui est en jeu ici, entre ouverture universaliste ou repli identitaire archaïque, nationaliste et néo-paganiste.


Jérusalem est duelle. L'unité est au-delà, à construire ensemble

Creative Commons License