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4 avril 2010

Et Steve descendit de la montagne

Steve Jobs vient de révéler la tablette iPad, tel un nouveau Moïse apportant les Tables de la Loi au peuple.
Selon le Los Angeles Times c'est la table la plus attendue depuis la révélation au Sinaï!
Pourquoi ce qui n'est apparemment qu'un ordinateur de plus, soulève-t-il de telles passions et un tel lyrisme?

Cette métaphore Jobs/Moïse, iPad/Tables revient dans une bonne part de la presse américaine.
Personnellement, plutôt que les tables portant le texte gravé et immuable du décalogue, j'aurais choisi comme objet métaphorique le Pectoral du Jugement porté par Aaron, avec ses douze pierres précieuses (Ex. 28). Elles fonctionnaient comme un oracle divin pour donner la réponse aux questions posées par le grand-prêtre. 
Selon un midrash, les pierres précieuses s'illuminaient ou s'éteignaient d'elles mêmes comme douze icônes lumineuses, pour indiquer l'innocence ou la culpabilité. Voilà une idée d'application à développer, elle pourrait aider à désengorger nos tribunaux paralysés!
Et pas de doute, ce pectoral devait beaucoup ressembler à un iPad!






Descendant du sommet de la montagne  high tech, vers la Silicon Valley illuminée, sous le tonnerre des applaudissement et les éclairs des flashs, le prophète Jobs brandit au-dessus de la tête de ses fidèles la fascinante et hypnotisante table écrite du doigt du dieu numérique, en pur langage digital...

D'où vient un tel engouement?





Jobs a créé puis relancé la religion Apple. Il peut compter sur des foules d'inconditionnels de la firme à la pomme croquée, l'Eve tentatrice qui offre à tous les fils d'Adam le Fruit de la Connaissance.
Vous serez comme des dieux! Vous tiendrez l'éternité entre vos mains! proclame le iProphète.

Dès les débuts d'Apple, Steve Jobs avait compris l'importance d'une interface graphique intuitive et esthétique pour l'utilisateur non informaticien.
J'ai utilisé un des premiers Macintosh, et je me souviens de ma découverte du bureau virtuel avec une certaine nostalgie... La corbeille à papier, qui grossissait lorsqu'on y "jette" les documents et se vidait dans un bruit de papier froissé m'a tout de suite plu.
Windows a ensuite essayé de suivre, toujours avec un train de retard.
Depuis, toujours fidèle à la même logique, Apple à rendu virtuel une part croissante du hardware et des périphériques de l'ordinateur lui-même, jusqu'à ce qu'il se fasse simple écran: disparus touches, claviers et souris poussiéreux.
L'écran lui-même peut disparaître, remplacé par une caméra et un projecteur miniatures qui utilisent n'importe quelle surface. Puis, notre cortex lui-même formera l'ultime écran, nous immergeant parfaitement dans un monde digital devenu comme réel. Il ne restera plus qu'à nous downloader nous-même sous forme digitalisée pour vivre éternellement dans le cyberspace...

Selon sa biographie, depuis son enfance d'enfant adopté - comme Moïse - en passant par la méditation Zen, l'expérience du LSD, et jusqu'à la fondation de Pixar, Jobs a clairement une affinité avec les mondes virtuels et imaginaires.



L'iCône Jobs apporte le Livre des Livres, le livre qui contient tous les livres.
Ce miroir magique fait descendre les données cachées dans le cloud, la nuée de données et programmes qui désormais nous enveloppe en permanence et en tout lieu.
Le rêve de pouvoir accéder partout, à tout instant, à l'ensemble de toute la culture mondiale dans toutes ses langues et dans l'épaisseur de toute son histoire, le rêve d'une Révélation continue, semble à portée de main. L'esprit WIFI, G3, qui va bientôt porter sur ses ailes toutes les créations humaines digitalisées, ne demande qu'à être capté!
D'un clic j'achète musique, films, livres, et les consomme immédiatement, ou me fait livrer tout objet matériel.
Je ne suis jamais seul, communique partout et en permanence avec mes proches et amis dans le monde entier.

Il n'est pas nécessaire d'être un élu, un prophète ou un fils de prophète pour cela: tous peuvent saisir l'esprit informationnel sans la moindre formation.


Des millions de cerveaux humains, pris dans les mailles de l'hyper-réseau, prolongés par des prothèses intelligentes artificielles et agents robotiques, puisent avidement dans la masse des mémoires du cerveau global, celui de l'Homo super sapiens qui commence à émerger.
Un sentiment de toute puissance envahit l'utilisateur de l'écran magique. Pouvoir trouver sans effort réponse à question, objet qui comble son manque, est extrêmement jouissif.
Mais c'est là aussi que Jobs frappe: l'immédiateté de la jouissance est ce qui crée la dépendance, comme pour les drogues dures. Pour garantir cette immédiateté - qui est le secret de sa réussite - il n'hésite pas à sacrifier diverses fonctionnalités, comme le multitâche, les fenêtres multiples et Flash, pour préserver la vitesse d'accès maximale. Le client grogne, ce n'est pas grave, il est accro et en redemandera toujours.
Jobs joue de cette dépendance pour se faire dealer unique, sans concurrent. Il ferme son système aux autres fournisseurs de médias et ne laisse qu'un unique cordon ombilical relié au monde Apple des iTunes et Apple Store. Pas de port USB, pas d'accès aux fichiers de la mémoire. Il produit des foules de junkies et construit ainsi son Empire. Pas étonnant qu'il soit connu comme ego-maniaque selon son Wikipedia...

Steve Jobs est un anti-Moïse, qui au lieu d'affranchir, donner pouvoir et se retirer humblement en laissant un code de vie adulte, vend la jouissance régressive et provisoire d'un pouvoir dont il reste le maître absolu.


A lire, sur Kindle ou iPad, ou même sur papier!




31 mars 2010

Un nouveau Joseph?

L'Europe s'est finalement résolue à appeler le Fond Monétaire International au secours de la Grèce.
Depuis sa nomination en 2007, Dominique Strauss-Kahn a fait passer les ressources prêtables du FMI de 260 à 850 milliards de dollars. Le Fond est devenu ainsi un acteur incontournable de la finance mondiale.
Cette stratégie me rappelle un autre Grand Argentier, grand rêveur et interprète de rêves aussi: Joseph en Egypte.
Il a utilisé la même technique: accumulation de capital - montagnes de "blé" - pendant les années de "vaches grasses" pour traverser ensuite la crise - les "années de vaches maigres".
Avec la gente féminine, DSK n'a peut-être pas fait preuve de la même rigueur éthique que Joseph-le-Juste, qui résistât vaillamment aux entreprises de séduction de la femme de son employeur, Potiphar. Mais si l'on fait exception de ses affaires, au sein même du FMI, de relations avec une économiste (mariée) ou une stagiaire qu'il aurait favorisé, les deux hommes ont beaucoup en commun.

 

Joseph a été redoutable avec les paysans égyptiens (Genèse 47): en échange du blé salutaire, leur argent, leurs troupeaux, leurs terres, puis eux-mêmes devinrent propriété de Pharaon; ainsi naquit la première économie totalement planifiée et étatisée de l'histoire...
Les craintes des grecs évoquent aussi les dangers de ce système d'assurance. La politique passée du FMI, imposant en général des mesures d'austérité aux Etats en difficulté, explique ces craintes. Et DSK a annoncé hier que si prêt il y a, il sera accordé aux conditions posées par lui. Il promettait que le FMI pratiquerait désormais une politique de relance. A suivre...

L'incapacité de l'Europe à défendre seule la zone Euro révèle la faiblesse de sa construction et la force des égoïsme nationaux: il s'est avéré que les fourmis allemandes ne sont pas prêtes à payer pour les cigales grecques.

Le FMI manifeste l'avantage présenté par un organisme supranational indépendant des Etats. Il montre que seul un organisme de ce type pourrait régler un autre problème majeur mondial - la crise climatique globale - en s'imposant aux Etats de l'extérieur.
DSK a annoncé récemment vouloir élargir le mandat du FMI pour lui permettre de prévenir les crises économiques mondiales. S'il gagne ce pari, la voie sera ouverte vers une gouvernance économique mondiale, et à plus long terme, qui sait, vers un gouvernement mondial.

Pour creuser un peu:








30 décembre 2009

Statistiques politiquement incorrectes... et trompeuses

Comme chaque année, le Bureau Central de Statistique publie ses dernières données démographiques. Selon lui, la population d'Israël est estimée en date du 31 Décembre 2009 à 7,5 millions d'habitants, dont environ 5,7 millions sont juifs (75,4% de la population), 1,5 million arabes (20,3%) et 319.000 définis comme "autres" (chrétiens non-arabes et habitants sans classification religieuse, 4,3%).

Mosquée Hassan Beck - Tel-Aviv

Ces distinctions ne sonneront pas politiquement correctes pour des oreilles françaises, mais dans notre pays pluriel et multiculturel, cela n'a rien de choquant.
Le problème est ailleurs, dans ce qui n'est pas dit: le Bureau ne précise pas que sont comptés parmi les Juifs environ 300.000 résidents des implantations de Cisjordanie (alias "Territoires", "Territoires disputés", "Territoires occupés") - citoyens, bien que résidents hors du territoire national - et que ne sont pas comptés les Arabes de Jérusalem-Est - non-citoyens, mais résidents dans le pays tel qu'il est défini par la loi israélienne - non plus que les Arabes de Cisjordanie et de la bande de Gaza, à la fois non-citoyens et hors des frontières politiques. Ne sont pas comptés bien sûr les travailleurs émigrés - particulièrement nombreux, légaux ou illégaux - et réfugiés soudanais, ainsi que leurs enfants, même ceux nés dans le pays, et qui vivent tous sur le territoire israélien.
Les données sont approximatives, étant donné que nombreux sont ceux qui ne remplissent jamais un formulaire de recensement, Arabes ou Juifs orthodoxes.
Tous les cas de figure sont représentés! Telle est la réalité brute, qui n'est pas reflétée par les données statistiques officielles.

135.000 personnes se sont ajoutées cette année à la population israélienne (1,8%). Les juifs devraient arriver au chiffre - oh combien symbolique - de 6 millions aux environs de 2012.

Israël + territoires, au total, match nul!

Le statut des "colons" est particulier: ils font partie intégrante de la population israélienne, mais les Territoires où ils habitent n'ont pas été annexés à l'Etat d'Israël. C'est pourquoi politiquement (et juridiquement me semble-t-il) ils ne peuvent être simplement qualifié d'"occupés"; une partie d'entre-eux est détenue sous contrôle militaire israélien, une autre est sous administration palestinienne autonome, mais ils ne font pas partie du territoire israélien et la loi israélienne n'y est pas appliquée.

Tel-Aviv / Sakhnin - le foot rapproche parfois!

Les habitants arabes de Jérusalem-Est ont un statut pas moins particulier: ils vivent dans une zone annexée au territoire israélien et ne sont pas citoyens de l'Etat; ils détiennent toutefois une carte d'identité israélienne  qui leur garantit la protection sociale des citoyens. Ils peuvent obtenir la nationalité mais ne le font pas pour la plupart. Ils peuvent voter aux élections municipales de Jérusalem ainsi qu'aux élections nationales palestiniennes, mais s'abstiennent  généralement dans les deux cas.
L'un d'entre-eux a qui j'ai demandé pourquoi il ne prenait pas la nationalité israélienne m'a expliqué qu'il préférait garder son passeport jordanien: il ne perd rien de ses droit sociaux et peut voyager librement dans les pays arabes et visiter sa famille en Jordanie.

