27 septembre 2009

Pardon pour le CO2

9 tishri 5770


Yom Kippour est un phénomène israélien incroyable. TOUT s'arrête pendant 25 heures. Même à Tel-Aviv l'impie!


Pourquoi respecter si strictement ce jour quand on est un laïque "athée" qui ne respecte pas le shabbath et va manger des fruits de mer le lendemain? Tout le monde ne jeûne pas vraiment, mais personne ne monterait dans sa voiture profiter d'une journée sans embouteillage. Où est la logique?



Au début, pendant mes premières années en Israël, cela m'agaçait plutôt, et j'attribuais ce comportement à une espèce de superstition: on fait kippour et on est automatiquement pardonné pour l'irréligieuse année passée, tant pis si on recommence joyeusement l'année prochaine!
Gottlieb_Jews_Praying_in_the_Synagogue_on_Yom_KippurAujourd'hui je vois les choses différemment, avec plus de tendresse: demander pardon à Dieu malgré tout, un jour par an, c'est tout de même lui dire: on ne T'a pas oublié, malgré les apparences on ne s'est pas détourné de Toi tout à fait, c'est la vie moderne, ces pratiques que nous ne comprenons plus très bien, mais Toi, tu ne nous en voudras pas...


Yom Kippour à la synagogue


Pour les fautes de l'homme envers son prochain, chacun a essayé de réparer les torts causés à ses proches et amis et leur demande pardon; pour les fautes envers Dieu, rituel gardé contre rituels délaissés: je jeûne pour toutes les nourritures non-casher englouties, je laisse la voiture au garage pour tous les shabbats au volant...



Même si c'est un non-sens du point de vue strictement halakhique - transgresser kippour n'est pas plus grave que transgresser un shabbath -  les israéliens les plus laïques révèlent en ce jour qu'ils ne sont pas prêts à tout lâcher, que bien peu parmi eux sont de vrais athées.


Il y a bien une petite minorité d'athées purs et durs, alors pourquoi elle-même ne se manifeste-t-elle pas? L'explication est simple, il y a effet de masse: dès l'approche du coucher du soleil ce soir, les  chaussées vides seront tombées aux mains d'un nouvel occupant et seront désormais un territoire imprenable pour tous les bolides assourdissants qui en font habituellement un champ de mines pour bipèdes: 
piétons en familles élargies reconstituées pour la fête qui jouissent vraiment de leur conquête d'un nouvel YEkippurespace, et surtout hordes d'enfants montés sur toutes sortes de roues et roulettes...









Le Jour du Pardon, est devenu "Jour du vélo" pour les enfants d'Israël.
velopoussette
Bicyclettes, patins et skateboards sont les rois d'un jour...



VelosKippur
C'est vraiment un phénomène! Mais cette année je vois un sens nouveau dans ce kippour à l'israélienne: un seul pays au monde fait grève de pollution due aux moyens de transport pendant toute une journée, et crie:


Pardon pour le dioxyde de carbone que nous rejetons chaque jour involontairement!

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Pour le pétrole brûlé inconsidérément!
Pour l'ozone détruit imprudemment!
Pour les hydrocarbures émis sauvagement!


Pour les oxydes d'azote produits sciemment ou inconsciemment!
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Pour le monoxyde de carbone rejetés par dureté de coeur!



















Pour les composés organiques volatiles mal ou insuffisamment brûlés!pollution_ta9



Pour les particules projetées en suspension stupidement!

pollutionTA




Pour le dioxyde de soufre qui attaque les poumons des enfants si cruellement!





Pour tous ces kilomètres parcourus en vain.







Pour tout cela, Dieu de pardon, rachète-nous,
autobusPollution
pardonne-nous!