Les habitants non-juifs d'Israël jouissent de droits de citoyenneté complets, bien que, ou étant donné que, l'Etat est défini comme "juif et démocratique".
La nationalité arabe palestinienne des citoyens arabes n'est donc pas reconnue, mais ils possèdent une autonomie culturelle et linguistique entière. L'arabe est deuxième langue officielle de l'Etat avec l'hébreu, et tous les documents officiels, la monnaie, les panneaux de la route et noms de localité sont en principe écrits dans les deux langues. Sans être politiquement un Etat binational, la binationalité est partout présente. Alors l'Etat d'Israël s'appelle officiellement aussi bien دَوْلَةْ إِسْرَائِيل que מְדִינַת יִשְׂרָאֵל.

Face au chiffre de 20% de citoyens israéliens arabes (donc Palestiniens de leur point de vue), dont le pays s'accommode relativement bien, on ne voit pas trop pourquoi un futur Etat palestinien devrait être "pur" de tout juif. Pourquoi les Juifs ne pourraient-ils pas jouir par exemple d'une double-nationalité?


Et on voudrait faire de tout cela deux Etats-Nation homogènes bien définis!

Une solution originale et créative est nécessaire. Avec une peu de bonne volonté et d'imagination - même si ce sont des denrées rares - rien ne devrait être impossible.

Yes, There must be another way!


Et en prime un livre très instructif

15 décembre 2009

La Halakha oui, mais en quel Etat?

Le ministre de la Justice, Yaacov Nééman a déclaré la semaine dernière dans un congrès sur le droit hébraïque: "La Torah contient une solution complète à toutes les questions auxquelles nous faisons face", "Il faut faire des lois de la Torah le droit contraignant dans l'Etat d'Israël. C'est la bonne façon de nous restituer les lois de la Torah - pas après pas.”
Ce pavé dans la mare, lancé en plus par le plus haut responsable du système juridique, a fait des vagues.

Les rabbins ont applaudi, mais la plupart des réactions dans les médias - reflétant le consensus laïc majoritaire - a été de crier "la démocratie en danger" et d'agiter l'épouvantail d'un Etat de la Halakha, un "Etat talibanique"! C'est le cas de cet article du journal Maariv traduit ici en français.

Un article d'un blog publié sur plusieurs sites juifs francophones défend l'opinion contraire: selon son auteur, Bertrand Ramas-Muhlbach,  il serait souhaitable de fonder le droit israélien sur la Halakha (la loi rabbinique dérivée du Talmud). Cet article mérite d'être lu car il reflète l'opinion de nombreux israéliens religieux et sionistes modérés qui pensent qu'il suffirait d'ajouter un peu plus de religion, de lois inspirées du droit hébraïque, pour obtenir un parfait "Etat juif".
J'ai répondu à cet article et je reprends ici ma réponse:

Non, prendre la Halakha comme source du droit israélien n'est pas nécessairement une idée saugrenue, de prime abord, mais ce serait une révolution dont l'auteur de cet article ne semble pas mesurer toute l'ampleur.
Il écrit: "La Thora et la Halakha ne s’opposent donc en rien à la démocratie ".
Elles ne s'opposent pas toujours dans le détail de leur contenu, tel que la liberté d'expression (mahloket) ou l'éthique, c'est vrai.
Mais Thora et démocratie sont totalement incompatibles dans leur principes fondateurs: "démocratie" signifie "pouvoir du peuple", que toute souveraineté relève du peuple, que sa volonté est fondement du droit.
"Souveraineté du peuple" veut dire que le peuple ne reconnaît aucun autre souverain au-dessus de lui-même, aucune loi transcendante. La démocratie est autonomie et rejette toute hétéronomie.
La Torah, la Halakha, sont fondées sur le principe inverse: Dieu est l'unique souverain et source du droit. Il s'est donné un peuple en le faisant sortir d'Egypte. Il a choisi des hommes sans aucun pouvoir propre, des esclaves, pour que de serviteurs de Pharaon ils puissent devenir directement et immédiatement Ses serviteurs à Lui et à nul autre.

Les conséquences de ces deux approches sont elles-aussi totalement opposées:
- dans l'Etat démocratique, non juif dans ses fondements comme l'est Israël aussi, le droit est le moyen d'assurer l'existence de l'Etat et de la cohésion sociale. En cas de danger pour l'Etat, toute loi ou constitution peut être abolie et remplacée par une autre: l'indépendance du peuple sur sa terre prime tout, c'est "la Raison d'Etat".
- dans un Etat juif, un Etat halakhique, c'est le contraire: la terre est donnée afin que le peuple y fasse régner D. Si la Loi transcendante est rejetée, l'Etat n'a plus de raison d'être.

Jadis, les couronnes de la Torah n'étaient pas qu'un symbole

Comme le prévient le Shema, le peuple sera dispersé s'il rompt l'Alliance.

Il y a beaucoup d'autres conséquences incompatibles avec la démocratie parlementaire. Entre autres: pouvoir législatif qui n'est en fait que juridique (d'interprétation de la Loi) et réservé à des spécialistes, les rabbins; juges qui seront pour la plupart des rabbins; différentes catégories de citoyens inégales devant la loi: femmes, étrangers...; les personnes juridiques morales - sociétés anonymes, associations, Etats, corps d'Etat et administrations - n'existent pas dans la Halakha, mais seules les personnes humaines associées (shoutafim); la propriété ne peut être que privée, la personne "Etat" ne peut être une entité reconnue et donc ne peut être propriétaire de terres; les hiérarchies administatives n'existent pas non plus, il n'y a que des délégués (shlihim) qui reçoivent mandat des seuls citoyens mâles et majeurs pour une mission donnée. Ces délégués doivent impérativement être des juifs (benei brith, membres de l'Alliance). Mais ces domaines civils de la loi rabbinique sont ignorés des yeshivot et des rabbins, ce qui fait qu'ils ne sauraient pas comment faire fonctionner un Etat vraiment juif. Il leur faudrait étudier le droit constitutionnel, les sciences politiques et la théorie juridique de l'Etat pour comprendre la position halakhique sur ces questions. Commençons donc par faire le travail théorique! Lorsque l'auteur conclue "rien n’interdit d’admettre progressivement la Thora et la Halakha dans le système social israélien" il démontre qu'il n'a pas même commencé à s'y atteler. L'application de la loi juive métamorphoserait toutes les structures sociales du pays.

La Halakha peut évoluer dans son contenu - égalité des femmes (dans la différence), droits des non-juifs, musulmans et chrétiens, (intégrés dans l'Etat juif ou associés en fédération?) etc. - mais elle ne changera pas dans ses principes. L'introduire progressivement dans le droit étatique israélien, comme le proposent le ministre Nééman et à sa suite l'auteur de cet article, serait trahir la Halakha dans ses fondements et la dénaturer.

Dans un Etat-Nation ne peut exister qu'un seul peuple souverain. L'Etat d'Israël actuel n'est juif que de façon symbolique, il est démocratique dans ses fondements et tout citoyen, quelque soit son appartenance religieuse et "ethnique" est l'égal des autres devant la loi. La Halakha a déjà un pouvoir juridictionnel dans le domaine du statut personnel, mais elle ne détient ce pouvoir que de la bonne volonté du législateur laïque, la Knesset. Il en est de même pour la Shaariya qui règle le statut personnel des musulmans d'Israël et pour les tribunaux confessionnels chrétiens. Toutefois, la définition d'Israël "Etat juif" fait déjà problème et interdit aux citoyens non-juifs de se sentir des citoyens à part entière pleinement chez eux.

Nééman parle de faire de la Torah la Loi dans l'Etat d'Israël. L'Etat, pour lui, n'est donc pas remis en cause dans sa nature d'Etat-Nation et reste le cadre global au-dessus de la loi elle-même. Cela reviendrait à mettre une législation juive, la Halakha, au service du nationalisme juif et de son Etat-Nation souverain, ce qui en ferait une législation raciste, soumettant les non-juifs au pouvoir des juifs. Il n'y aurait pas de plus grande profanation de la Torah et tout serait alors perdu.
Les grandes religions monothéistes issues du judaïsme - le christianisme et l'islam - ne peuvent être traitées dans le cadre des catégories de la Halakha qui s'adressaient aux païens: étrangers résidents, noachides, idolâtres. Inversement, les deux religions-filles doivent elles aussi reconnaître leur dette envers la religion-mère d'Israël et renoncer à leur désir de la soumettre ou de la faire disparaître par conversion ou par les armes.
Car finalement, c'est là qu'est tout l'enjeu: apprendre à faire place à l'autre, à l'étranger.

Reconnaître le Souverain du Monde comme souverain supranational unique et exclusif - comme le fait fondamentalement la Halakha - permettrait au contraire aux différentes nations monothéistes d'Israël d'être reconnues dans leur identité nationale et de vivre sur un pied d'égalité: soumis et alliés au même Souverain, mais indépendants les uns des autres, Juifs, Musulmans et Chrétiens pourraient former alors l'alliance des tribus fédérées d'un nouvel Israël. J'ai décrit dans un post précédent Israël Etat juif? à quoi pourrait ressembler cette fédération.
La Halakha au sens strict ne concernerait que l'Etat juif dans la fédération israélo-palestinienne; dans ce cadre fondamentalement égalitaire, la Halakha pourra reprendre sa marche antique et redevenir ce qu'elle a été au cours des siècles: le système de droit le plus avancé de son époque.

Il ne faut pas se voiler la face: si on ne trahit pas la Halakha dans ses principes, fonder le droit d'un Etat juif sur elle sera une révolution totale qui ne laissera rien subsister de l'Etat d'Israël actuel.
J'appelle cette révolution de mes voeux.

Petite bibliographie, pour y comprendre quelque chose





Benamozegh, à lire absolument!







25 novembre 2009

Vers une adjuvantite pandémique?

Voilà que les doutes sur l'innocuité des vaccins contre la grippe porcine semblent se confirmer.

L'OMS vient de révéler hier «un nombre inhabituel de réactions allergiques graves» au Canada: 1 choc anaphylactique pour 20 000  personnes traitées par le vaccin Arepanrix, produit par la compagnie GlaxoSmithKline (GSK). Il s'agit d'un taux cinq fois plus élevé que ce qu'on observe couramment.

Ce vaccin est un peu différent il est vrai du Pandemrix commercialisé en France et en Israël par la même société, et GSK n'incrimine qu'un lot particulier.


Mais j'ai des doutes. En effet, il contient les mêmes adjuvants que les autres vaccins contre le H1N1, Focetria, Pandemrix et Arepanrix (pourquoi pas Astérix et Assurancetourix dans le même style? En fait il faudrait les appeler PandemRisque et ArepanRisque). Or l'un d'eux, destiné à renforcer le pouvoir immunisant du vaccin, le polysorbate 80, nommé également Tween 80, est connu comme pouvant provoquer des chocs anaphylactiques graves, c'est à dire un ensemble de réactions allergiques brutales qui mettent la vie en danger.


Un débat a lieu en Israël entre une médecin de famille et l'épidémiologiste du ministère de la santé au sujet du danger des vaccins. La médecin, spécialiste de médecine préventive, a eu le tort de citer des sources peu scientifiques et a été attaquée là-dessus. C'est pourquoi j'ai veillé au professionnalisme de mes sources:

Sur le Tween 80 comme cause de réactions anaphylactoïdes:

Sur l'implication du squalène dans les maladies auto-immunes:

Dans le lupus en particulier:

Dans le syndrome de la guerre du Golfe


Sur le lien entre Thimerosal (éthylmercure) dans les vaccins et l'autisme ou autres troubles neurologiques chez les enfants:


D'autres études ont montré au contraire une absence d'implication de l'éthylmercure dans l'autisme. Qui croire? Vu que le lait maternel contient de 2 à 15 fois plus de mercure qu'une dose de vaccin, je pense qu'il n'est plus possible aujourd'hui de mener à bien un essai clinique contrôlé. La pollution au mercure est globale, même les ours polaires du Grand Nord n'y échappent pas. Les vaccins ne font qu'ajouter leur goutte à la mer de mercure qui nous baigne.