21 septembre 2009

Blocus des esprits




3 tishri 5770 (A la suite du post précédent, je dois montrer l'exemple!)
Le journal Haaretz a publié cette veille de Rosh Hashana un article sur "l'appauvrissement culturel en Israël" (en hébreu). Des intellectuels et écrivains israéliens y font notre examen de conscience: crise des valeurs et ignorance s'imposent dans l'éducation et la vie publique.
La paralysie des esprits qu'ils ont analysé a beaucoup à voir avec celle de la situation politique. Cela m'a inspiré le commentaire suivant:
Le conflit israélo-palestinien a pour origine le lien unique dans son genre qu'entretient le peuple juif avec sa terre. Ce n'est pas tous les jours qu'un peuple revient d'exil après deux millénaires et trouve sa terre "occupée" par un autre! Ou inversement, vu depuis l'autre côté, il n'est pas fréquent qu'un peuple qui veut faire valoir ses droits à l'autodétermination soit contraint de constater qu'un autre peuple les a déjà obtenus à sa place... Une solution créative originale doit donc être construite à partir d'une compréhension en profondeur du judaïsme.
Comme je l'ai expliqué précédemment, il faut imaginer un cadre supranational qui permette aux deux peuples de vivre indépendants sur le même territoire.
prop_sionismLe mouvement sioniste, qui a créé l'Etat, est par définition nationaliste. Ce qu'il faut imaginer dès maintenant demande un dépassement du nationalisme classique du 19e siècle. C'est un tournant à 180 degrés très difficile à prendre, difficile à proposer sans se faire traiter d'"antisioniste". Les difficultés qu'a l'Europe à se constituer en cadre politique réellement supra-étatique - la fédération - illustrent bien le problème.
L'abandon du trésor des textes rabbiniques aux mains de l'orthodoxie bloque l'accès à une fécondation du présent israélien par le passé juif. Les orthodoxes, qui entretiennent et connaissent en profondeur l'héritage de la Tradition, sont coupés de la réalité politique qu'ils ne font que subir ou tout au plus aménager pour défendre leurs intérêts, tout en attendant un salut surnaturel. Ils ne reconnaissent l'Etat sioniste que de facto, sans rien avoir d'autre à proposer.
Les israéliens laïques, traditionalistes ou sionistes religieux sont impliqués  dans la vie de l'Etat mais le judaïsme reste pour eux une religion, donc sans pertinence politique ou philosophique.
Telle est à mon avis la principale raison de la stérilité du débat politique et public dans mon pays.
La droite nationaliste, laïque ou religieuse, s'accroche au sionisme classique, tente de gagner du temps, d'empêcher la création d'un Etat palestinien. Elle n'a rien à proposer à la place:  maintien impossible d'une autonomie palestinienne sous contrôle de Tsahal; laisser à d'autres qui n'en veulent pas la solution du problème: rattachement des Palestiniens à la Jordanie et l'Egypte... Et en attendant le spectre de leur demande de rattachement à Israël avec obtention de la citoyenneté israélienne, lui, court toujours.
L'admiration imitative et servile de "l'occident" qui règne sur l'élite politique, académique et économique d'Israël, l'absence d'esprit critique quant au modèle européen des droits de l'homme et de l'Etat-Nation démocratique, conduisent beaucoup d'Israéliens de gauche et du centre à l'auto-dénégation. Ils ne tiennent pas compte de notre situation sans précédent ni de son historique; ils portent un jugement moral et moraliste sur "l'occupation" - qui témoigne certes d'un sens élevé de la justice - mais les empêche d'identifier les vrais problèmes. Ils se trouvent pour la même raison dans l'impossibilité d'imaginer la solution créative nécessaire.
Ceux parmi eux qui ont vraiment pris leurs distances d'avec l'ancien sionisme se définissent comme post-sionistes. Ils ont une approche humaniste universaliste, mais pas de proposition politique concrète. Leur idéal se perd en un moralisme éthéré sans conséquence.
Etant donné que le cadre politique classique n'offre que la solution impraticable des "deux Etats", les découragés de l'activisme politique - la grande majorité - fuient dans la vie de l'instant: Sois cool, spontané, profite du moment! Ou bien ils se réfugient dans le travail et sombrent vite dans le workaolisme...
Et puisque l'horizon ici est bouché, que l'idéal humaniste est réalisé là-bas au paradis des "démocraties éclairées occidentales", pourquoi rester ici? L'autre forme d'escapisme consiste tout simplement à quitter le pays, si possible après avoir obtenu un passeport... polonais ou allemand!
Quant aux juifs de la Diaspora,  ils se partagent aussi pour la plupart entre ces trois tendances politiques cloisonnées: sionisme classique à coloration religio-nationaliste, orthodoxes qui attendent le Messie, humanistes plus ou moins athées, plus ou moins assimilés à leur concitoyens. 
Une quantité extraordinaire d'énergie se perd en activisme déplacé, en escapisme épicurien, en étude acharnée d'un judaïsme en conserve.
Une floraison de cercles d'étude et de réflexion - encore très minoritaires - cherchent une voie. Dès qu'elle trouvera une alternative valable ouverte devant elle, soyez-en sûr, toute cette énergie s'y engouffrera en un torrent irrésistible.

18 septembre 2009

En temps de bonne année

Bonne année 5770, שנה טובה, Kul ‘am u’intum bkheir ! Que cette année nouvelle vous apporte pour vous et les vôtres bonheur, santé et tout ce que vous souhaitez.

Je vous le souhaite à tous, depuis Jérusalem, urbi et orbi, et ce quelque soit votre calendrier et temporalité respectifs.
Je le fais de tout coeur et tout fraternellement puisque nous fêterons vendredi soir l'anniversaire de la création du monde et d'Adam, notre ancêtre à tous.

(J'ai fais un résumé succint de ce post sur la radio israélienne en français: Cliquer ici)


C'est là le paradoxe dont je voudrais vous entretenir à cette occasion: Le calendrier et le nouvel an juifs ont en fait une portée universelle, alors que l'année dite "civile" - qui règne aujourd'hui quasiment sur le monde entier - renvoie à un signifiant religieux et juif.
Circoncision_Veneto_c7f3dEn effet, jusqu'en 1970 les calendriers grégoriens portaient à la date du 1er janvier la mention "Circoncision, fête de la circoncision et du Saint-Prépuce de Notre Seigneur".




Vérifiez: 25 décembre (naissance de Jésus) + huit jours (âge de la circoncision juive) = 1er janvier.
Avec nos calendriers actuels, nous voilà face à une double césure, puisque cette mention a été elle-même retranchée. Je ne sais pourquoi l'Église a décidé de couper son temps de l'"ancienne alliance"...  Quoiqu'il en soit, le temps "universel" qui domine la réalité politique et sociale mondiale, l'ère chrétienne, commence par la scission de la chair d'un bébé juif. Étrange, non? Et Jésus naît ainsi une semaine avant l'ère chrétienne!


Le premier jour du calendrier hébraïque lui, célèbre la création du monde ou - selon les opinions, à six jours près - la création d'Adam. Il inaugure le temps de l'humanité. Seul le temps hébraïque se fonde antérieurement à sa propre origine, sur celle de l'homme compris comme ancêtre de toutes les nations et civilisations. Seul, le calendrier hébraïque est déjà celui de l'humanité, il n'est pas juif. Seul, il porte en lui l'espoir d'une humanité future, une dans sa diversité, vivant en paix une temporalité commune.
Le temps, ZeMaN, de l'humanité est porteur d'une invite, haZMaNah, à la fin, à son unité.

La plupart des calendriers des autres civilisations se réfèrent à un évènement fondateur de leur propre histoire. Le temps chrétien renvoie au Christ, le temps musulman à Mahomet, le calendrier chinois commence avec l'Empereur Jaune, fondateur de la première dynastie chinoise. Le nouvel an des indiens ou vietnamiens ou des japonais est pour eux-mêmes. Ces derniers ne sont pas monothéistes, ils ne prétendent pas étendre leur temps à toute l'humanité, certes, mais chacun est enfermé, autiste, au centre de propre sa bulle temporelle.


Selon les théologiens chrétiens, la circoncision du divin enfant rend caduque la circoncision charnelle de l'ancienne Alliance et inaugure la circoncision spirituelle du coeur (Rom. II, 28), en référence à la nouvelle Alliance annoncée par Jérémie (31, 31-34).
Pour ce que j'en comprend, nous sommes supposés vivre depuis 2009 "bonnes années", dans un monde messianique et rédimé, un monde de chrétiens qui font naturellement le bien, puisque la Loi est désormais gravée sur les tables de leur coeur. Il suffit d'ouvrir un journal ou un ordinateur et d'y lire les nouvelles pour s'en rendre compte! Mais pourquoi les appeler "nouvelles" alors qu'elles répètent depuis deux mille ans leur sanglante litanie? Si c'est cela un monde sauvé, comment y aurait-il encore un espoir? 


Chrétiens expliquez-nous! Ne juge t-on pas un arbre à ses fruits, que signifie une venue du Messie non suivie d'effet? Au contraire, l'histoire n'a vu aucune civilisation aussi violente que la chrétienne! Sans doute sommes-nous nous autres juifs trop matérialistes; au diable saluts métaphysiques, théologies du péché, ils ne sont pas pour nous: nous voulons voir des effets concrets, réels, nous persistons obstinément à croire que la venue du Messie doit inaugurer un monde meilleur, un temps nouveau...
C'est pourquoi - même si je le ferai - la nuit du 31 décembre je n'aurai pas autant envie de vous souhaiter une "bonne année" qu'en ce moment.
L'autre candidat à l'universalisme est le temps de l'islam. Mais le calendrier musulman, c'est pour les musulmans!  Il suppose de reconnaître Mahomet comme l'ultime prophète, et son départ de La Mecque pour Médine, l'Hégire, comme origine du temps. Le calendrier musulman ne pourrait devenir celui de l'humanité qu'en la convertissant entièrement. Son universalité est nécessairement impérialiste, comme l'est la chrétienne. 


La mondialisation, les crises globales climatiques, écologiques et économiques, relayées par les satellites et internet, ont fait prendre conscience à tous les peuples qu'ils vivent sur une même planète; au-delà des frontières et des murs, nous sommes de plus en plus spatialement unis; temporellement toutefois, nous restons profondément déphasés.  


bigbangMais le temps universel auquel l'humanité moderne tend à adhérer n'est-il pas le temps scientifique, le temps de la physique, du big-bang et de l'évolution des espèces? Le temps du calendrier - de n'importe quel calendrier - ne fonde plus une conception du monde, il est devenu obsolète.
Je dois donc dire quelques mots de la nature du temps si nous voulons comprendre ce que veut dire le Nouvel An, Rosh Hashana.


Le temps de la science qui règne désormais sur nos esprits , c'est le temps de la physique, qui n'est autre que le temps mathématique abstrait: une dimension qui peut être représentée par une droite infinie, s'ajoutant aux trois dimensions spatiales. Cet espace-temps et tout ce qu'il contient existerait par lui-même, hors et indépendemment de toute conscience humaine.
Mais que signifie la phrase : "cette ammonite est vieille de cent-vingt millions d'années"? Qu'elle a fêté cent-vingt millions d'anniversaires avec ses amies ammonites?
Dinosaurs_3D_ScreensaverLorsque le scientifique décrit le tableau de dinosaures s'ébattant dans le paysage marécageux du Jurassique, il le fait d'un point de vue donné. Il n'y a pas de paysage sans un observateur.
Or l'homme, même défini zoologiquement comme espèce Homo, n'existait pas alors pour contempler nos dinosaures, tous sont d'accord là-dessus. Alors qui est l'observateur?
Eh bien, c'est le scientifique d'aujourd'hui en personne, qui se projette deux cent millions d'années en arrière dans un passé imaginaire.
Dans l'idéal de l'objectivité absolue, l'observateur de la science est éliminé de la description paléontologique. Mais en même temps la neurophysiologie, la physiologie des sens, nous enseignent que couleurs, formes, définition et identification des objets eux-mêmes sont construits par notre conscience. Cela est vrai du temps aussi: il n'y a pas de temps sans mémoire. Le temps est une des dimensions de l'esprit qui permet aux animaux les plus évolués et à l'homme de planifier leur action future en fonction des acquis du passé, il n'existe pas dans le monde physique. L'évolution créatrice (ou la création évolutive) a élu cette capacité, qui est beaucoup plus efficace qu'une activité réflexe.