Selon l'OMS, il y aurait eu jusqu'à ce jour environ 6770 décès dans le monde, pour environ six cent mille cas confirmés, beaucoup plus peut-être. La grippe saisonnière tue elle chaque année entre 250 000 et 500 000 personnes dans le monde. Vu la relative faiblesse du taux de mortalité de la grippe porcine, il n'est pas impossible que le vaccin cause à long terme plus de décès que la grippe elle-même.

L'autre menace, qui reste à venir, c'est la mutation du virus H1N1 vers une forme plus grave et qui provoquerait alors un nombre de morts bien plus important.
C'est justement face à cette menace que la vaccination générale nous affaiblit : l'immunisation naturelle - obtenue en contractant tout simplement la maladie - est de meilleure qualité que celle obtenue artificiellement par vaccination. Cette dernière ne fait intervenir comme antigènes (composants qui provoquent la production d'anticorps) qu'un "faux", produit par génie génétique - des protéines superficielles du virus - alors qu'après contact avec le virus véritable notre système immunitaire produit aussi des anticorps contre des protéines profondes, situées au coeur du virus H1N1. Voilà qui en principe protégera mieux de ses mutations à venir, potentiellement catastrophiques.
En nous immunisant de façon artificielle nous obtenons un bénéfice immédiat - et douteux - mais hypothéquons - très probablement - notre capital de résistance aux futurs mutants du virus.
La vaccination en masse de "troupeaux humains" a le même effet secondaire que celle des animaux en élevages concentrationnaires: elle affaiblit la résistance de leur système immunitaire.

Je viens d'apprendre que les premiers cas de virus mutés viennent de se manifester en Norvège. Les vaccins resteront-ils efficaces? A suivre...

La vaccination massive a aussi un autre effet pervers: les queues dans les salles d'attentes bondées des dispensaires où s'entassent enfants, vieillards et autres sujets à risque sont le meilleur endroit où aller pour qui veut être contaminé.
Je me demande en fait si je ne vais pas y aller faire un tour volontairement, m'asseoir tout près et face aux déguisés masqués, comiques et larmoyants: comme cela je serais protégé pour le futur, je prendrais un petit congé bienvenu (chut! ne le répétez pas), et cela me semble plus sûr que la vaccination...

Quelques livres qui m'ont l'air bien:






21 septembre 2009

Blocus des esprits




3 tishri 5770 (A la suite du post précédent, je dois montrer l'exemple!)
Le journal Haaretz a publié cette veille de Rosh Hashana un article sur "l'appauvrissement culturel en Israël" (en hébreu). Des intellectuels et écrivains israéliens y font notre examen de conscience: crise des valeurs et ignorance s'imposent dans l'éducation et la vie publique.
La paralysie des esprits qu'ils ont analysé a beaucoup à voir avec celle de la situation politique. Cela m'a inspiré le commentaire suivant:
Le conflit israélo-palestinien a pour origine le lien unique dans son genre qu'entretient le peuple juif avec sa terre. Ce n'est pas tous les jours qu'un peuple revient d'exil après deux millénaires et trouve sa terre "occupée" par un autre! Ou inversement, vu depuis l'autre côté, il n'est pas fréquent qu'un peuple qui veut faire valoir ses droits à l'autodétermination soit contraint de constater qu'un autre peuple les a déjà obtenus à sa place... Une solution créative originale doit donc être construite à partir d'une compréhension en profondeur du judaïsme.
Comme je l'ai expliqué précédemment, il faut imaginer un cadre supranational qui permette aux deux peuples de vivre indépendants sur le même territoire.
prop_sionismLe mouvement sioniste, qui a créé l'Etat, est par définition nationaliste. Ce qu'il faut imaginer dès maintenant demande un dépassement du nationalisme classique du 19e siècle. C'est un tournant à 180 degrés très difficile à prendre, difficile à proposer sans se faire traiter d'"antisioniste". Les difficultés qu'a l'Europe à se constituer en cadre politique réellement supra-étatique - la fédération - illustrent bien le problème.
L'abandon du trésor des textes rabbiniques aux mains de l'orthodoxie bloque l'accès à une fécondation du présent israélien par le passé juif. Les orthodoxes, qui entretiennent et connaissent en profondeur l'héritage de la Tradition, sont coupés de la réalité politique qu'ils ne font que subir ou tout au plus aménager pour défendre leurs intérêts, tout en attendant un salut surnaturel. Ils ne reconnaissent l'Etat sioniste que de facto, sans rien avoir d'autre à proposer.
Les israéliens laïques, traditionalistes ou sionistes religieux sont impliqués  dans la vie de l'Etat mais le judaïsme reste pour eux une religion, donc sans pertinence politique ou philosophique.
Telle est à mon avis la principale raison de la stérilité du débat politique et public dans mon pays.
La droite nationaliste, laïque ou religieuse, s'accroche au sionisme classique, tente de gagner du temps, d'empêcher la création d'un Etat palestinien. Elle n'a rien à proposer à la place:  maintien impossible d'une autonomie palestinienne sous contrôle de Tsahal; laisser à d'autres qui n'en veulent pas la solution du problème: rattachement des Palestiniens à la Jordanie et l'Egypte... Et en attendant le spectre de leur demande de rattachement à Israël avec obtention de la citoyenneté israélienne, lui, court toujours.
L'admiration imitative et servile de "l'occident" qui règne sur l'élite politique, académique et économique d'Israël, l'absence d'esprit critique quant au modèle européen des droits de l'homme et de l'Etat-Nation démocratique, conduisent beaucoup d'Israéliens de gauche et du centre à l'auto-dénégation. Ils ne tiennent pas compte de notre situation sans précédent ni de son historique; ils portent un jugement moral et moraliste sur "l'occupation" - qui témoigne certes d'un sens élevé de la justice - mais les empêche d'identifier les vrais problèmes. Ils se trouvent pour la même raison dans l'impossibilité d'imaginer la solution créative nécessaire.
Ceux parmi eux qui ont vraiment pris leurs distances d'avec l'ancien sionisme se définissent comme post-sionistes. Ils ont une approche humaniste universaliste, mais pas de proposition politique concrète. Leur idéal se perd en un moralisme éthéré sans conséquence.
Etant donné que le cadre politique classique n'offre que la solution impraticable des "deux Etats", les découragés de l'activisme politique - la grande majorité - fuient dans la vie de l'instant: Sois cool, spontané, profite du moment! Ou bien ils se réfugient dans le travail et sombrent vite dans le workaolisme...
Et puisque l'horizon ici est bouché, que l'idéal humaniste est réalisé là-bas au paradis des "démocraties éclairées occidentales", pourquoi rester ici? L'autre forme d'escapisme consiste tout simplement à quitter le pays, si possible après avoir obtenu un passeport... polonais ou allemand!
Quant aux juifs de la Diaspora,  ils se partagent aussi pour la plupart entre ces trois tendances politiques cloisonnées: sionisme classique à coloration religio-nationaliste, orthodoxes qui attendent le Messie, humanistes plus ou moins athées, plus ou moins assimilés à leur concitoyens. 
Une quantité extraordinaire d'énergie se perd en activisme déplacé, en escapisme épicurien, en étude acharnée d'un judaïsme en conserve.
Une floraison de cercles d'étude et de réflexion - encore très minoritaires - cherchent une voie. Dès qu'elle trouvera une alternative valable ouverte devant elle, soyez-en sûr, toute cette énergie s'y engouffrera en un torrent irrésistible.

10 juin 2009

Discours du Caire - l'obamaïsme en scène

Voulant marquer un "nouveau départ", le discours de Barak Obama à l'Université du Caire pourrait bien contenir en germe toute sa doctrine et sa politique moyenne-orientale future. C'est le discours d'un professeur d'université, préparé de longue date avec l'aide d'experts en islam, dont chaque mot  a été soigneusement pesé. J'ai voulu l'étudier de près dans son intégralité.




J'ai révisé la traduction médiocre fournie par le Bureau des services linguistiques du département d'État et que tous les médias citent telle quelle. J'ai trouvé par la suite une meilleure traduction publiée par La Paix maintenant.


Les passages soulignés en gras le sont par moi-même; j'ai pris mon stylo rouge pour corriger et commenter la copie du président américain dans le corps du texte. J'en ais fait une critique surtout, même si tout n'y est pas négatif, et j'ai essayé de lire entre les lignes.


Ce que j'ai trouvé en bref: derrière le discours qui proclame dire la vérité et l'histoire, un texte très politique et diplomatique qui vise à séduire la population des pays musulmans en s'adressant à elle directement (Moubarak n'est pas mentionné une seule fois). Le but est d'isoler les "extrémistes", ceux qui s'opposent  en fait à l'ingérence américaine au Moyen Orient, pour amener le monde musulman dans le giron bienfaiteur de la bonne Amérique.


Les outils mis en oeuvre sont d'abord une série de bonbons donnés à sucer : une reconnaissance des erreurs commises dans le passé, telle que le colonialisme, l'interventionnisme, la torture en Irak;  la grandeur de l'islam admirée; le "droit des femmes à porter le Hijab" protégé; la frustration, l'humiliation et la colère des musulmans comprises; la souffrance palestinienne mise sur le même plan que l'holocauste; le mirage d'une Amérique amie, définie comme rêve de réussite de toute l'humanité, incarné dans un corps cosmopolite mais Un, et qui inclue en lui toute les religions et cultures. La cerise sur le gâteau est le développement économique du monde musulman en récompense de la collaboration avec la fée Amérique.
Ces bonbons, déjà très bons, sont enrobés d'un vocabulaire modifié au point de former une véritable "novlangue" obamienne qu'Orwell n'aurait pas reniée, le fond de la politique américaine restant inchangé pour l'essentiel. Par exemple: une abstraction fourre-tout appelé "islam" devenu "partenaire" et non "protégé"; une démocratie à "encourager", pas à imposer; des "éléments extrémistes violents" qui menacent l'Amérique et seront pourchassés où qu'ils se trouvent dans le monde; tout cela arrosé d'un "parler musulman" pathétique dans ses amalgames et simplifications à outrance.



Le plus inquiétant à mon avis est cette conviction affichée qu'en gommant les différences, en se retrouvant autour de la "commune humanité", on désamorce les conflits. La vraie reconnaissance de l'autre passe par celle de sa différence irréductible, laquelle signe son rôle unique, son élection. Cette différence déniée risque de ressurgir encore plus violemment sous la forme d'attentats anti-américains, et surtout sous celle du conflit entre Israël et Palestiniens. Lié à la singularité juive, celui-ci va continuer à s'avérer irréductible à toute solution politique conventionnelle. Evidemment, la faute en incombera à Israël. Car il n'y aura plus de conflit entre l'Amérique et "l'islam". Parole d'Obama.


Epluchez le commentaire critique en détail, vous êtes juges. Bonne lecture!