L'univers n'a pas une "histoire". Le "grand Livre de la Nature", c'est nous qui venons de l'écrire... Il est écrit en langage mathématique, nous dit Galilée; Einstein, qui l'a si bien déchiffré, pense que "ce qu'il y a de plus incompréhensible à propos du monde est qu'il soit compréhensible"; ils ont tort de s'étonner: notre esprit analyse à l'aide de l'outil mathématique, qu'il a élaboré, le monde de la perception qu'il a lui-même construit... Leur providentielle adaptation se comprend très bien lorsqu'on a compris que le réel est en fait une interface entre l'esprit et un monde-en-soi inconnaissable.
Le scientifique qui décrit les premiers instants après le big-bang s'enfle lui-même en un observateur éternel situé hors système, hors du temps et de l'espace.
En réalité, les premières galaxies "situées à dix milliards d'années-lumière" que l'astronome observe, il les voit telles qu'elle sont en ce moment. Il n'y a d'autre
universe_originalsimultanéité pour les êtres physiques que nous sommes que celle du lien lumineux qui les relient et les rend présents les uns aux autres. Imaginer qu'en ce moment les pâles galaxies en question sont vieilles de dix milliards d'années de plus revient à se dématérialiser et se projeter hors de l'espace-temps, dans une simultanéité irréelle. Si l'on suivait jusqu'au bout la conception physique du temps, nous ne pourrions jamais être présents l'un à l'autre: la fraction de seconde nécessaire à la lumière pour nous communiquer l'image de notre interlocuteur nous séparerait à jamais de lui...


L'erreur de conception vient à mon avis de ce que nous prenons trop à la lettre la notion de vitesse de la lumière. Dans quoi et par rapport à quoi la lumière se déplacerait-elle? Toute vitesse est relative à un référentiel. La vitesse de la lumière est absolue et a donc un tout autre sens.


Le temps éternel de la science se révèle être en fait le temps d'un observateur divin: le scientifique ignorant de sa propre auto-divinisation.
C'est étrange, nous vivons en occident à la fois dans le temps social du Dieu fait homme, et dans celui, physique, de l'homme fait Dieu.
Le temps de l'homme, le temps humain réel, est le temps personnel vécu, le temps de la mémoire et le temps de la transmission de génération en génération. C'est le temps de ma vie et le temps de l'histoire. Le nouvel an juif, Rosh Hashana, nous fait réintégrer le temps de l'homme.

Mais pourquoi 5770? Il se trouve que tous les chercheurs sont d'accord pour situer l'invention de l'écriture aux environs de la première moitié du sixième millénaire en Babylonie. Or c'est l'écriture qui produit par l'accumulation irréversible des textes le temps historique.  L'histoire a commencé à Sumer avec l'écriture des premières chroniques royales des premières dynasties, et le récit de la fondation des premières villes. Le Livre de la Genèse en a le souvenir, qui mentionne la construction d'Uruk, d'Ur, et les annales babyloniennes.  Ainsi  la durée du temps historique coïncide précisément avec la datation biblique, et la Bible en est le seul vecteur mémoriel.
Mais peut-on dire que c'est là le cadre de la création du monde et de l'homme? Il nous faut comprendre ce que la Bible hébraïque appelle "homme" et appelle "monde":
L'homme est celui à qui il été dit de dominer la Création et de se dominer lui-même. Ce n'est pas le chasseur-cueilleur paléolithique ou l'idolâtre soumis et adorant la Nature et son temps cyclique.
Le monde, c'est celui dont le Créateur divin s'est retiré, un monde matériel dont la Bible dit qu'il était vide tant que la pluie n'était pas tombée et que l'homme n'avait pas fécondé la terre de son travail. C'est le monde que l'homme - image du Créateur - crée de ses propres mains.
Lcampagne_a_l_aube_357472e monde c'est d'abord mon monde. Celui dont la prière du matin rappelle qu'il est "toujours recréé chaque jour avec bonté", à mon réveil. Le sommeil est une petite mort. Le monde réel a disparu dans les nimbes du rêve. Puis la lumière surgit à l'aube de mes yeux qui s'ouvrent, les brouillards du chaos nocturne se dissipent, le sol s'affermi, je me lève.
Au réveil l'homme renaît, il est comme le nouveau-né, sans péché. Les mains purifiées, il trouve un monde neuf où tout est possible. C'est le monde réel, celui que la conscience qui m'est rendue engendre.



L'automne arrive, les dernières récoltes sont entrées dans les greniers, les comptes sont faits. Le temps est comme en suspens, nous attendons la pluie nouvelle. Va-t-elle tomber et relancer le cycle de la création, ou est-ce la fin? Chaque année est une vie en soi.


Le Zohar dit qu'au moment de mourir, l'homme voit le film de toute sa vie défiler. Le dernier instant - étrange instant non suivi d'un autre - est éternité puisqu'il n'est d'autre temps réel que celui vécu. Notre temps est limité, mais il est aussi infini.
Alors, il est des images pénibles que nous ne voulons pas voir. Ce peut être l'enfer, puisqu'il est trop tard pour réparer. Et il y a d'autres images réjouissantes, paradisiaques, qui compensent. Un jugement se fait, on ne se raconte plus d'histoire! Et une confession se fait; heureusement il y a les souffrances, leur délivrance et le pardon.

Mais avant cela il y a le cycle des fins d'années et de leur renaissances, autant de Jours du Jugement et Grands Pardons qui nous sont donnés. Autant en profiter, ne pas accumuler jusqu'à fin de vie, et s'inscrire maintenant dans le grand Livre de la Vie!



Bonne année! 

30 août 2009

Israël Etat juif?



Philippe, un visiteur du blog, m'a envoyé le message suivant :


"A propos d'israel comme Etat juif



Bonjour,

je découvre votre blog avec beaucoup d'intérêt. Je voudrais vous poser une question: je comprends bien l'importance pour les juifs, de part de le monde, de préserver le judaïsme de l'Etat d'Israël et je comprends également l'inquiétude des Israéliens devant la menace que fait peser les évolutions démographique sur cet aspect. Bien qu'étant non juif, la majorité de mes amis le sont: je sais l'importance d'Israël pour eux et je ne peux envisager un instant qu'Israël ne reste pas, ad vitam eaternam, la patrie du peuple juif.

LabyrintheDans le même temps, je me pose une question "philosophique". Comment accepter de construire un Etat fondé sur une ethnie/une religion (le judaisme a ceci de particulier que la religion et l'ethnie se confondent - ce qui est probablement pour beaucoup dans les persécutions qu'à connu ce peuple) alors même que c'est cette idée même de construire un Etat fondé sur la "pureté" ethnique qui est à l'origine de la pire barbarie dont le peuple juif a souffert? N'y a t-il pas là une contradiction fondamentale?

Je n'ai pas de réponse évidente à cette question et je serai heureux de lire votre point de vue.

Merci d'avance."



J'ai répondu longuement, mais ma réponse est restée sans suite. J'aurai pu me débarrasser de la question en quelques mots: les Juifs (écrit avec une majuscule) sont un peuple historique, et non une ethnie et/ou une religion, donc ils un droit à un Etat selon le principe du droit à l'autodétermination des peuples.


Mais il est clair que pour un Français républicain - comme pour le citoyen de tout autre Etat-Nation - les citoyens juifs de son pays sont une part intégrale de sa nation, et ne peuvent donc être compris que comme une des ethnies ou religions qui la compose, et non comme une nation à part entière. Il n'y a plus guère que des antisémites pour considérer les juifs comme un vrai peuple!
J'ai donc développé ma réponse pour apporter les éclaircissements conceptuels qui s'imposent. Je la publie ici:


Le problème vient de la nature de l'Etat-Nation
Je suis d'accord sur le fait qu'il y a contradiction entre judaïsme et Etat, mais je vois cette contradiction différemment.


Je pense d'une part que le peuple juif n'est pas un mélange d'ethnie et de religion. Ces concepts n'existent pas dans le judaïsme ou la Bible, et lui sont étrangers au fond.
Pour parler en français d'aujourd'hui, je pense qu'il serait plus juste de dire que le judaïsme est originellement une sorte de république spéciale: sa constitution est la Bible, son souverain est le Créateur du monde qui lui a donné ses lois fondamentales, son territoire est la Terre d'Israël qui appartient au "Roi des rois", mais la souveraineté de ce dernier n'est pas territoriale, elle est personnelle et s'applique aux citoyens de cette république, les membres de l'Alliance (du "contrat social" juif, en grossière approximation) où qu'ils soient sur terre, chacun personnellement.


"Dieu", le souverain de la Respublica Hebraeorum (pour reprendre l'expression consacrée par Bertram, Cunaeus, Althusius, Grotius, Selden et autres théoriciens politiques des débuts de la Réforme), est roi au sens politique aussi du terme: le judaïsme n'est pas une religion, ou pas qu'une religion. La Bible est la première à avoir séparé les pouvoirs des prêtres de celui du roi. Contrairement à ce que l'on croit généralement, les rabbins sont des laïcs, à la différence des prêtres (cohanim) qui n'ont plus de fonction depuis la destruction du temple. Elle a institué il y a 3000 ans l'idée même de citoyenneté égale devant la loi, les droits égaux pour l'étranger, la conscription nationale, l'impôt égal pour tous, la réforme agraire (partage de la terre sous Josué), la protection sociale (de l'étranger, la veuve, l'orphelin, la lutte contre la pauvreté), etc. Voir Pentatheuque.


Tout homme, de quelque origine qu'il soit, peut rejoindre le peuple juif par naturalisation (plutôt que par "conversion"), en reconnaissant le Souverain et en entrant dans son Alliance-contrat, donc les juifs ne forment pas une ethnie. Nous sommes d'ailleurs probablement majoritairement descendants d'étrangers "naturalisés juifs" plutôt que d'hébreux d'origine.