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Un nouveau départ
Université du Caire
Le Caire, Égypte
4 juin 2009



Chuck Kennedy/White House Photo


Je vous remercie. Bonjour à tous. C'est pour moi un honneur de me trouver dans cette ville intemporelle qu'est le Caire (timeless city, vous auriez pu, M. Obama, parler de "ville antique", ou "ville éternelle", au lieu de tomber dans le poncif de l'"Orient hors du temps", alors que vous essayez de vous distancier de la prétention de l'occident chrétien à être le détenteur de la vérité et du progrès historique) et d'être reçu par deux institutions remarquables. Depuis plus de mille ans, Al-Azhar est un haut lieu de transmission du savoir dans le monde musulman et, depuis plus d'un siècle, l'université du Caire est une source de progrès pour l'Égypte. Ensemble, vous représentez l'harmonie entre la tradition et le progrès. Je vous suis reconnaissant de votre hospitalité et de celle du peuple égyptien. Je suis fier aussi de vous transmettre la bonne volonté du peuple américain et une salutation de paix de la part des communautés musulmanes de mon pays : " Salamm aleïkoum ". (Applaudissements)


Notre rencontre survient à un moment de grande tension entre les États-Unis et les musulmans du monde entier - tension ancrée dans des forces historiques qui dépassent le cadre des débats actuels de politique générale.




CairoU1Les relations entre l'islam et l'Occident se caractérisent par des siècles de co-existence et de coopération, mais aussi par des conflits et des guerres de religion. Dans un passé relativement plus récent, les tensions ont été nourries par le colonialisme qui a privé beaucoup de musulmans de droits et de chances de réussir, ainsi que par une guerre froide (qui se poursuit contre la Corée du Nord et Cuba, qui n'ont d'autres torts que d'être communistes) qui s'est trop souvent déroulée par acteurs interposés, dans des pays à majorité musulmane et au mépris de leurs propres aspirations.  En outre, les mutations de grande envergure qui sont nées de la modernité et de la mondialisation ont poussé beaucoup de musulmans à voir dans l'Occident un élément hostile aux traditions de l'islam.
Des extrémistes violents ( "Violent extremists", exit "terroristes", il va falloir s'y faire) ont exploité ces tensions auprès d'une minorité de musulmans, qui pour être réduite n'en est pas moins puissante. Les attentats du 11 septembre 2001 (en réaction à la mondialisation à l'américaine, vous l'admettez donc vraiment?), conjugués à la poursuite des actions violentes engagées par ces extrémistes contre des civils, ont amené certains dans mon pays à juger l'islam inévitablement hostile non seulement à l'Amérique et aux pays occidentaux, mais aussi aux droits de l'homme. La peur et la méfiance se sont ainsi accentuées.



Tant que notre relation restera définie par nos différences, nous donnerons du pouvoir à ceux qui sèment la haine et non la paix et qui encouragent le conflit au lieu de la coopération qui peut aider nosObamaToutankamon deux peuples (vous parlez d'un peuple musulman? N'est-ce pas faire le lit du panislamisme?) à connaître la justice et la prospérité. C'est ce cycle de la méfiance et de la discorde qui doit être brisé.


Je suis venu ici au Caire en quête d'un nouveau départ pour les États-Unis et les musulmans du monde entier, un départ fondé sur l'intérêt mutuel et le respect mutuel (lequel suppose de reconnaître aussi les différences et les conflits d'idées, et non de les gommer), et reposant sur la proposition vraie que l'Amérique et l'islam ne s'excluent pas et qu'ils n'ont pas lieu de se faire concurrence (Entre la puissance géopolitique "Amérique" et l'abstraction nationalo-religieuse "islam" dans laquelle vous enfermez tous les musulmans, ces derniers ont perdu d'avance). Bien au contraire, l'Amérique et l'islam se recoupent et se nourrissent de principes communs, à savoir la justice et le progrès, la tolérance et la dignité de chaque être humain.


Ce faisant, je reconnais que le changement ne se produira pas du jour au lendemain. Il y a eu beaucoup de publicité à propos de mon discours, mais aucun discours ne peut éradiquer des années de méfiance, et dans l'espace de cet après-midi, je n'ai pas la réponse non plus aux questions complexes qui nous ont menés au point où nous sommes maintenant. Mais je suis convaincu que pour aller de l'avant, nous devons dire ouvertement entre nous ce que nous recelons dans notre coeur et que trop souvent nous n'exprimons qu'à huis clos. Nous devons consentir un effort soutenu afin de nous mettre à l'écoute et d'apprendre les uns des autres ; de nous respecter mutuellement et de rechercher un terrain d'entente. Comme le dit le Saint Coran, " Crains Dieu et dis toujours la vérité ". (Bien, vous parlez en toute sincérité. Mais parler de "Saint Coran, "al qor'an al karim", c'est parler en tant que musulman, non? Que faites-vous – entre autres - des passages qui accusent les chrétiens d'associer une autre divinité à Allah? Entre islam et christianisme, quel est votre choix Obama?)  (Applaudissements) C'est ce que je vais essayer de faire aujourd'hui - de dire la vérité de mon mieux, rendu humble par la tâche qui nous attend et ferme dans ma conviction que les intérêts que nous partageons parce que nous sommes des êtres humains sont beaucoup plus puissants que les forces qui nous séparent.


Cette conviction s'enracine en partie dans mon vécu. Je suis chrétien, mais mon père était issu d'une famille kényane qui compte des générations de musulmans. (Barak, formellement, votre père lui-mêmeobama_composite était musulman - voir Libération - donc vous aussi, selon le droit islamique et le "Saint Coran" enseignés à la vénérable université islamique d'Al-Azhar)


Obama - Composite


Enfant, j'ai passé plusieurs années en Indonésie où j'ai entendu l'appel à la prière (azan) à l'aube et au crépuscule (Juste "entendu", comme un touriste qui passait par là en Indonésie? Vous étiez quand même inscrit à l'école comme musulman, prénommé Hussein. C'est dur de faire plaisir aux musulmans en se présentant comme l'un des leurs sans inquiéter l'Amérique chrétienne!) Jeune homme, j'ai travaillé dans des quartiers de Chicago où j'ai côtoyé beaucoup de gens qui trouvaient la dignité et la paix dans leur foi musulmane.


Féru d'histoire, je sais aussi la dette (poncif, vrai, mais c'est du passé) que la civilisation doit à l'islam. C'est l'islam - dans des lieux tels qu'Al-Azhar -, qui a brandi le flambeau du savoir pendant de nombreux siècles et ouvert la voie à la Renaissance et au Siècle des Lumières en Europe. C'est de l'innovation au sein des communautés musulmanes (Applaudissements) - c'est de l'innovation au sein des communautés musulmanes que nous viennent l'algèbre, le compas et les outils de navigation, notre maîtrise de l'écriture et de l'imprimerie, notre compréhension des mécanismes de propagation des maladies et des moyens de les guérir. La culture islamique nous a donné la majesté des arcs et l'élan des flèches de pierre vers le ciel, l'immortalité de la poésie et l'inspiration de la musique, l'élégance de la calligraphie et la sérénité des lieux de contemplation. Et tout au long de l'histoire, l'islam a donné la preuve, en mots et en actes, des possibilités de la tolérance religieuse et de l'égalité raciale (oublions la dhimmitude et la traite des esclaves africains, le fait que "noir" est encore souvent synonyme d'esclave, "'abed", dans la culture arabe). (Applaudissements)
Je sais aussi que l'islam a de tout temps fait partie de l'histoire de l'Amérique. C'est le Maroc qui fut le premier pays à reconnaître mon pays. En signant le traité de Tripoli en 1796, notre deuxième président, John Adams, nota ceci : " Les États-Unis n'ont aucun caractère hostile aux lois, à la religion ou la tranquillité des musulmans. "



Depuis notre fondation, les musulmans américains enrichissent les États-Unis. Ils ont combattu dans nos guerres, servi le gouvernement, pris la défense des droits civils, créé des entreprises, enseigné dans nos universités, brillé dans le domaine des sports, remporté des prix Nobel, construit notre plus haut immeuble (serait-ce un rappel en compensation d'autre chose…) et allumé le flambeau olympique. Et, récemment, le premier Américain musulman qui a été élu au Congrès a fait le serment de défendre notre Constitution sur le Coran que l'un de nos Pères fondateurs, Thomas Jefferson, conservait dans sa bibliothèque personnelle. (Applaudissements)
J'ai donc connu l'islam sur trois continents ("malgré cela et mes origines, je ne l'ai ni adopté ni pratiqué, mais j'ai choisi le christianisme...": attention Obama, vous risquez de froisser les fidèles d'Allah-Le-Plus-Grand, et l'on connaît leur susceptibilité!) avant de venir dans la région où il a été révélé pour la première fois (dire "où il a été prêché par Mahomet" aurait suffit. Dire qu'il a été révélé donne l'impression que vous y croyez. Cela aurait évité de paraître soutenir la doctrine islamique qui considère que la révélation de l'islam rend caduques les révélations précédentes) Cette expérience guide ma conviction que le partenariat entre l'Amérique et l'islam doit se fonder sur ce qu'est l'islam, et non sur ce qu'il n'est pas (oui certes, c'est préférable, mais quel mélange des genres, l'Amérique en partenariat avec une religion! La constitutionobama_460_797616c américaine sépare l'Etat de la religion, Monsieur le Professeur... de droit constitutionnel!), et j'estime qu'il est de mon devoir de président des États-Unis de combattre les stéréotypes négatifs de l'islam où qu'ils se manifestent. (Applaudissements) (Est-ce le rôle du président des USA de défendre une religion? Un peu de rigueur, il fallait dire par exemple: "combatte les stéréotypes par lesquels des américains stigmatisent les musulmans") Or ce même principe doit s'appliquer à la façon dont l'Amérique est perçue par les musulmans. Tout comme les musulmans ne se résument pas à un stéréotype grossier, l'Amérique n'est pas le stéréotype grossier d'un empire qui n'a d'autre intérêt que le sien (mais non, mais non, qui irait imaginer de telles horreurs!). Les États-Unis représentent l'une des plus grandes sources de progrès que le monde ait connues. Nous sommes nés d'une révolution contre un empire ; nous sommes fondés sur l'idéal de l'égalité de tous et nous avons versé de notre sang et combattu pendant des siècles pour donner un sens à ces mots - sur notre territoire et à travers le monde. Nous sommes façonnés par chaque culture, issus des quatre coins du monde et acquis à un concept simple : E pluribus unum: " A partir de plusieurs, un " ("Out of many, one." Là est probablement la source le l'impérialisme américain: vouloir faire du "un" ici-bas, du "même" alors que seul le Dieu transcendant devrait être dit "un").EPluribus600px



Eh bien, qu'un Américain d'origine africaine et ayant pour nom Barack Hussein Obama ait pu être élu président a fait couler beaucoup d'encre. (Applaudissements)
Mais mon parcours n'est pas unique. Le rêve des chances de réussite ("dream of opportunity", j'espère que ce n'est pas pour cela que vous êtres devenu président, par "opportunisme"?) ne s'est pas concrétisé pour tous en Amérique, mais cette promesse demeure pour tous ceux qui débarquent sur nos rivages - y compris les près de sept millions de musulmans américains (en fait probablement pas plus de trois millions, mais gonfler les chiffres permet de renforcer le poids du lobby musulman qui devient précisément plus lourd que celui des juifs américains, lesquels sont environ six millions. Le prochain président des USA sera musulman, je vous le dis!) qui vivent aujourd'hui dans notre pays et dont le revenu et le niveau d'éducation, disons-le, sont supérieurs à la moyenne. (Applaudissements)



En outre, la liberté en Amérique est indissociable de celle de pratiquer sa religion (la liberté à l'américaine, c'est l'individu au-dessus de la religion, libre de choisir celle qui lui plait au rayon du super marché USA. Cette conception ne peut passer en pays d'Islam). C'est pour cette raison que chaque État de CairoUniVeil610xnotre union compte au moins une mosquée et qu'on en dénombre plus de mille deux cents sur notre territoire. C'est pour cette raison que le gouvernement des États-Unis a recours aux tribunaux pour protéger le droit des femmes et des filles à porter le hijab et pour punir ceux qui leur contesteraient ce droit. (Applaudissements)


Université du Caire - femme couverte du khimar


Le doute n'est pas permis : l'islam fait bel et bien partie de l'Amérique. Et je suis convaincu que l'Amérique contient en elle cette vérité qu'indépendamment de notre race, de notre religion ou de notre condition sociale nous aspirons tous à la même chose - vivre dans la paix et la sécurité ; faire des études et travailler dans la dignité ; aimer notre famille, notre communauté et notre Dieu. C'est cela que nous avons en commun. C'est l'espoir de l'humanité tout entière. (L'Amérique possède en elle la vérité universelle, l'islam et toutes les religions font donc partie de l'Amérique; elle détient les clés du bonheur, qui est le même recherché par tous les peuples: le bonheur simple d'une vie familiale paisible et digne, "chacun sous sa vigne et sous son figuier", comme dans le royaume de Salomon).


Certes, notre tâche commence seulement quand nous avons pris conscience de notre humanité commune. Ce n'est pas par des paroles que nous pouvons répondre aux besoins de nos peuples. Nous ne pourrons les satisfaire qu'à condition d'agir avec audace dans les années à venir et de comprendre que nous nous heurtons à des défis communs et qu'en nous abstenant d'y faire face c'est à nous tous que nous faisons tort.
Car nous en avons fait récemment l'expérience : quand le système financier d'un pays particulier s'affaiblit, (pas n'importe lequel Obama, le vôtre proche de la faillite, sensé être un modèle de prospérité paisible) la
Nwspk3prospérité est mise à mal partout. Quand une nouvelle grippe infecte un seul être humain, nous courons tous un risque. Quand un pays particulier tente de se doter d'une arme nucléaire, le risque d'attaque nucléaire augmente dans toutes les nations. Quand des extrémistes violents (non, nous ne trouverons plus le mot "terroriste", voilà comment la "Novlangue" de l'obamaïsme change le monde. C'est grave: la blanchisserie des mots obamienne interdira par exemple de distinguer une opération armée menée contre des militaires par des "extrémistes" de l'agression de civils innocents sans défense) sévissent dans une certaine région de montagnes, les populations situées par-delà l'océan sont mises en danger. (Ce qui justifie de pouvoir intervenir militairement partout dans le monde, à tout instant, et pour cela maintenir une écoute mondiale "Big Brother") Et quand des innocents en Bosnie et au Darfour sont massacrés, c'est notre conscience collective qui est souillée. (Applaudissements) (Notre conscience, mais on ne va pas se salir les mains pour cela)


Voilà ce que signifie partager ce monde au vingt et unième siècle. C'est la responsabilité que nous avons les uns envers les autres en tant qu'êtres humains.
C'est une responsabilité difficile à assumer. Car l'histoire de l'humanité est trop souvent le récit de nations et de tribus - et admettons-le, de religions - qui s'asservissent en visant leur propre intérêt. Mais dans cette ère nouvelle, une telle attitude est auto-destructrice. Au vu de notre interdépendance, tout ordre mondial qui élève un pays ou un groupe d'individus au détriment d'un autre est inévitablement voué à l'échec. (Donc, plus de superpuissance "responsable" du bien être mondial, plus de "pax americana"!! ) Quelle que soit notre opinion du passé, nous ne devons pas en être prisonniers. Nous devons régler nos problèmes par le biais du partenariat et partager nos progrès. (Lesquels viennent surtout des USA, et un peu de l'Université du Caire…) (Applaudissements)
Il ne faut pas en conclure que nous devrions faire semblant d'ignorer les sources de tension. C'est l'inverse qui nous est suggéré : nous devons aborder de front ces tensions. Dans cet esprit, permettez-moi de m'exprimer aussi clairement et aussi simplement que possible sur certaines questions précises auxquelles nous devons maintenant faire face ensemble.



La première est celle de l'extrémisme violent sous toutes ses formes.
À Ankara, j'ai fait clairement savoir que l'Amérique n'est pas - et ne sera jamais - en guerre contre l'islam. (Applaudissements) ("en guerre contre l'islam"? C'est où ce pays? A moins que "l'Amérique" soit une religion? Nier qu'il n'y aura pas de guerre contre une entité imaginaire n'a rien de rassurant)
En revanche, nous affronterons inlassablement les extrémistes violents qui font peser une menace grave sur notre sécurité. Parce que nous rejetons ce que rejettent les gens de toutes confessions : le meurtre d'hommes, de femmes et d'enfants innocents. Et il m'incombe d'abord, en tant que président, de protéger le peuple américain.
La situation qui prévaut en Afghanistan illustre les objectifs de l'Amérique et la nécessité de collaborer tous ensemble. Voilà maintenant plus de sept ans, forts d'un large appui de la communauté internationale, les États-Unis ont donné la chasse à al-Qaïda et aux talibans. Nous avons agi de la sorte non par choix, mais par nécessité. (Des bons renseignements et une unité de commando peuvent régler son compte à Osama. Par contre l'invasion de l'Afghanistan à mis les jihadistes sur le pied de guerre et ils sont en train de gagner comme ils l'ont fait face à l'URSS). Je suis conscient que d'aucuns mettent encore en question ou même justifient les événements du 11 Septembre. Mais soyons clairs : Al-Qaïda a tué près de trois mille personnes ce jour-là. Ses victimes étaient des hommes, des femmes et des enfants innocents, venus d'Amérique et de beaucoup d'autres pays, et qui n'avaient rien fait à personne. Mais al-Qaïda a choisi de les tuer sans merci, de revendiquer les attentats et il réaffirme aujourd'hui encore sa détermination à commettre d'autres meurtres à une échelle massive. Ce réseau a des membres dans de nombreux pays et il essaie d'élargir son rayon d'action. Il ne s'agit pas là d'opinions à débattre - ce sont des faits à combattre.
Eh bien, ne vous y trompez pas : nous ne voulons pas laisser nos soldats en Afghanistan. Nous ne cherchons
orwell_1984_296x300 pas - nous ne cherchons pas à y établir des bases militaires (effectivement, il y en a déjà assez). Il nous est douloureux pour l'Amérique de perdre ses jeunes gens et ses jeunes femmes. La poursuite de ce conflit s'avère coûteuse et politiquement difficile. (Pas un mots sur les centaines de civils afghans et pakistanais tués en "pertes collatérales")


War is peace


Nous ne demanderions pas mieux que de rapatrier tous nos soldats, jusqu'au dernier, si nous avions l'assurance que l'Afghanistan et maintenant le Pakistan n'abritaient pas d'éléments extrémistes déterminés à tuer le plus grand nombre possible d'Américains. (Qui d'autre que Ben Laden, qui a dit avoir agit contre la présence américaine en Arabie Saoudite?) Mais ce n'est pas encore le cas. (Qu'elle hypocrisie! L'intervention américaino-occidentale entretenant la motivation des "éléments extrémistes", il est clair que les soldats américains resteront bloqués pour des décennies). C'est pourquoi nous oeuvrons en partenariat avec une coalition de 46 pays. Malgré les coûts en cause, la volonté de l'Amérique ne va pas fléchir. Assurément, aucun d'entre nous ne doit tolérer ces éléments extrémistes. Ils ont fait des morts dans beaucoup de pays. Ils ont tué des gens de toutes religions - et surtout des musulmans. Leurs actions sont irréconciliables avec les droits de l'homme, le progrès des nations et l'islam. Le Saint Coran nous enseigne que quiconque tue un innocent tue l'humanité tout entière, (Applaudissements) et que quiconque sauve quelqu'un, sauve l'humanité tout entière. (Texte emprunté à la Mishna par le "Saint" Coran qui ne reconnaît pas ses dettes) (Applaudissements) La foi enracinée de plus d'un milliard d'habitants de la planète est tellement plus vaste que la haine étroite de quelques-uns. Quand il s'agit de combattre l'extrémisme violent, l'islam ne fait pas partie du problème - il constitue une partie importante de la marche vers la paix.


Nous savons en outre que la puissance militaire ne va pas à elle seule résoudre les problèmes qui se posent en Afghanistan et au Pakistan. C'est pour cette raison que nous comptons investir 1,5 milliard de dollars par an, au cours des cinq prochaines années, dans la construction d'écoles et d'hôpitaux, de routes et d'entreprises, en partenariat avec les Pakistanais, ainsi que des centaines de millions de dollars pour venir en aide aux personnes déplacées. C'est pour cette raison encore que nous fournissons plus de 2,8 milliards de dollars aux Afghans afin de les aider à développer leur économie (surtout par l'intermédiaire de sociétés américaines) et à prodiguer les services dont la population a besoin.


Je voudrais aussi aborder le dossier de l'Irak. Contrairement à la guerre en Afghanistan, la guerre en Irak est le résultat d'un choix, (non, celle en Afghanistan est aussi un choix) lequel a provoqué des différences marquées dans mon pays et à travers le monde. Tout en étant convaincu que le peuple irakien a gagné au bout du compte à être libéré de la tyrannie de Saddam Hussein, je crois aussi que les événements en Irak ont rappelé à l'Amérique la nécessité de recourir à la diplomatie et de construire un consensus international pour résoudre ses problèmes à chaque fois que c'est possible. (Applaudissements) De fait, nous avons en mémoire les propos de Thomas Jefferson, qui disait ceci : " J'espère que notre sagesse grandira avec notre puissance et qu'elle nous enseignera que moins nous utiliserons cette dernière, plus elle fera de l'effet. "


Aujourd'hui, l'Amérique possède une double responsabilité : aider l'Irak à se forger un avenir meilleur et laisser l'Irak aux Irakiens. J'ai fait clairement savoir au peuple irakien (Applaudissements) que nous ne cherchons nullement à établir des bases en Irak (dans quelle région du monde n'y a-t-il pas de bases américaines?) ni à revendiquer son territoire ou ses ressources. La souveraineté de l'Irak appartient à l'Irak. C'est pour cette raison que j'ai ordonné le retrait de nos brigades de combat d'ici au mois d'août de l'année prochaine. C'est pour cette raison que nous allons honorer l'accord que nous avons conclu avec le gouvernement irakien, élu démocratiquement, concernant le retrait de nos troupes de combat des villes irakiennes d'ici au mois de juillet et de toutes nos troupes du territoire irakien d'ici à 2012. (Applaudissements) Nous aiderons l'Irak à former ses forces de sécurité et à développer son économie. Mais c'est en tant que partenaires (voilà un mot joliment trouvé...), et jamais en tant que protecteurs, que nous apporterons notre appui à un Irak sécurisé et uni.


Enfin, tout comme l'Amérique ne tolérera jamais la violence des extrémistes, elle ne doit jamais altérer ni oublier ses principes. Les événements du 11 Septembre ont infligé un traumatisme considérable à notre pays. La peur et la colère qu'ils ont provoquées sont compréhensibles, mais dans certains cas ces sentiments nous ont conduits à agir de manière contraire à nos traditions et à nos idéaux. Nous prenons maintenant des mesures concrètes pour rectifier cette situation. J'ai interdit sans équivoque l'usage de la torture par les États-Unis (il ne faut pas en faire de trop non plus, l'armée américaine a employé des méthodes d'interrogatoire certes condamnables, qui font appel à des pressions psychologiques très dures et humiliantes, mais n'a pas procédé à de véritables tortures mutilantes comme cela se fait dans le pays où vous parlez, par exemple. Le risque est que les régimes des tortionnaires du Moyen Orient se disent qu'ils ne sont pas pire que les USA d'avant Obama...) et j'ai ordonné la fermeture de la prison à Guantanamo Bay d'ici au début de l'année prochaine. (Applaudissements)
L'Amérique va donc se défendre, dans le respect de la souveraineté des nations et de la primauté du droit. Et nous agirons en ce sens en partenariat avec les communautés musulmanes qui sont elles aussi menacées. Plus vite les extrémistes seront isolés et malvenus dans les communautés musulmanes, plus vite nous connaîtrons tous une sécurité accrue.