Il faut dire aussi que la Terre d'Israël n'est pas une "terre-mère", une "mère-patrie"; la terre-mère des Hébreux, c'est l'Egypte. Ceux-ci sont un peuple adulte et émancipé, une nation douée d'une constitution, AVANT de conquérir leur Promise, la terre-femme de Canaan. C'est le cas aussi des Juifs d'aujourd'hui qui existaient en tant que peuple longtemps avant la création de leur Etat. C'est pour cette raison qu'ils ont pu survivre en exil, sans territoire propre, installés dans l'Etat portable produit par les institutions et lois talmudiques.


Pour les nations païennes antiques, la terre est terre-mère, elles sont "autochtones", nées du sol, produites par la nature qui les domine et les soumet au déterminisme de sa loi. Le peuple vit en symbiose avec sa terre, nourrisson accroché à son sein, et disparaitra si celle-ci lui est retirée.
Le problème est que politiquement parlant, l'Etat-Nation moderne a largement gardé cette même identité païenne. Son territoire est une mère-patrie, sa matrice aux sillons abreuvés unit tous les citoyens - quelque soit leur ethnie d'origine - par le droit du sol, en un seul peuple "enfant de la patrie", et en une même égalité. Le problème aussi est que ce peuple détient la souveraineté; deux rois ne peuvent partager une même couronne, il ne peut donc y avoir deux peuples dans un seul Etat-Nation: il est impossible d'être Juif ou Arabe en France ou ailleurs, au sens national et politique du terme. Le Juif ou l'Arabe sont sommés de devenir des membres du Peuple Français, de la Nation Française, des "français musulmans" ou des "français israélites". Pas la moindre tolérance pour quelque nation étrangère sur le sol de l'Etat. Pas question de donner les mêmes droits à l'étranger - en tant que tel - et au citoyen - contrairement au commandement biblique. Les Droits de l'Homme, c'est pour le citoyen!


Nous pouvons déjà dire: qu'est-ce que l'Etat juif? C'est l'Etat où l'étranger est chez lui en tant qu'étranger.


En exil pendant des siècles et sous l'Ancien Régime, les Juifs ont vécus dans des communautés qui jouissaient d'une autonomie juridique entière, et d'une quasi-autonomie politique en tant que vassaux reconnus du roi étranger. Toutes les communautés juives du monde vivaient cette même situation extra-territoriale, et étaient administrées selon la même législation talmudique. Ils étaient des étrangers discriminés, certes, mais reconnus en tant que Nation, pourvu de lettres patentes,  et tolérés sur le sol du royaume, entre deux expulsions parfois, il est vrai.


L'Etat-Nation inventé par la révolution française et promu par Napoléon a détruit cet équilibre. L'identité nationale juive a alors éclaté entre religion "israélite" et nationalisme politique sioniste. Puis l'Etat-total hitlérien a complété cette destruction spirituelle par une destruction physique.


L'Etat d'Israël, construit en imitation du modèle de l'Etat-Nation européen par des Juifs assimilés qui avaient perdu le sens de leur propre identité, a reproduit le problème qui lui a donné le jour: tout comme la Révolution a "donné tout aux juifs en tant que citoyens et rien en tant que Nation", l'Etat d'Israël donne tout - en principe - aux "arabes israéliens" en tant que citoyens égaux, mais rien en tant que collectif national.
Les Arabes d'Israël ressentent aujourd'hui ce que les Juifs européens ressentaient jadis: ils n'ont pas de place dans l'Etat où ils vivent, leur peuple n'y est pas reconnu.
Mais les Arabes-palestiniens israéliens ne sont pas des étrangers immigrés comme les maghrébins en France ou les timides juifs de diaspora. Ils se considèrent comme les propriétaires authentiques de la terre et ne se laisseront pas soumettre encore longtemps...


Le problème supplémentaire est que la nature de l'identité juive interdit la fusion des peuples juif et palestinien en une seule nation israélienne, sur le modèle à la française. Les Palestiniens d'Israël non plus ne voudraient pas disparaître au sein d'un hypothétique "peuple israélien".
Mais la nature de l'Etat-Nation démocratique interdit la coexistence de deux peuples sur un même territoire! Le peuple majoritaire - les juifs - craint tout le temps de perdre le pouvoir et fait tout pour empêcher la minorité "ethnique" de se renforcer. C'est le fameux "problème démographique" qui conduit à une discrimination dans les faits, malgré l'égalité sur le papier. Il ne faut pas y voir - malgré les apparences parfois - une discrimination raciste délibérée: c'est une discrimination POLITIQUE, qui est inévitable dans le sytème de l'Etat-Nation démocratique et territorial du peuple juif, malgré toute la bonne volonté des juifs israéliens eux-mêmes.
Lorsque j'explique à des Arabes-palestiniens "de l'intérieur" (comme ils se nomment eux-mêmes) que, certes, les citoyens français d'origine arabe ne sont pas discriminés (quoique...), mais que les "petits beurres" nés en France ne savent plus parler arabe, et ne connaissent pratiquement rien à leur religion, ils sont très choqués. Les arabes israéliens jouissent d'une autonomie éducative, culturelle et religieuse entière en Israël, et la négation de l'identité culturo-nationale arabe et musulmane qui règne en France leur apparaît comme un crime et une humiliation bien plus grave que ce qu'ils vivent en Israël: essentiellement un blocage relatif de leur promotion au sein de l'élite politique et économique de l'Etat, avec ses conséquences au niveau local.
Cette situation est moralement inacceptable et dangereuse à terme. Mais ce n'est pas du nazisme, il ne faut pas tout confondre même si certains en ont très envie!
Même Lieberman, le ministre de Netanyahou qui est démonisé en France comme fasciste d'extrême droite et "Le Pen israélien", ne peut être dit raciste; il n'a jamais eu l'intention qu'on lui prête d'expulser les arabes israéliens. Il souhaite une solution de type balkanique (peut-être l'influence de ses origines Moldaves): modifier le tracé de la frontière pour que des villages arabes de Galilée soient rattachés au futur Etat palestinien, ce qui repousserait pour un temps - sans le résoudre - le "problème démographique".