La deuxième grande source de tension que nous devons aborder concerne la situation entre les Israéliens, les Palestiniens et le monde arabe.
Les liens solides qui unissent l'Amérique à Israël sont bien connus. Cette relation est immuable. Elle se fonde sur des liens culturels et historiques et sur la reconnaissance du fait que l'aspiration à un territoire juif est ancré dans un passé tragique indéniable (c'est continuer à lier création d'Israël et Shoa, et donner raison à Ahmedinejad qui répondrait: puisque les juifs n'ont pas souffert sous l'islam si tolérant,  mais en Europe, prenez-les chez vous! Faut-il rappeler que le mouvement sioniste est né au 19e siècle, avec l'éveil des mouvements nationalistes en Europe? La légitimité d'Israël ne gagne rien à rappeler la "vallée de larmes" à laquelle on essaie de réduire l'histoire juive. Suffisent le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, à "l'autoémancipation", l'idéal socialiste des fondateurs, l'idéal messianique des religieux, l'héroïsme de ses défenseurs, les réalisations concrètes de l'Etat hébreu dans tous les domaines - scientifiques, artistiques, culturels et autres - les générations nées sur le sol d'Israël et qui n'ont pas d'autre patrie...)
À travers le monde, le peuple juif a été persécuté pendant des siècles et l'antisémitisme en Europe a atteint son paroxysme avec un holocauste sans précédent. ("Holocauste", et non "shoa" pourtant devenu plus usité: surtout ne pas employer un mot hébreu, cela aurait gaché tout l'effet du parler en arabe) Demain, je me rendrai à Buchenwald, (pourquoi immédiatement après Le Caire, Buchenwald? Quel rapport avec un rapprochement avec le monde arabe? Un vaccin - avec l'aide d'Elie Wiesel -  contre une future accusation d'antisémitisme, pour pouvoir librement faire pression sur Israël? Neutraliser immédiatement aux yeux des américains le sulfureux côté paternel musulman avec l'antidote du côté maternel - l'oncle libérateur des camps de concentrations?)  qui faisait partie d'un réseau de camps où des Juifs étaient réduits à l'esclavage, torturés, abattus et envoyés aux chambres à gaz par le Troisième Reich.
Six millions de Juifs ont été tués - soit un nombre supérieur à celui de toute la population juive d'Israël aujourd'hui. Il est injustifié, ignorant et odieux de nier ce fait. Il est profondément injuste de menacer Israël de destruction, ou répéter de vils stéréotypes sur les Juifs et cela ne sert qu'à évoquer dans l'esprit des Israéliens cette page la plus douloureuse de leur passé et à empêcher de prendre racine la paix à laquelle ont droit les habitants de cette région.



Ceci dit, il est également indéniable que le peuple palestinien, qui regroupe des musulmans et des chrétiens, a souffert en quête d'un territoire. (Etrange formulation, on se bat pour un territoire, on ne "souffre" pas! Le besoin irrépressible de créer une réciprocité avec la souffrance juive vous font dire des absurdités) Depuis plus de soixante ans, il connaît la douleur du déplacement ("déplacement" et non "dislocation" que la traduction de la Maison Blanche a gardé! C'est un faux ami, dislocation en anglais signifie déplacement, en français c'est un véritable démembrement. Déplacement douloureux, oui, et non exil, car un arabe n'est pas en exil dans un pays arabe, ou bien, la Nation Arabe, la Oumma, n'est qu'une fiction). Beaucoup attendent dans des camps de réfugiés (ce ne sont plus les régugiés eux-mêmes qui attendent, mais leurs petits et arrières-petits enfants, dans de véritables villes en fait, que leurs habitants refusent de développer ou de quitter contre indemnisation, par volonté politique délibérée) en Cisjordanie, à Gaza (réfugiés en palestine!) et dans des terres voisines (effectivement, leurs déplacements n'ont pas excédé quelques dizaines de kilomètres, pour s'installer dans d'autres pays de la grande Nation Arabe, d'une région à l'autre de l'ancien empire ottoman) de connaître une vie de paix et de sécurité à laquelle ils n'ont jamais eu le droit de goûter (contrairement à leurs frères qui n'ont pas fuit Israël). Ils subissent au quotidien les humiliations - grandes et petites - qui accompagnent l'occupation. Il n'est pas permis d'en douter : la situation du peuple palestinien est intolérable. L'Amérique ne tournera pas le dos à l'aspiration légitime du peuple palestinien à la dignité, aux chances de réussir et à un État à lui. (Applaudissements)


Depuis des dizaines d'années, une impasse persiste : deux peuples aux aspirations légitimes, chacun marqué par un passé douloureux (parallèle qui trahit la vérité: les Palestiniens ne sont pas des victimes passives, ils souffrent les conséquences des guerres qu'ils ont menées et mènent pour éliminer Israël tandis qu'Israël n'a pas cherché à les éliminer ; les Juifs européens n'ont jamais eu de revendication nationale ni pris les armes contre qui que ce soit) qui rend un compromis insaisissable. Il est aisé de pointer un doigt accusateur : les Palestiniens peuvent attirer l'attention sur le déplacement provoqué par la création d'Israël, (Faux: l'ONU a voté la création de deux Etats, décision acceptée par le mouvement sioniste; c'est en premier lieu la défaite dans la guerre arabe contre la création d'Israël qui l'a provoqué) et les Israéliens peuvent dénoncer l'hostilité et les attaques dont le pays a de tout temps fait l'objet à l'intérieur même de ses frontières et par-delà. Mais si nous examinons ce conflit à travers le prisme de l'une ou de l'autre partie, nos oeillères nous cacheront la vérité : la seule résolution consiste à répondre aux aspirations des uns et des autres en créant deux États, où Israéliens et Palestiniens vivront chacun dans la paix et la sécurité. C'est dans l'intérêt d'Israël, dans l'intérêt de la Palestine (oui, mais de la Palestine future, elle n'existe pas encore, c'est là toute la question, faire comme si elle existait déjà, comme si des terres qui lui appartenaient étaient occupées, est une pure falsification de l'histoire), dans l'intérêt de l'Amérique, dans l'intérêt du monde. C'est pourquoi je compte personnellement poursuivre un tel aboutissement avec toute la patience et le dévouement qu'exige cette tâche. (Applaudissements) Les obligations qu'ont acceptées les parties en vertu de la Feuille de route sont claires. Pour que règne la paix, il est temps que les parties - et que nous tous -se montrent à la hauteur de leurs responsabilités.


Les Palestiniens doivent renoncer à la violence. La résistance sous forme de violence et de massacre n'aboutira pas. Les Noirs en Amérique ont souffert du fouet quand ils étaient esclaves et de l'humiliation de la ségrégation. (Comparaison révoltante et totalement hors sujet. Le but de cette violence est au mieux l'obtention de leur indépendance, au pire l'élimination physique des Juifs dont leur droit à un Etat n'est pas reconnu, et non l'obtention de droits égaux dans un même Etat coupable d'une "ségrégation" ou d'un "apartheid" chers à votre ami Jimmy Carter) Mais ce ne fut pas la violence qui leur a finalement permis d'obtenir l'égalité des droits dans son intégrité. Ce fut la persévérance ferme et pacifique pour les idéaux au coeur même de la création de l'Amérique. Cette même histoire (tous pareils, toujours la même histoire…) peut être racontée par des peuples de l'Afrique du sud à l'Asie du sud ; de l'Europe de l'est à l'Indonésie. C'est une histoire avec une simple vérité : la violence ne mène nulle part. (Non, dans le cas d'une authentique lutte de libération nationale d'un joug colonial ou impérial, la lutte armée - non le terrorisme qui est l'agression de civils sans défense - peut être justifiée, comme le montre l'histoire américaine elle-même et comme l'ont montré les combats de l'ANC en Afrique du Sud...)  Lancer des roquettes contre des enfants israéliens endormis ou tuer des vieilles femmes dans un autobus, n'est pas un signe de courage ni de force. Ce n'est pas de cette manière que l'on revendique l'autorité morale ; c'est ainsi qu'on l'abdique.


Le moment est maintenant venu pour les Palestiniens de se concentrer sur ce qu'ils peuvent bâtir. L'Autorité palestinienne doit développer ses capacités de gouverner avec des institutions qui répondent aux besoins de son peuple. Le Hamas jouit du soutien de certains Palestiniens (? Il a obtenu la majorité aux législatives palestiniennes!), mais il doit aussi reconnaître ses responsabilités. Il doit jouer un rôle pour réaliser les aspirations des Palestiniens et unir le peuple palestinien. (Finis l'OLP et le gouvernement Abbas pour les USA? Il aurait fallu parler d'un gouvernement d'union. Obama ouvre apparemment la voie à un dialogue avec les mouvements islamistes) Hamas doit mettre fin à la violence, reconnaître les accords passés et reconnaître le droit à l'existence d'Israël. (Oui, mais comment fait-on pour l'y amener? Le Hamas ne sera plus alors le Hamas)


En même temps, Israël doit reconnaître que tout comme le droit à l'existence d'Israël ne peut être nié, il en est de même pour la Palestine (non, nier le droit à l'existence d'un Etat qui existe depuis 60 ans n'est pas la même chose que celui d'un Etat qui n'a encore jamais existé et se définit surtout comme négation du premier).
Les États-Unis n'acceptent pas la légitimité de la poursuite des implantations israéliennes (continued Israeli settlements). (Applaudissements) Ces constructions constituent une violation des accords passés et portent préjudice aux efforts de paix. Le moment est venu pour que ces colonies cessent. (Applaudissements)



Israël doit aussi honorer ses obligations et assurer que les Palestiniens puissent vivre, travailler et développer leur société. Tout comme elle ravage les familles palestiniennes, la continuation de la crise humanitaire à Gaza (non, il n'y a pas de crise humanitaire à Gaza, tous les biens de première nécessité entrent depuis Israël bien qu'elle continue à être bombardée. Si c'était le cas, pourquoi l'Egypte garde-t-elle sa frontière avec ses frères de Gaza hermétiquement bouclée?) ne sert pas à promouvoir la sécurité d'Israël, l'absence persistante de chances de réussite en Cisjordanie non plus. Des améliorations dans la vie de tous les jours du peuple palestinien doivent constituer une partie cruciale de la feuille de route pour la paix.


Enfin, les États arabes doivent reconnaître que l'initiative arabe de paix a été un début important, mais non la fin de leurs responsabilités. Le conflit israélo-arabe ne devrait plus être utilisé pour distraire les populations des États arabes des autres problèmes (bien dit). Il doit au contraire servir de raison pour aider les populations palestiniennes à développer les institutions qui permettront d'asseoir leur État ; à reconnaître la légitimité d'Israël ; et à opter pour le progrès au lieu de se polariser de manière autodestructive sur le passé.
L'Amérique alignera ses politiques avec ceux qui veulent la paix. Nous dirons en public ce que nous dirons en privé aux Israéliens, aux Palestiniens et aux Arabes. (Applaudissements) Nous ne pouvons pas imposer la paix. Mais en privé, de nombreux Musulmans reconnaissent qu'Israël ne disparaîtra pas ; de même, de nombreux Israéliens reconnaissent la nécessité d'un État palestinien. Le moment est venu de prendre une initiative, sur ce que tous savent être vrai.



Trop de larmes ont coulé. Trop de sang a été versé. Nous avons tous la responsabilité d'oeuvrer pour le jour où les mères d'Israéliens et de Palestiniens pourront voir leurs enfants grandir sans peur ; où la terre sainte des trois grandes religions (pourquoi toutes ces contrevérités, diable? La Terre Sainte de l'Islam est l'Arabie, la notion même de terre sainte est chrétienne, et pour les Juifs c'est la Terre d'Israël tout simplement. Ce syncrétisme religieux à tout prix vous fait dire des absurdités) sera ce lieu de paix que Dieu avait voulu ; où Jérusalem sera un lieu de résidence sûr et permanent pour les Juifs, les Chrétiens et les Musulmans et un lieu où tous les enfants d'Abraham pourront se côtoyer dans la paix comme dans l'histoire d'Israh, (Applaudissements), - comme dans l'histoire d'Israh, dans laquelle Moïse, Jésus et Mohammed (que la paix soit avec eux) se sont joints dans la prière, (voyage nocturne de Mahomet à la mosquée lointaine sur la jument ailée, Bourak. C'est un mythe destiné à légitimer la prophétie de Mahomet et en faire le "sceau des prophètes" dont la prophétie contient celle de tous ses prédécesseurs. C'est le fondement théologique de l'impérialisme musulman. Il est lamentable que vous, le président des USA, donnez l'impression d'y accorder foi. Comment pouvez-vous accepter en tant que chrétien, que Jésus soit traité en prophète mort?). (Applaudissements)


La troisième source de tension est nos intérêts en commun à l'égard des droits et des responsabilités des États concernant les armes nucléaires.
Cette question a constitué une source de tension entre les Etats-Unis et la République islamique d'Iran. Pendant de nombreuses années, l'Iran s'est défini en partie par son opposition à mon pays et il existe en effet un passé tumultueux entre nos deux pays. En pleine Guerre froide, les États-Unis ont joué un rôle dans le renversement d'un gouvernement iranien démocratiquement élu. Depuis la révolution islamique, l'Iran a joué un rôle dans la prise d'otages et dans des actes de violence à l'encontre des troupes et des civils américains. Cette histoire est bien connue. Plutôt que de rester emprisonné par le passé, j'ai dit clairement au peuple et aux dirigeants iraniens que mon pays est prêt à aller de l'avant. La question qui se pose maintenant n'est pas de savoir à quoi l'Iran s'oppose (l'existence de l'Etat d'Israël par exemple), mais plutôt quel est l'avenir qu'il souhaite bâtir ("un monde sans sionisme" selon le congrès à ce nom qui a eu lieu à Téhéran en 2005).
Je comprends qu'il sera difficile de surmonter des décennies de méfiance, mais nous allons procéder avec courage, rectitude et fermeté. Il y aura de nombreux problèmes à examiner entre nos deux pays et nous sommes disposés à aller de l'avant sans conditions préalables, sur la base d'un respect mutuel. Mais il est clair pour tous ceux préoccupés par les armes nucléaires que nous sommes arrivés à un tournant décisif. Ce n'est pas simplement dans l'intérêt des États-Unis, c'est pour empêcher une course aux armes nucléaires susceptible d'entraîner cette région sur une voie extrêmement dangereuse .
Je comprends ceux qui protestent contre le fait que certains pays possèdent des armes (Israël) que d'autres ne possèdent pas. Aucun État ne devrait décider et choisir qui sont les pays à avoir des armes nucléaires (tel que l'Iran par exemple). C'est pourquoi je réaffirme fermement l'engagement de l'Amérique à vouloir un monde dans lequel aucun pays ne possède d'armes nucléaires (c'est un vœu pieu bon pour un prêche de curé. L'Amérique va-t-elle montrer l'exemple en démantelant son arsenal? Il faudrait un unique Etat mondial pour pouvoir faire disparaître l'équilibre de la terreur. En attendant il serait sage de ne pas mettre tous les Etats dans le même sac et distinguer les démocraties pacifiques qui ont l'arme nucléaire à fin défensive, de dictatures qui ont une idéologie agressive). (Applaudissements) Et chaque pays, y compris l'Iran, (gorgé de pétrole qu'il ne parvient pas à raffiner) devrait avoir le droit d'avoir accès à l'énergie nucléaire pacifique s'il respecte ses engagements dans le cadre du Traité de non-prolifération nucléaire. Cet engagement est au coeur du Traité et il doit être pris par tous ceux qui y souscrivent pleinement. J'espère que tous les pays de la région pourront partager cet objectif.



Le quatrième point que je vais aborder est la démocratie. (Applaudissements)
Je sais - je sais qu'il y a eu une polémique, au cours des récentes années, au sujet de la promotion de la démocratie et qu'une grande partie de cette controverse est liée à la guerre en Irak. Par conséquent, permettez-moi de le dire clairement : aucun système de gouvernement ne peut ou ne devrait être imposé par un pays à un autre.
Toutefois, cela ne diminue pas mon engagement à l'égard des gouvernements qui reflètent la volonté du peuple. Chaque nation donne naissance à ce principe de sa propre manière, en fonction des traditions de son propre peuple. L'Amérique ne prétend pas savoir ce qui est le mieux pour tout et chacun, tout comme nous ne voudrions pas prétendre décider des résultats d'une élection pacifique (des mots, toujours des mots, voir les dernières élections libanaises: Joe Biden fait dépendre le soutien américain au Liban du résultat des élections, deux semaines avant leur échéances, ce qui ne manquera pas d'empoisonner la politique d'un pays au bord de la guerre civile... Si on s'ingère, il faut l'assumer. Mais cela rappellerait le style Bush). Mais j'ai la ferme conviction que tous les peuples aspirent à certaines choses : la possibilité de s'exprimer et d'avoir une voix dans la façon dont ils sont gouvernés ; la confiance en l'État de droit et l'application équitable de la justice ; un gouvernement qui est transparent et qui ne vole pas ce qui appartient à son peuple ; la liberté de vivre selon leur choix. Il ne s'agit pas simplement d'idéaux américains, il s'agit des droits de l'homme et c'est pourquoi nous les encouragerons dans le monde entier. (Applaudissements)
C'est vrai, il n'y a pas de route directe pour honorer cette promesse. Mais une chose est claire, les gouvernements qui défendent ces droits sont à terme plus stables, meilleurs et plus en sécurité. La suppression des idées ne réussit jamais à les éliminer. L'Amérique respecte la liberté d'expression de tous ceux, dans le monde entier, qui sont pacifiques et respectueux de la loi, même si nous ne sommes pas d'accord avec eux. Nous accueillerons tous les gouvernements élus pacifiques - à condition qu'ils gouvernent en respectant toutes leurs populations.
Ce point est important car il y a ceux qui encouragent la démocratie uniquement lorsqu'ils ne sont pas au pouvoir ; et une fois au pouvoir ils sont sans scrupules dans la suppression des droits d'autrui (
le Hezbollah, le FIS, les partis islamistes sont prévenus : nous interviendrons dans les élections.
- Obama, je pense que c'est un tort. Si un peuple veut une dictature, un Etat terroriste, il faut l'en laisser assumer les conséquences. Celles d'une intervention extérieure seront encore plus graves
). (Applaudissements) Quel que soit là où il prend forme, le gouvernement du peuple et par le peuple est le seul étalon par lequel on mesure tous ceux qui sont au pouvoir : il faut conserver le pouvoir par le consentement du peuple et non la coercition ; il faut respecter les droits des minorités et participer, dans un esprit de tolérance et de compromis ; il faut mettre les intérêts du peuple et le déroulement légitime du processus politique avant ceux de son parti. Sans ces ingrédients, les élections ne créent pas une vraie démocratie à elles seules.
Un membre du public : Barack Obama, on vous aime !
Président Obama : Je vous remercie. (Applaudissements)



Le cinquième point que nous allons aborder ensemble est celui de la liberté de religion.
L'Islam a une tradition de tolérance dont il est fier. Nous le constatons dans l'histoire de l'Andalousie et de Cordoue pendant l'Inquisition. Je l'ai constaté de première main pendant mon enfance en Indonésie, où des Chrétiens dévots pratiquaient ouvertement leur religion dans un pays à prépondérance musulmane (c'est vrai, là où il a dominé, l'Islam a su être tolérant, contrairement au christianisme). C'est cet esprit qu'il nous faut aujourd'hui. Les habitants de tous les pays doivent être libres de choisir et de vivre leur religion d'après leur conviction d'esprit, de coeur et d'âme (Obama, vous savez très bien que l'islam enseigné à Al-Azhar et ailleurs condamne à mort ceux qui – comme vous-même de son point de vue – ont commis le crime d'apostasie). Cette tolérance est essentielle pour que la religion puisse s'épanouir, or elle est assaillie de plusieurs façons différentes.
Parmi certains musulmans, on constate que certains ont malheureusement tendance à mesurer leur propre croyance à l'aune du rejet des croyances d'autrui. ("Indiques-nous le chemin droit, Celui de ceux que Tu as comblé de Ta grâce, Non pas celui de ceux qui encourent Ta colère (les juifs), Ni celui des égarés (les chrétiens)." Obama a "entendu" mais n'a pas compris Al-Fatiha, la prière principale de l'islam répétée 17 fois par jour, première sourate du Saint Coran. L'explication entre-parenthèse est celle des principaux commentateurs classiques. Voir aussi Coran 2:87-90 et 5:72) Il faut soutenir la richesse de la diversité religieuse, que ce soit pour les Maronites au Liban ou les Coptes en Égypte. (Applaudissements) Et pour être francs, il faut aussi mettre fin aux divergences entre les musulmans, car les divisions entre les sunnites et les chiites ont provoqué des violences tragiques, tout particulièrement en Irak.
La liberté de religion joue un rôle crucial pour permettre aux gens de vivre en harmonie. Nous devons toujours examiner les façons dont nous la protégeons. Aux États-Unis, par exemple, les musulmans ont plus de mal à s'acquitter de l'obligation religieuse de la zakat étant donné les règles relatives aux dons de bienfaisance (qui financent le Hamas). C'est pour cette raison que je suis résolu à oeuvrer avec les musulmans américains pour leur permettre de s'acquitter de la zakat.
De même, il importe que les pays occidentaux évitent d'empêcher les musulmans de pratiquer leur religion comme ils le souhaitent, par exemple, en dictant ce qu'une musulmane devrait porter (n'est-ce pas la France… En Israël les musulmanes s'habillent comme elles – ou leur père ou mari - le veulent). En un mot, nous ne pouvons pas déguiser l'hostilité envers la religion sous couvert de libéralisme.
De fait, la foi devrait nous unir. C'est pour cette raison que nous sommes en train de créer de nouveaux programmes de service communautaire en Amérique qui réunissent des chrétiens, des musulmans et des juifs. C'est également pour cette raison que nous nous réjouissons des initiatives telles que le dialogue interreligieux du roi Abdallah d'Arabie Saoudite et le leadership de la Turquie dans l'Alliance des civilisations (quelle  farce! Le but des Saoudiens et des Turcs est de faire admettre par l'ONU une relativisation culturelle des droits de l'homme et des principes démocratiques. Obama se déclare donc prêt à ce sacrifice, pour "renforcer le camp des modérés"). À travers le monde, nous pouvons transformer le dialogue en un service interreligieux de sorte que les ponts entre les êtres humains mènent à des actions en faveur de notre humanité commune, que ce soit pour lutter contre le paludisme en Afrique ou pour fournir des secours après une catastrophe naturelle (L'humanitaire est sacré religion universelle. L'hypocrisie va continuer de plus belle: d'une main on exploite le tiers-monde et maintient ses dictatures, de l'autre on accorde quelque miettes pour se donner une apparence humaine).