Quant à la situation intenable des Palestiniens dans les territoires contrôlés par l'armée israélienne à la suite de la guerre des six jours, c'est du provisoire improvisé qui dure depuis 1967 et qui pourrit de plus en plus. Le statut de ces territoires est la résultante de l'impossibilité pour Israël de les annexer sans devenir un Etat binational, ni de s'en défaire au profit d'un Etat palestinien qui refuse de naître, ni de s'en désinteresser à cause des attaques menées contre ses civils depuis leur base. Cette situation de non-droit et de vide politique a été rapidement comblée par des implantations juives et des milices armées palestiniennes. La situation est explosive, les colons israéliens se retranchent pour tenir le terrain. C'est une guerre larvée, cela n'a rien à voir avec l'Apartheid! N'oublions pas qu'il n'y avait ni mur, ni barrages, ni routes de contournement avant l'intifada.


Le fait que l'identité juive n'ait toujours pas trouvé son expression politique est le fond du problème. Grâce à elle, si l'on peut dire, se révèle l'intolérance radicale de l'Etat Nation - même démocratique - envers l'Etranger. Là où comme en France citoyenneté et nationalité se confondent, où l'identité nationale des minorités n'est pas reconnue, le problème reste occulté.
Dans le cadre de l'Etat Nation à la française qu'est Israël, l'identité juive se fait identité ethnico-religieuse, ce qu'elle n'est pas en réalité. La démocratie israélienne - comme celle d'autres pays à minorités autochtones importantes - a pris forme de démocratie ethnique: il y a rupture entre nationalité et citoyenneté, et la démocratie est amenée à avantager la majorité nationale au détriment des minorités nationales.


Quelle solution alors?
J'en suis arrivé à élaborer une solution politique originale. C'était inévitable: à problème unique, solution unique.


La solution des "deux Etats" ne résoudra pas le problème interne d'Israël Etat-juif et des Arabes de l'intérieur appelé "israéliens", c'est-à-dire "juifs" selon le sens véritable du nom "Israël".
Et puis les deux populations sont aujourd'hui beaucoup trop intriquées et interdépendantes pour survivre à une opération de séparation chirurgicale. D'ailleurs les Palestiniens, par la voix du Hamas, ont dit non à cette solution. 
Quant à l'Etat palestinien, s'il n'est pas rattaché à Israël d'une façon ou d'une autre, il ne sera jamais plus qu'un Bantoustan invivable. Et puis a-t-on jamais vu un mouvement nationaliste être prêt à partager sa patrie? Il est impossible que le futur Etat palestinien ne devienne à terme la base d'une reconquête du reste de la Palestine. C'est déjà le cas de la Bande de Gaza! Et Israël ne pourra que renforcer l'enfermement explosif des territoires...


La solution à un seul Etat est également impossible puisque aucun des deux peuples ne veut disparaître pour en former un troisième.
Impossibles à séparer, et impossibles à fusionner, c'est l'équation qui n'a pour solution qu'une alliance dans le respect de l'identité de chacun.


Le fait que les deux souverainetés nationales-territoriales israélienne et palestinienne aient leur légitimité et s'excluent mutuellement montre la voie: il faut que les deux peuples renoncent réciproquement à leurarabHebJer souveraineté territoriale respective au profit d'un souverain commun supra-national.
Nous aurons ainsi une sorte particulière de fédération à trois Etats: deux Etats-Nation indépendants mais non souverains sur le territoire, coiffés par un Etat fédéral territorial, pure expression de la souveraineté du droit, qui traitera des affaires communes aux deux peuples. Il sera fondé sur une constitution qui garantira l'indépendance et l'autonomie de chaque peuple et interdira à chacun des peuples de dominer l'autre. Chaque citoyen s'engagera personnellement à la respecter et jouira d'une double citoyenneté, nationale et fédérale.

Ainsi sera neutralisé le poison du nationalisme.
Chacune des deux nations aura son parlement qui légifèrera sur ses citoyens à titre personnel et non territorial. Ceux-ci pourront en principe habiter où ils veulent sans provoquer de problème démographique puisqu'ils ne voteront que pour leur propre gouvernement. L'administration devra être très décentralisée, sur la base d'une démocratie communautaire accordant une large autonomie aux collectivités locales. Celles-ci pourront choisir de maintenir un statu-quo de caractère national ou religieux, ou de permettre un développement mixte. En fait, la réalité sociologique sur le terrain est déjà bien proche de cela.