La sixième question - la sixième question dont je veux parler porte sur les droits des femmes.
(Applaudissements) Je sais - je sais, et vous pouvez le voir d'après ce public - que cette question suscite un
obama_and_muslim_women1sain débat. Je rejette l'opinion de certains selon laquelle une femme qui choisit de se couvrir la tête (le problème n'est pas là, mais dans la contrainte. J'aurais parlé des crimes d'honneur très courants en Egypte, dans l'autonomie palestinienne et dans le reste du monde musulman, y compris chez les Arabes israéliens. Mais ne parlons pas des vraies questions qui pourraient déranger les "modérés") est d'une façon ou d'une autre moins égale, mais j'ai la conviction qu'une femme que l'on prive d'éducation est privée d'égalité. (Applaudissements) Et ce n'est pas une coïncidence si les pays dans lesquels les femmes reçoivent une bonne éducation connaissent bien plus probablement la prospérité.
Je tiens à préciser une chose : les questions relatives à l'égalité des femmes ne sont absolument pas un sujet qui concerne uniquement l'Islam. En Turquie, au Pakistan, au Bangladesh et en Indonésie, nous avons vu des pays à majorité musulmane élire une femme à leur tête, tandis que la lutte pour l'égalité des femmes continue dans beaucoup d'aspects de la vie américaine, et dans les pays du monde entier (eh oui, nous aussi on est des vrais machos, on n'est pas mieux, je ne vous fais pas la leçon!).
Je suis convaincu que nos filles peuvent offrir une contribution à la société tout aussi importante que nos fils (Applaudissements)et que notre prospérité commune sera favorisée si nous utilisons les talents de toute l'humanité, hommes et femmes. Je ne crois pas que les femmes doivent faire les mêmes choix que les hommes pour assurer leur égalité, et je respecte celles qui choisissent de suivre un rôle traditionnel. Mais cela devrait être leur choix (comme s'il était possible de vivre avec un seul salaire, même dans un pays riche). C'est pour cela que les États-Unis oeuvreront en partenariat avec tout pays à majorité musulmane pour améliorer l'alphabétisation des filles. Nous aiderons aussi les jeunes femmes à faire la transition de l'école au monde du travail par l'intermédiaire du microfinancement qui permet aux gens de réaliser leurs rêves. (Applaudissements)



Finalement, je veux parler de notre intérêt commun à favoriser le développement et les opportunités économiques (maintenant parlons de votre porte-monnaie, j'ai gardé le meilleur pour la fin, l'ultime et plus douce récompense. On veut tous la même chose, hein!).
Je sais que pour beaucoup, la mondialisation présente des aspects contradictoires. Internet et la télévision peuvent transmettre dans les foyers des connaissances et des informations, mais également une sexualité vulgaire et une violence gratuite (que c'est immoral! Vous voyez, ô musulmans, nous avons les mêmes valeurs...). Le commerce peut s'accompagner de nouvelles richesses et opportunités, mais aussi de grands bouleversements et de changements au niveau communautaire. Dans tous les pays, y compris en Amérique, ce changement provoque la peur (alors n'ayez pas honte, ô braves musulmans, nous aussi on a peur du progrès et de ses richesses!). La peur que la modernité signifie la perte du contrôle de nos choix économiques, de nos décisions politiques et, il s'agit d'un élément encore plus important, de notre identité, c'est-à-dire des choses qui nous attachent à notre communauté, notre famille et notre foi. (alors n'ayez pas peur d'entrer dans ma mondialisation, c'est normal d'être inquiets, au début on se sent perdus)
Mais je sais aussi qu'on ne peut pas empêcher le progrès humain (maktub, c'est le destin, on n'y peut rien!). Le développement et la tradition ne sont pas nécessairement contradictoires. Des pays comme le Japon et la Corée du Sud ont connu une prodigieuse croissance économique tout en conservant leur culture distincte. Il en va de même pour les progrès remarquables au sein de pays à majorité musulmane, de Kuala Lumpur à Dubaï. Par le passé et de nos jours, des communautés musulmanes ont été à la pointe de l'innovation et de l'éducation.
Ceci est important car aucune stratégie de développement ne peut se fonder uniquement sur ce que produit la terre et elle ne peut être durable si les jeunes n'ont pas de travail. De nombreux pays du Golfe se sont énormément enrichis grâce au pétrole et certains commencent à concentrer leurs ressources sur un développement plus large. Mais nous devons tous garder à l'esprit que l'éducation et l'innovation seront la monnaie d'échange du 21e siècle. (Applaudissements) Dans trop de communautés musulmanes, le sous investissement en ces domaines persiste. J'attire l'attention sur cette réalité dans mon propre pays (et oui, chez nous aussi... ). Et à la différence du passé pendant lequel l'Amérique se concentrait sur le pétrole et le gaz, s'agissant de cette partie du monde, nous chercherons désormais à agir dans des domaines plus variés (maintenant nous allons aussi exploiter vos gisements de main d'oeuvre et de talents bon marché...).



Dans le domaine de l'éducation, nous allons élargir les programmes d'échange et augmenter les bourses, comme celle qui a permis à mon père de venir en Amérique (vous aussi, vous pourriez avoir un fils président de l'Amérique), (Applaudissements) tout en encourageant davantage d'Américains à étudier dans des dictatorcommunautés musulmanes.


Gravure sur bois: Antonio Henrique Abreu Amaral


Nous offrirons à des étudiants musulmans prometteurs des stages aux États-Unis ; nous investirons dans l'enseignement en ligne destiné aux enseignants et aux enfants à travers le monde ; et nous créerons un nouveau réseau informatique qui permettra à un jeune du Kansas de communiquer instantanément avec un jeune du Caire (allez, soyez branchés, branchez-vous sur nous!).


Dans le domaine du développement économique, nous créerons un nouveau corps de volontaires des milieux d'affaires qui formeront des partenariats avec des homologues de pays à majorité musulmane. Je vais aussi accueillir un Sommet sur l'entreprenariat cette année pour trouver les moyens d'approfondir les liens entre les leaders du monde des affaires, les fondations et les entrepreneurs sociaux des États-Unis et des communautés musulmanes à travers le monde.


Dans le domaine des sciences et des technologies, nous établirons un nouveau fonds pour appuyer le développement technologique dans les pays à majorité musulmane et pour aider à concrétiser commercialement des idées pour qu'elles créent des emplois. Nous ouvrirons des centres d'excellence scientifiques en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est, et nous nommerons de nouveaux émissaires pour les sciences chargés de collaborer à des programmes qui mettront au point de nouvelles sources d'énergie, créeront des emplois verts, numériseront les registres et archives, purifieront l'eau et produiront de nouvelles cultures. Dans le domaine de la santé au niveau mondial, j'annonce aujourd'hui une nouvelle initiative avec l'Organisation de la conférence islamique pour éradiquer la polio et nous intensifierons nos partenariats avec des communautés musulmanes pour améliorer la santé maternelle et infantile.
Tout cela doit être accompli en partenariat. (A oui, il faut du partenariat, sinon tout cela aurait l'air d'une colonisation dorée. Et puis c'est vous qui financerez, nous les américains sommes déjà bien endettés...) Les Américains sont prêts à se joindre aux citoyens et gouvernements, aux organisations communautaires, aux dirigeants religieux et aux entreprises dans les communautés musulmanes du monde entier afin d'aider nos populations à améliorer leur vie.



Il ne sera pas facile de régler les questions dont je viens de parler. Mais nous avons la responsabilité de nous unir pour réaliser le monde auquel nous aspirons, (prions mes frères pour que ce monde arrive) un monde où les extrémistes ne menacent plus notre pays et où les soldats américains sont rentrés chez eux, un monde où les Palestiniens et les Israéliens vivent chacun en sécurité dans un État qui leur est propre (où le loup et l'agneau paîtront ensemble)  et où l'énergie nucléaire est utilisée à des fins pacifiques (les panneaux solaires, c'est encore plus sûr), un monde où les gouvernements servent les intérêts de leurs citoyens et où les droits de tous les enfants de Dieu sont respectés. Tel est le monde auquel nous aspirons et nous n'y parviendrons qu'ensemble (car hors l'Amérique, point de salut).


Je sais qu'un grand nombre de gens - musulmans et non musulmans - se demandent si nous arriverons vraiment à prendre ce nouveau départ. Certains veulent attiser les flammes de la division et entraver le progrès. Certains suggèrent que ça ne vaut pas la peine ; ils avancent qu'il y aura fatalement des désaccords et que les civilisations finissent toujours par s'affronter. Beaucoup plus ont tout simplement des doutes (il y en a qui se demandent si l'american way of life c'est si bien, avec ces histoires de lycéens qui massacrent leurs camarades de classe, ces histoires de SIDA, de réchauffement climatique... ). Il y a tellement de peur, tellement de méfiance qui se sont accumulées avec les ans (je vous comprend, à voir les Marines débarquer dans le région presque tous les ans... ). Mais si nous choisissons de nous laisser enchaîner par le passé, nous n'irons jamais de l'avant. Je veux particulièrement le déclarer aux jeunes de toutes les fois et de tous les pays, plus que quiconque, vous avez la possibilité de ré-imaginer le monde, de refaire le monde (faites comme moi en ce moment! ).
Nous partageons tous cette planète pendant un court instant. À nous de décider si nous passons ce temps à nous concentrer sur ce qui nous sépare ou si nous nous engageons à faire ce qu'il faut - de façon soutenue - pour trouver un terrain d'entente, pour nous concentrer sur l'avenir que nous désirons pour nos enfants, et pour respecter la dignité de tous les êtres humains.
world_domination_tourTout ceci n'est pas simple. Il est plus facile de se lancer dans une guerre (c'est bien vrai, regardez la liste des nôtres) que de faire la paix. Il est plus facile de blamer autrui que de s'examiner soi-même ; il est plus facile de voir ce qui nous distingue, plutôt que ce que nous avons en commun. Mais il faut choisir le bon chemin, et non le plus facile. Il y a une règle essentielle qui sous-tend toutes les religions : celle de traiter les autres comme nous aimerions être traités (ô frère Obama, que c'est beau ce que tu dis! Mais notre Hillel, dans le Talmud, a préféré dire: "Ne fais pas à ton prochain ce que tu déteste pour toi-même." C'est moins "interventioniste", notre prochain à parfois envie d'être traité autrement, ou qu'on ne lui fasse pas du bien, qu'on le laisse tranquille, tout simplement). Cette vérité transcende les nations et les peuples. C'est une croyance qui n'est pas nouvelle, qui n'est ni noire ni blanche ni basanée, qui n'est ni chrétienne ni musulmane ni juive. C'est une foi qui a animé le berceau de la civilisation et qui bat encore dans le coeur de milliards d'êtres humains. C'est la foi dans autrui (non, c'est la foi en moi-même et ma capacité de bienfaiteur à "traiter" les autres) et c'est ce qui m'a mené ici aujourd'hui.
Nous avons le pouvoir de construire le monde auquel nous aspirons, mais seulement si nous avons le courage de prendre un nouveau départ, en gardant à l'esprit ce qui a été écrit.



Le Saint Coran nous dit : 'Ô hommes! Nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez."
Le Talmud nous dit : " Toute la Torah a pour objectif de promouvoir la paix. "
La Bible (pas "Les Saintes Ecritures" par exemple, ce sera pour un public chrétien… mais on dira que je chipote) nous dit : " Bienheureux les artisans de paix : ils seront appelés fils de Dieu. " (Peut être vous-même ô Obama?)
Les habitants du monde peuvent cohabiter en paix. Nous savons que telle est la vision de Dieu. C'est maintenant notre tâche sur cette Terre. Je vous remercie et que la paix de Dieu soit avec vous. (La formule est adaptée de l'arabe. Amine!) (Applaudissements).


Jérusalem est duelle. L'unité est au-delà, à construire ensemble

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