Les parlements nationaux et communautés ethniques (Druzes, Circassiens, Chrétiens arabes, etc.) enverront des délégués au parlement fédéral sur une base paritaire. Les délégués de chaque peuple seront choisis par les deux parlements conjointement (ou directement par tous les citoyens de la fédération) afin que des hommes soucieux de l'intérêt général, sachant s'élever au-dessus des intérêts nationaux étroits, soient choisis.
Le rôle de ce parlement non-national sera de veiller à un partage équitable des terres, des ressources naturelles du territoire et de ses infrastructures communes, ainsi que d'assurer la défense des frontières extérieures. Il gèrera les domaines communs: réseaux de transports et d'énergie, environnement, aménagement du territoire. Il devra limiter les disparités économiques et sociales entre les deux peuples. Il n'y aura de propriété de la terre que privée.
Toute loi fédérale acceptée d'abord par les deux parlements nationaux sera automatiquement paraphée par le parlement fédéral commun. En cas de désaccord, celui-ci tranchera selon une majorité qualifiée.


Les forces de défense de la fédération devraient idéalement être composées de soldats des deux peuples. Des soldats arabes, bédouins et druzes, servent déjà présentement dans Tsahal. Mais aujourd'hui la situation sécuritaire n'est pas symétrique: étant donné qu'Israël est entouré de pays arabes et que les Palestiniens d'Israël se disent solidaires de leurs frères arabes en premier lieu, la direction de l'armée devrait rester dans un premier temps aux mains des Juifs. Lorsque traités de paix et alliances militaires seront établis entre la fédération israélo-palestinienne et les pays arabes et musulmans, il n'y aura plus d'obstacle à ce que la direction de l'armée et des services de sécurité devienne elle-aussi paritaire.


Cette solution peut être mise en œuvre dès maintenant à l'intérieur de l'Etat d'Israël actuel, avec les Arabes israéliens. Lorsque j'ai découvert que des juristes palestiniens d'Israël sont eux-aussi arrivés indépendamment à pratiquement la même conclusion, je n'ai plus eu le moindre doute sur sa validité (voir la proposition de l'association Adalah). Il est probable que les Juifs feront plus de problèmes, croyant qu'ils ont plus à perdre...
Le rattachement de l'Autorité palestinienne ne devrait pas présenter trop de problèmes. La réussite de la fédération et les avantages considérables qu'elle apportera à ses citoyens devrait finir par isoler les extrémistes islamistes et venir à bout de l'opposition du Hamas.


Etant donné que le détestable problème démographique aura disparu, le droit au retour des réfugiés palestiniens et leurs descendants pourra être appliqué tout comme la loi du retour israélienne l'est pour les Juifs. Chaque nouvel immigrant devra s'engager à respecter la constitution qui défend l'indépendance de chaque nationalité. Celui qui ne reconnait pas le droit de l'autre n'aura pas sa place: pas de tolérance envers les intolérants!
Cet apport de population ne fera alors que renforcer le pays, contrairement à la situation actuelle où chacun craint les progrès de l'autre.


Les conflits éventuels entre les nationalités seront un problème interne à la fédération, et donc pris en charge par la police et les tribunaux fédéraux. En parallèle existeront des polices nationales et municipales qui assureront l'ordre de chaque groupe en lui-même et par lui-même.


La parité arabe/juive devrait garantir l'application du principe de réciprocité, fondement de la justice: ne fait point à autrui ce que tu détestes pour toi-même. C'est là toute la Torah selon le grand Hillel!

OldArabJewJérusalem jouira d'un statut spécial comme capitale fédérale, et l'on pourra alors dire: "La Tora sortira de Sion et la parole de l'Eternel de Jérusalem".
Nous aurons alors peut-être le privilège de voir se réaliser la prophétie selon laquelle toutes les Nations monteront à Jérusalem pour étudier son exemple de paix et de justice.


De fait, cette nécessaire solution politique fédérale peut être interprétée en termes religieux communs aux Enfants d'Abraham. C'est ce terreau et cet idéal commun qui la rendra possible et lui fournira l'énergie nécessaire: le souverain supranational n'est autre par nature que le Souverain du Monde révéré par les trois religions monothéistes.
La fédération des nations n'est rien d'autre qu'un nouveau visage de l'Alliance, à l'image du régime politique des tribus hébreues fédérées sous Moïse, et des tribus arabes sous Mahomet. Cette alliance des peuples d'Israël-Palestine peut être comprise comme un début de réalisation de la souveraineté du Souverain du monde, ribono shel olam, rab al alamin. Rien n'interdira que cette alliance des tribus monothéistes ne s'étende ensuite au reste des nations du monde. C'est le but que désirent chacun des trois enfants d'Abraham, chacun jaloux d'être celui qui va l'atteindre en premier.
Mais voilà, le conflit et sa solution à Jérusalem nous disent qu'ils devront l'atteindre ensemble, en faisant place chacun l'un à l'autre
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En seront-ils capables? Ce pourrait être leur Jugement Dernier...








Jérusalem est duelle. L'unité est au-delà, à construire ensemble

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